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Doliprane, dossier explosif

La future vente d’Opella par Sanofi, révélée il y a tout juste un an par le groupe pharmaceutique français, avait dès le premier jour tous les atouts d’un sujet inflammable. Annoncée le 10 octobre, la cession de 50% du capital de cette filiale spécialisée dans les médicaments grand public, avec une centaine de marques en portefeuille (le fameux Doliprane, forme de paracétamol la plus consommée en , mais aussi Dulcolax, Lysopaïne ou Maalox ), était néanmoins justifiée en termes de stratégie industrielle. La plupart des grands laboratoires mondiaux, dont GSK ou Johnson & Johnson, l’ont déjà mis en œuvre, pour concentrer leurs efforts d’investissement sur le développement de molécules innovantes.

Mais cette décision concerne l’avenir d’une entreprise de 11 000 salariés, dont 950 en France, qui exploite deux sites industriels à Lisieux et Compiègne, le premier uniquement dédié à la production de Doliprane. Elle risquait donc de susciter l’incompréhension, voire le rejet, de la part de l’opinion publique et de certains décideurs politiques. Cela ne manquait pas. Selon une personne proche de l’opération, plusieurs facteurs distincts expliquent la colère (lire la chronique des députés PS ci-dessous) qui monte depuis deux jours : « Les échecs de Sanofi, incapable de produire un vaccin pendant la pandémie malgré les aides publiques reçues, l’attachement populaire au Doliprane et les inquiétudes provoquées par la rupture de ses stocks il y a deux ans alimentent l’hostilité et l’anxiété sur les conséquences de cette vente. » Le calendrier n’aide pas : « En plein débat budgétaire, le moment ne pouvait pas être pire. » » admet un financier proche de l’opération, qui souligne néanmoins que les inévitables aléas des négociations concernant une vente de cette ampleur – 15 à 16 milliards d’euros – ont empêché qu’elle soit révélée plus tôt. Sans certitude que cela aurait été mieux accepté.

« Le gouvernement doit refuser la reprise américaine de l’usine de Lisieux » (par Boris Vallaud, Patrick Kanner, Philippe Brun et l’ensemble des parlementaires PS)

Le candidat retenu pour le rachat de 50% d’Opella, le fonds américain CD&R (Clayton, Dubilier & Rice), a d’abord sa nationalité contre lui. Même s’il est habitué aux acquisitions, parfois délicates, en France : celles de Spie, Rexel, et surtout But et Conforama, au bord de la faillite à l’époque, se sont déroulées sans accrocs ni reventes ultérieures. Ses partisans perfides soulignent également que son concurrent pour le rachat de la filiale, le fonds français PAI, est basé au Luxembourg et bénéficie du soutien de partenaires étrangers : le fonds souverain d’Abu Dhabi Adia et celui de Singapour GIC. « La rationalité doit dominer. Nous devons nous rappeler les faits, insiste un proche des discussions. CD&R n’est actuellement que le candidat retenu. Sanofi conservera 50% du capital. L’affaire n’est pas conclue. Des engagements seront pris et des garanties seront apportées au moment opportun, comme l’exige la réglementation. »

Le décret Montebourg de 2014 vise justement à exiger une autorisation préalable des pouvoirs publics « tout transfert total ou partiel à un investisseur étranger » dans une demi-douzaine de secteurs considérés comme stratégiques, dont la santé publique. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, s’est voulu rassurant quelques heures après l’annonce, insistant sur la vigilance de l’Etat quant aux modalités de cette vente. « CD&R connaît la procédure à suivre et s’y conformera », Disons-nous du côté des acheteurs, ajoutant que les craintes sur la disponibilité future du Doliprane sont infondées, puisque ce médicament n’est commercialisé qu’en France et qu’une délocalisation n’aurait aucun sens. “Interdire la vente d’Opella aurait un effet désastreux sur l’attractivité du pays, en dissuadant les investisseurs étrangers d’intervenir dans d’autres opérations”, prévient un financier.

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