LLe destin peut parfois être malicieux. En ouvrant les yeux jeudi matin, le monde du tennis a découvert, un brin nostalgique, la retraite de Richard Gasquet d’ici 2025. « Sur un beau court, avec du soleil » à Roland-Garros, selon ses propres vœux, confiés à « L’Equipe ». A peine le temps de s’émouvoir en se remémorant les belles années de « Richie » avant d’avoir l’impression de vieillir à nouveau. Martyré toute sa carrière par Rafael Nadal, l’ancien N.7 mondial a vu son annonce diluée dans celle de la légende espagnole, à la mi-journée, qui lâchera son dernier coup droit au lasso fin novembre, lors de la phase finale de la Coupe Davis ( 19-26 novembre), à Malaga.
Le timing est sans doute le fruit du hasard, mais symbolique de la relation entre ces deux joueurs, nés à deux semaines d’intervalle. En 1999 aux Petits As de Tarbes, puis au Challenger de Saint-Jean-de-Luz en 2003, Richard Gasquet remporte les deux premières confrontations. Puis plus rien, hormis quelques sets ici et là, perdus au milieu d’un cinglant 18-0 en faveur de l’Espagnol. « Retrouver la trace d’un décor que je lui ai pris – un décor ! -, il faut remonter à août 2008, en quarts de finale du Masters 1000 de Toronto, confiait le Biterrois dans son autobiographie « Contre toute attente » en 2022. Ces statistiques ne m’amusent pas du tout. Il y a peu de confrontations entre nous dont je me souviens avec plaisir. C’est très démoralisant.
“Une comète!” »
Après son premier titre à Roland-Garros en 2005, à seulement 19 ans, Nadal ne combat plus dans la même catégorie. Devenu roi de Roland-Garros, il s’attaque à l’hégémonie de Roger Federer, tandis que Gasquet remporte le premier de ses 16 titres, tous dans l’ATP 250 malgré trois finales de Masters 1000, sur le circuit principal.
L’Espagnol a battu des records dans son sport. « Chaque fois que je le revoyais, tous les trois ou quatre mois, je sentais qu’il n’était plus le même », écrit encore Gasquet, admiratif. Il est devenu beaucoup plus puissant, plus présent sur le terrain. Sa balle allait plus vite. Une comète ! » Avec 92 trophées, le trône de n°1 mondial occupé pendant 209 semaines, cinq Coupes Davis et deux médailles d’or olympiques, le « Taureau de Manacor » s’est bâti un palmarès géant, au fil de ses combats acharnés face à Roger Federer et Novak Djokovic. . Si le Serbe a remporté la bataille des records, Nadal a placé le curseur hors de portée sur terre battue avec ses 14 titres à Roland-Garros et sa série de 81 victoires consécutives sur ocre.
« Il y a peu de confrontations entre nous dont je me souviens avec plaisir. C’est démoralisant »
Mais à mesure que sa salle des trophées se remplissait, son corps dépérissait. Pendant plus de deux décennies, Nadal a dépassé ses limites, en abusant parfois d’analgésiques et d’infiltrations, pour dominer ses blessures. A 38 ans, c’est la hanche qui l’a poussé à abandonner, deux ans après avoir vécu douloureusement le crépuscule de son rival et ami Roger Federer.
Le Majorquin a tenté de revenir en 2024, à Roland-Garros, puis aux JO, sur ses terres de prédilection, sans succès. La magie de la Porte d’Auteuil ne l’emportait plus et le chef a fini par dire stop, ce jeudi 10 octobre 2024. Ce sera en Coupe Davis, fin novembre, à Malaga, sous les couleurs de l’Espagne. Dans sa relation avec Gasquet, s’il est un envieux au moment de la retraite, c’est « Rafa » qui rêvait certainement d’un « der » dans sa résidence secondaire, à Roland-Garros.
Les réactions
Roger Federer : « Quelle carrière, Rafa ! J’ai toujours espéré que ce jour n’arriverait jamais. Merci pour les souvenirs inoubliables et tous vos exploits dans le jeu que nous aimons. C’était un honneur absolu. »
Jannik pécheur : « C’est une personne incroyable. Il nous a appris à nous comporter sur le terrain, à gérer les situations sur le terrain… Il nous a aussi appris à rester humbles, à ne pas changer avec le succès. »
Carlos Alcaraz : « De l’enfant qui vous regardait à la télévision et rêvait de devenir joueur de tennis à celui qui a eu l’immense privilège de jouer à vos côtés à Roland-Garros et de représenter l’Espagne aux Jeux Olympiques ! Merci beaucoup d’être un exemple à tous les niveaux, votre héritage est inégalé ! »
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