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Carlos Tavares, patron automobile intransigeant et en difficulté – le 11/10/2024 à 04:35

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Carlos Tavares, PDG de Stellantis, le 3 octobre 2024 lors d’une visite d’usine à Sochaux, France (AFP / FREDERICK FLORIN)

Passionné d’automobile et manager intransigeant, Carlos Tavares a contribué à faire de Stellantis une machine à profit qui rencontre pourtant des difficultés depuis le début de l’année 2023.

Costume strict, lunettes fines, visage anguleux, le manager portugais de 66 ans s’est fait connaître en redressant le groupe PSA (Peugeot-Citroën) à partir de 2014, en réduisant les coûts et en privilégiant davantage les ventes rentables que le nombre de clients. voitures vendues.

Et le pari de la mégafusion réalisée entre PSA et FCA (Fiat-Chrysler) semblait tenu : depuis la création de ce groupe de quatorze marques en 2021, Stellantis a établi des records de bénéfice net, avec une nouvelle barre à 18,6 milliards de dinars. euros en 2023.

Le constructeur automobile a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi la retraite début 2026 de Carlos Tavares, comme ce dernier l’avait suggéré la semaine dernière.

La pénurie de puces électroniques, qui limitait la production de voitures, a permis au groupe de les vendre aux prix les plus élevés. Mais le marché automobile s’est depuis stabilisé à un niveau très bas.

Stellantis a toussé au premier semestre 2024, avec un bénéfice net divisé par deux, avant d’éternuer face à des difficultés plus graves que prévu en Amérique du Nord.

Le directeur général Carlos Tavares a dû abandonner son sacré objectif de marge opérationnelle « à deux chiffres » pour l’année, qui le plaçait loin devant ses concurrents, et justifiait son salaire prévu de 36,5 millions d’euros pour l’année 2023.

La stratégie de l’entreprise est-elle remise en question ? Au contraire, elle “a fait ses preuves”, a insisté la semaine dernière le directeur général de Stellantis, pile dans ses mocassins, lors d’une visite de l’usine de Sochaux, dans l’est de la France, début octobre.

– « On fait la course » –

Si ces nouveaux objectifs sont un “sérieux avertissement”, “ce n’est pas Stellantis qui est (en difficulté), isolé au milieu de l’industrie automobile (…), c’est Stellantis, Volkswagen, BMW, Mercedes, et ce n’est sans doute pas fini”. », a répondu M. Tavares.

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Carlos Tavares, PDG de Stellantis, au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, le 5 janvier 2023 (AFP / Robyn BECK)

En Europe, seul son grand rival français Renault n’a pas encore revu ses objectifs à la baisse.

L’électrification forcée de l’automobile complique les perspectives de ces constructeurs dans un marché déjà morose.

Plusieurs d’entre eux, comme Mercedes et Renault, ont demandé une révision à la baisse des normes d’émissions de CO2, ce qui les obligera à vendre davantage de véhicules électriques début 2025.

Carlos Tavares voit les choses différemment, après avoir longtemps contesté une transition « dogmatique » vers le 100 % électrique en 2035.

“Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et maintenant nous courons”, a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP en septembre.

Entre deux avions, ce passionné de voitures anciennes visite les circuits historiques une dizaine de fois par an.

Le dirigeant dit vouloir « contribuer à résoudre le problème » du réchauffement climatique, pour ses quatre petits-enfants, tout en protégeant la « liberté de circulation » des citoyens dans leurs voitures.

Et pour qu’ils soient moins chers, il faut toujours produire moins cher, ce qui met la pression sur vos salariés comme sur vos fournisseurs.

– « Pas peur d’être impopulaire » –

Les salariés sont régulièrement incités à partir, en fonction des plans de suppressions d’emplois. Parallèlement, le groupe franco-italo-américain s’appuie de plus en plus sur les pays à bas coûts, comme le Brésil, le Maroc ou la Turquie, pour fabriquer ses voitures.

Plusieurs syndicats dénoncent ses méthodes et menacent de grèves en Italie et aux Etats-Unis.

“Il est normal que l’ensemble du corps social de l’entreprise se mobilise pour réduire ses coûts”, a répondu Carlos Tavares lors de sa visite à Sochaux. “La direction de cette entreprise n’a pas peur d’être impopulaire.”

Après avoir fréquenté le lycée français de Lisbonne, cet acteur central a lancé sa carrière chez Renault, avant de quitter son poste de numéro deux en 2013, muselé par le tout-puissant PDG de l’époque, Carlos Ghosn.

En 2014, il prend la direction du groupe PSA, en grande difficulté, victime de la crise qui avait fait chuter le marché européen des voitures neuves. PSA a été sauvé de peu de la faillite par l’arrivée de l’Etat français et du constructeur chinois Dongfeng dans son capital.

Sa retraite ? « Si vous demandez à ma femme, elle vous dira que c’est une exigence de sa part. Je suis un bon mari», M. Tavares, qui vit entre la France et le Portugal, où il possède des vignes et un garage pour voitures anciennes.

 
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