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Pyongyang fait sauter les routes reliant le Sud

[Article publié le mardi 15 octobre 2024 à 10h02, mis à jour à 16h31] Il s’agit d’un geste symbolique qui illustre le durcissement de la politique de la Corée du Nord à l’égard de son voisin du sud. Ce mardi, l’armée nord-coréenne ” faire sauter des parties des routes de Gyeongui et de Donghae au nord de la ligne de démarcation militaire », nom officiel de la frontière intercoréenne, ont rapporté les chefs d’état-major interarmées sud-coréens. L’armée sud-coréenne a ensuite diffusé des vidéos montrant les forces du Nord faisant exploser des tronçons de ces deux routes, ainsi que des excavatrices travaillant sur la première d’entre elles.

Toutefois, ce n’est pas une surprise. Le 9 octobre, Pyongyang a prévenu qu’il allait réduire ” certainement ” les axes routiers et ferroviaires reliant les deux pays. Objectif : construire «des structures défensives solides» le long de la frontière. Les services de renseignement sud-coréens avaient également indiqué en juin que des opérations de démantèlement d’un tronçon de voie ferrée avaient commencé du côté nord.

Cela ne change toutefois rien en pratique pour les deux voisins, leur frontière étant déjà totalement fermée. Depuis la fin de la guerre en 1953, les deux routes et les deux lignes ferroviaires qui les reliaient n’ont été rouvertes que lors de brèves périodes de relâchement.

Il n’en reste pas moins qu’en réponse à ces destructions, les forces sud-coréennes ont procédé ce mardi “Réponse au feu” sur leur propre territoire, a prévenu son état-major. Sans plus de précisions pour le moment. Le ministère sud-coréen de l’Unification a également dénoncé une provocation “extrêmement anormal”soulignant que Séoul avait largement financé la construction des routes. « La Corée du Nord est toujours tenue de rembourser » il a ajouté.

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La Corée soutenue par la Russie et la Chine

Face à cette montée des tensions, le Kremlin a souligné que l’accord de défense mutuelle Russie-Corée du Nord, signé en juin par le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant Kim Jong Un, était « claire ». « Le libellé du traité ne nécessite aucune clarification », a coupé court Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe, interrogé sur la possibilité d’une implication de la Russie en cas de conflit armé ouvert entre les deux Corées. Pour rappel, ce traité prévoit, dans son article 4, « assistance militaire immédiate » en cas d’attaque armée.

Par la suite, l’un des vice-ministres russes des Affaires étrangères, Andrei Rudenko, a accusé les Sud-Coréens de « une provocation qui compromet gravement la stabilité de la péninsule et aggrave les tensions ». Ce responsable a décrit l’escalade en cours comme « développement très dangereux ». “Nous pensons qu’il est temps d’y mettre un terme.”» a-t-il déclaré, cité par les agences de presse russes.

La Corée du Nord a également reçu mardi le soutien de la Chine, son principal soutien diplomatique et économique. Pékin a dénoncé “des tensions dans la péninsule (qui) vont à l’encontre des intérêts communs de toutes les parties”, selon Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, interrogé sur le sujet lors d’un point de presse régulier. « La priorité absolue est d’éviter une nouvelle escalade » se souvient-elle.

“Action militaire” en préparation ?

Par ailleurs, cette destruction de voies inutilisées intervient au lendemain d’une rencontre entre Kim Jong Un et les plus hauts responsables militaires du pays, notamment le chef de l’armée, et les ministres de la Sécurité nationale et de la Défense, selon l’agence de presse officielle nord-coréenne. KCNA. Une rencontre au cours de laquelle le dirigeant nord-coréen aurait défini les lignes d’un « action militaire immédiate » et “a indiqué les tâches importantes à accomplir dans le cadre de la dissuasion de guerre et de l’exercice du droit de légitime défense”.

Cette réunion s’est tenue alors que le régime nord-coréen se plaint de plusieurs vols de drones qui, selon lui, auraient largué des tracts de propagande remplis de « des rumeurs incendiaires et des absurdités ». Il accuse évidemment Séoul d’en être responsable : les spéculations locales pointent vers des groupes militants en Corée du Sud qui ont l’habitude d’envoyer de la propagande et des dollars au Nord, généralement par ballon mais aussi parfois sous forme d’aide. de petits drones difficiles à détecter. Pyongyang a également prévenu dimanche qu’un drone supplémentaire serait envisagé. « une déclaration de guerre ».

Le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Yong-hyun, a d’abord nié que son pays soit à l’origine de cette initiative. Avant une mise à jour des chefs d’état-major interarmées sud-coréens, qui ont déclaré “Incapable de confirmer si les allégations nord-coréennes étaient vraies ou non.”

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Après cette réunion de lundi en tout cas, « L’attention se porte sur la question de savoir si la Corée du Nord réagira en envoyant des drones au Sud ou si elle prendra des mesures énergiques si des drones infiltrent à nouveau son territoire. »explique Cheong Seong-chang, chercheur à l’Institut Sejong, à l’AFP.

« La Corée du Nord risque de se livrer à des provocations majeures le long de la frontière si les infiltrations de drones se répètent »il prévient.

Une péninsule déchirée depuis 70 ans

La Corée du Nord n’est cependant pas en reste. Depuis mai, elle a envoyé vers le sud des milliers de ballons chargés d’ordures et d’excréments d’animaux. Et ce ne sont là que quelques exemples d’actions de provocation et de représailles respectives.

Techniquement, les deux Corées sont toujours en guerre, leur conflit de 1953 s’étant soldé par un armistice et non par un traité de paix. Dans leurs Constitutions respectives, chacun revendique la souveraineté sur l’ensemble de la péninsule coréenne et considère l’autre comme une entité illégale. À tel point que, depuis plus de 70 ans, les deux territoires connaissent une alternance de relative détente et de périodes d’aggravation des tensions. Comme maintenant.

Les relations entre les deux voisins se sont particulièrement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir à Séoul en 2022 du président conservateur Yoon Suk Yeol, partisan d’une politique ferme envers le Nord et d’un renforcement de l’alliance militaire. avec les États-Unis et le Japon. Les trois alliés mènent régulièrement des exercices militaires conjoints que Pyongyang considère comme des répétitions générales en vue d’une invasion du Nord. À tel point que Kim Jong Un a désigné la Corée du Sud comme son pays. « ennemi principal » au début de l’année, il ordonna alors la dissolution de toutes les institutions responsables des relations avec Séoul et menaça d’entrer en guerre pour toute violation de son territoire. “ne serait-ce que de 0,001 millimètre”.

(Avec l’AFP)

 
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