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VIDÉO. « Samuel vient peut-être d’être tué »… Comment la sœur de Samuel Paty a appris la mort de son frère dans un attentat islamiste

Quatre ans après la mort du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, sa sœur, Mickaëlle, se bat pour garder vivante sa mémoire et souhaite que « la mort de son frère serve à quelque chose ».

Ce mercredi 16 octobre, cela fera quatre ans que Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, a été poignardé à mort par un jeune homme de 18 ans, de d’origine tchétchène qui l’accusait d’avoir blasphémé lors d’un cours de morale et de civisme sur la liberté d’expression où il avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet tirées du journal satirique Charlie Hebdo.

Ce dimanche soir, sa sœur, Mickaëlle Paty, a témoigné dans l’émission de TF1, “Sept à quatre”. Infirmière anesthésiste, elle était en salle d’opération lorsque son frère a été assassiné, a-t-elle raconté à la journaliste Audrey Crespo-Mara.

C’est par un message de sa mère qu’elle a été informée du drame. “Samuel vient peut-être d’être tué devant son école, rappelle-moi”, disait le message.

« Je l’ai rappelée, j’entendais mon père pleurer derrière. Elle m’a dit que les journaux parlaient d’un certain Samuel P., professeur au collège du Bois d’Aulne, qui avait été tué par un islamiste. On lui a dit de lui couper la tête”, a raconté sa mère à Mickaëlle Paty.

“Jusqu’au bout, je n’ai pas voulu y croire”

La cadette de Samuel, 5 ans, elle était présente lorsque les parents du professeur assassiné ont reconnu le corps. « Ils avaient tiré le drap blanc autour de son cou pour cacher les marques de la décapitation. Jusqu’au bout, je ne voulais pas croire que c’était lui, qu’il y avait une erreur”, a témoigné sa sœur.

“Il avait des plaies sur tout le visage.” “Ils l’ont massacré” a crié sa mère et Mickaëlle Paty a dû “se résoudre à se dire que c’était lui”.

Depuis 4 ans Mickaëlle Paty se bat pour garder vivante la mémoire de son frère Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité par un terroriste islamiste, le 16 octobre 2020.
Elle sera dans « Le Portrait de la semaine » de@audrey_crespo à 19h20 sur TF1pic.twitter.com/3uizbEKnlw

– TF1Info (@TF1Info)

Après le choc de la mort, Mickaëlle Paty compte bien garder vivant le souvenir de son frère. “Je dois réussir à le maintenir en vie par tous les moyens.” Mercredi, elle sortira un livre avant d’être l’une des protagonistes d’un documentaire diffusé sur C8 le 18 octobre.

« Pas un militant pour la laïcité »

Pour son livre, et à un mois du procès des adultes impliqués dans la mort de son frère, elle s’est plongée dans les minutes pour tenter de comprendre. Et elle a retracé les 11 jours durant lesquels son frère a été pris dans une spirale qui s’avérera fatale le 16 octobre 2020.

Et la sœur de Samuel Paty démonte une idée reçue. « Ce n’était pas un militant pour la laïcité. Il s’intéressait beaucoup à la liberté d’expression mais pour la laïcité, il pensait qu’on ne naissait pas avec, qu’on devenait laïc avec le temps. D’un autre côté, il avait une foi en l’école profondément ancrée dans son corps. « Il avait une prédilection pour le collège car, pour lui, c’était l’âge où l’on peut le plus faire pour que les élèves éveillent leur esprit critique. Il en était très fier.

En revanche, Mickaëlle Paty pense que l’Éducation nationale n’a pas eu confiance en son frère, elle qui a porté plainte contre l’État en juillet dernier pour que sa responsabilité soit reconnue dans l’assassinat de son frère.

Et Mickaëlle Paty a assuré que son frère pensait que “sa sécurité était assurée” alors que le père d’un élève avait “symboliquement demandé sa tête en appelant à des sanctions sur les réseaux sociaux”. “Il avait l’impression que tout avait été mis en place pour assurer sa sécurité” après l’émoi provoqué par cet étudiant qui l’accusait de l’avoir forcé à regarder des caricatures de Mahomet.

Un marteau dans le sac… « l’arme du désespoir »

«Cet élève n’a pas suivi de cours consacrés à la liberté d’expression», rappelle aujourd’hui Mickaëlle Paty. « Le week-end précédant son décès, il a reçu des mails collectifs de deux collègues qui se désolidarisent de la démarche de Samuel. Il leur a répondu et a remis le contexte en expliquant que cet élève parlait d’un fait qui n’existait pas. “Il a conclu en disant qu’il était menacé par des islamistes locaux.”

Ces derniers jours, Samuel Paty est venu au lycée avec un marteau dans son sac. « L’arme du désespoir pour sa sœur ».

Ce vendredi 16 octobre 2020, Samuel Paty a demandé à un collègue de le raccompagner chez lui mais ce dernier, « qui se sent mal », a refusé. C’est donc en partant à pied que Samuel Paty a été assassiné devant l’école de « 17 coups de couteau dont un qui lui a traversé tout le corps ». “Mais son plan macabre était de décapiter mon frère.”

Aujourd’hui, Mickaëlle Paty va à l’école car mon frère disait, de son vivant, qu’il voulait que « sa vie et sa mort servent un but ». “C’est répondre à ses dernières volontés”, a-t-elle déclaré en conclusion de l’entretien exclusif diffusé par TF1. “Je le remplace un peu pour former les citoyens.”

Un hommage ce lundi

Ce lundi, l’Éducation nationale a décidé de laisser le choix aux enseignants d’observer une minute de silence en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard, professeur de français assassiné à Arras le 13 octobre 2023. « Une fois de plus, on a laissé tranquilles les enseignants. L’Éducation nationale n’assume pas ses responsabilités. L’Éducation nationale a conclu son enquête interne sur la mort de Samuel Paty en assurant « que personne n’avait failli ». “Ils ont donné à mon frère un air naïf, ce qui n’était absolument pas le cas.”

 
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