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La Toussaint, une manière de renouer avec les ancêtres

Pour de nombreux croyants, la tradition de la Toussaint doit être respectée. Nous devons nous souvenir des défunts et de leur vie. Pour Madame Pavilla, âgée de 92 ans, c’est le seul moyen de renouer avec sa mère.

A 7 heures du matin ce jeudi 31 octobre, Madame Z. Pavilla, âgée de 92 ans, a quitté son domicile de La Trinité. Elle comptait prendre le bus en direction du cimetière de Macouba pour nettoyer le caveau familial.

Elle voulait surtout honorer sa mère qui lui a demandé “pour ne pas l’oublier au cimetière.”

La veille, Madame Pavilla a rêvé de sa mère.

Il était primordial qu’elle se rende à Macouba, sa ville natale où la vie était autrefois si dure.

Madame Pavilla marchait seule sur la route, d’un pas décidé. Vêtue de noir et blanc, elle portait un sac en plastique qui contenait une brosse, un chiffon et des bougies.

Malgré son genou douloureux, elle se tient bien. Deux bus sont passés sans s’arrêter pour elle.

Alors qu’elle s’apprêtait à rentrer chez elle sans avoir accompli sa mission, un bon Samaritain lui proposa de la déposer jusqu’à Macouba.

Elle n’a pas hésité. Même si son entourage lui disait que quelqu’un d’autre allait s’occuper du nettoyage du coffre-fort. Elle voulait le voir de ses propres yeux.

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Les tombes nettoyées du cimetière de Macouba.

©Caroline Popovic

Dans la petite commune du Nord, le cimetière situé derrière l’ancienne église était déjà en pleine activité. On nettoie, on change les fleurs et on applique une nouvelle couche de peinture blanche. L’odeur de l’eau de Javel emplit l’air.

Le caveau de la famille Pavilla n’avait pas été nettoyé depuis un moment. Des toiles d’araignées pendaient au-dessus de la voûte. Les carreaux étaient très sales.

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Pavilla voûtée familiale avant nettoyage.

©Caroline Popovic

Madame Pavilla trouva de l’eau et un balai. Elle a tout nettoyé.

Elle pensait beaucoup plus intensément à sa mère et aux autres proches enterrés dans le caveau. Son cœur était lourd. Elle ressentait de la tristesse. Au cimetière, elle sentait une présence.

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Mme Z. Pavilla nettoie le caveau familial au cimetière de Macouba.

©Caroline Popovic

Pour elle, nettoyer le caveau est un acte d’amour, un devoir de mémoire, une reconnaissance dedieuxun moment pour renouer avec le défunt.

La météo était exceptionnellement clémente au cimetière de Macouba, ce qui a surpris tout le monde. Normalement, il pleut beaucoup le jour du nettoyage des tombes.

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Le cimetière de Macouba.

©Caroline Popovic

Les nouvelles fleurs égayèrent le cimetière. Certains plaisantaient sur le fait que Saint Basile était capable de déclencher des morts en série lorsqu’il annonçait son arrivée dans une commune.

Selon les traditions funéraires des Antilles, saint Basile repart avec les morts. Il aurait même une liste de noms des personnes qu’il venait chercher.

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Détail d’une chapelle du cimetière de Macouba.

©Caroline Popovic

Avant de partir pour La Trinité, Madame Pavilla a pris soin d’allumer des bougies dans le caveau familial. Bien entendu, c’est prématuré. Nous allumons les bougies le 1er novembre. Mais elle ne sait pas si elle pourra se rendre au cimetière de Macouba pour participer à la tradition de la Toussaint.

Elle a fait de son mieux pour respecter les souhaits de sa mère et ne pas l’abandonner.

Au retour, elle passa devant l’église de Basse-Pointe et fit le signe de croix.

 
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