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Casques bleus au Liban entre les fronts : Israël attaque la Unifil

Lors de son offensive terrestre au Liban, l’armée israélienne a blessé plusieurs soldats de la force de maintien de la paix de la Finul. Le Premier ministre Netanyahu appelle les troupes à se retirer. Mais les soldats de l’ONU refusent.

Des soldats de la Finul en patrouille dans le sud du Liban. Cette force a été attaquée à plusieurs reprises par Israël ces derniers temps.

Aziz Taher / Reuters

Le Sud Liban est quasiment désert. Car ici, l’armée israélienne et le Hezbollah s’affrontent de plus en plus violemment. Les bombes et les grenades tombent sur les campagnes et les soldats israéliens opèrent désormais dans les villages. La plupart des habitants ont tourné le dos aux collines et aux vallées situées à la frontière avec Israël et ont fui vers le nord.

Seuls quelques-uns, qui ne sont pas impliqués dans les combats, résistent malgré les bombardements constants dans le sud du Liban. Il s’agit notamment d’environ 10 000 soldats casques bleus de la Unifil – la mission d’observation des Nations Unies au Liban. Les soldats de la troupe, dont les membres viennent de plus de quarante pays et dont les jeeps et les véhicules blindés de transport de troupes peints en blanc font partie du paysage depuis des décennies. Ils restent assis dans leurs bases malgré les bombardements quotidiens.

Mais les choses se compliquent désormais pour les troupes de l’ONU. Elle se retrouve à plusieurs reprises dans la ligne de mire israélienne. Deux Indonésiens tombent d’abord de la tour de guet à cause des tirs israéliens et sont blessés, puis plusieurs soldats de la paix se retrouvent à l’hôpital inhalés par la fumée. L’incident le plus grave à ce jour s’est produit tôt dimanche matin. Deux chars israéliens sont entrés dans une base de la Finul et n’en sont pas repartis pendant 45 minutes.

La Finil est depuis longtemps une épine dans le pied d’Israël

Les dirigeants de la Finul ont critiqué dans un communiqué le caractère inacceptable des attaques et leur violation du droit international. « Nous exigeons une explication immédiate de la part de l’armée israélienne pour ces violations choquantes », indique le communiqué. Cette force est également soutenue par des États européens comme l’Italie et la , qui ont eux-mêmes des soldats stationnés dans le sud du Liban, et même par le pape François, qui a appelé à protéger cette force.

Israël a annoncé qu’il enquêterait sur certains de ces incidents. Les dirigeants militaires et politiques israéliens sont également passés à l’offensive. L’armée a accusé la Finfil de tolérer les positions du Hezbollah à proximité de ses bases. Dans le courant de la journée de dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a finalement pris la parole, accusant rapidement la Unifil de servir de bouclier protecteur au Hezbollah. Il a demandé aux troupes de quitter leurs positions et de partir.

La Unifil, présente dans le sud du Liban depuis 1978, a longtemps été une épine dans le pied des Israéliens. Ils critiquent le fait que la Unifil ne prend pas suffisamment de mesures contre le Hezbollah. Ces voix sont devenues plus fortes depuis que les milices chiites ont lancé une guerre frontalière contre Israël en octobre dernier. Même avant la guerre, les casques bleus avaient à peine réussi à arrêter les actions du Hezbollah.

Manque de volonté et mandat faible

Mais cela aurait en fait été leur travail. Après la dernière guerre entre le Hezbollah et Israël en 2006, la force a été chargée de surveiller la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour y parvenir, l’effectif de la Finil a été augmenté de 2 000 à plus de 10 000 hommes. La résolution stipulait, entre autres, que les combattants du Hezbollah se retiraient vers le nord, derrière le fleuve Litani, et étaient désarmés. Ni l’un ni l’autre ne s’est produit.

Le mandat de la Finul auprès de l’ONU est trop faible pour cela, dans la mesure où l’armée libanaise est la principale responsable de la mise en œuvre de la résolution. La Unifil a uniquement pour objectif de les soutenir à cet égard. Les casques bleus travaillent donc en étroite collaboration avec les forces armées de Beyrouth, jugées faibles. Le fait que le Hezbollah ait réussi à étendre ses positions dans le sud du Liban après 2006 est également dû au manque de volonté et d’opportunités des Libanais.

Pendant ce temps, les soldats de l’ONU se concentrent sur d’autres tâches. Ils surveillent et signalent les violations des frontières, organisent des convois d’aide, s’occupent des réfugiés fuyant la région frontalière contestée et créent des emplois dans cette zone économiquement faible en employant des populations locales dans leurs bases. Avant la guerre, ils organisaient également des réunions régulières entre officiers militaires israéliens et libanais pour désamorcer les situations de crise.

Les Casques bleus veulent rester

Les Casques bleus n’ont pas seulement affronté les Israéliens. La partie libanaise a également accusé à plusieurs reprises la force de maintien de la paix d’être inefficace ou de servir des intérêts étrangers. En 2022, une patrouille de soldats irlandais de l’ONU a été prise dans une embuscade dans le sud du Liban et attaquée par une foule en colère. L’un des Irlandais a été tué.

Depuis le début de l’offensive terrestre israélienne, les unités de la Finul peinent à remplir leur mission en raison des tirs nourris. En outre, ils subissent de plein fouet le conflit entre Israël et les Nations Unies, qui a récemment culminé lorsque le gouvernement de Netanyahu a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, persona non grata.

Les Casques bleus ne veulent toujours pas abandonner leurs positions au Sud-Liban. La Unifil a pris cette décision à l’unanimité, a déclaré son porte-parole Andrea Tenenti dans un récent entretien à l’agence de presse AFP. « Il est important que le drapeau de l’ONU continue de flotter dans cette région et que nous puissions continuer à faire rapport au Conseil de sécurité de l’ONU à l’avenir. »

 
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