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REPORTAGE EN DIRECT : Festival du Roi Arthur

Retour sur la dernière édition du V and B fest’, et son affiche variée, dans laquelle MC Solaar et The Inspector Cluzo se retrouvent.

Qu’un festival de musique envisage d’organiser des conférences de presse répond d’abord à un enjeu technique : suite aux nombreuses demandes d’interviews de la part des médias et au planning non extensible de l’artiste (qui, souvent le même jour, doit également réaliser ses bilans techniques/manger /repos/déplacements multiples dans un temps limité), cette rencontre collective permet d’investir dans le qualitatif plutôt que dans le quantitatif…

D’une part, l’artiste évite les répétitions et libère un temps précieux. De l’autre ? Les médias locaux bénéficient d’opportunités auxquelles ils n’auraient pas eu accès en dehors de l’événement. Ou encore s’éloigner de la promotion classique et déconnectée en rebondissant sur un territoire ou l’actualité. D’autant que l’ambition de chacun concernant l’exercice (et donc le crédit accordé à la parole) renseigne souvent sur l’organisateur… Certains l’ignorent en fait, tandis que d’autres le limitent à des questions fermées/hors sujet devant la caméra (« Quel magicien es-tu ? », « Raclette ou tartiflette ? »…).

Or, si cette dernière correspond au mode de consommation des réseaux, elle permet rarement de se démarquer, activant seulement une mémoire immédiate et dont la forme compte plus que la réponse… Face à ce vide (ressenti aussi par l’artiste), deux obsessions doit néanmoins rester : qu’est-ce que mon festival a de différent des autres ? Et comment obtenir un entretien unique dans un tunnel de rendez-vous dont l’exercice confine au mimétisme ? L’éditorial devrait être la réponse. Au V and B Fest’, les conférences de presse sont chouchoutées : une grande tente avec une trentaine de chaises, des fauteuils rembourrés fabriqués à partir de palettes de bois… Le tout dans un cadre arboré, à l’abri des regards.

L’ambiance est cosy et détendue, propice aux échanges privilégiés et aux apartés post-conférence… Des échanges qui sont également enregistrés, laissant aux journalistes le soin de se multiplier sur le terrain et/ou de se réapproprier a posteriori un travail fraternel pour valoriser un journal. Tallou a par exemple évoqué sa transformation en chanteuse néo-soul (après de longues études en kiné), se traduisant même par « l’apparition de dreads » sur son ancien crâne rasé. A l’image du duo Colt qui affirme avoir « grandi plus avec le groupe qu’au sein du conservatoire », acceptant désormais le coming out et les textes en français… Tout le contraire du groupe de rock Celkilt préférant se concentrer sur l’énergie renvoyée par le public sans être limité à la « musique à la demande ». Un écueil sur lequel Jain, assumant un excès il y a quelques années, préconise une « pause salvatrice pour se ressourcer… » et dont elle a profité.

Côté confidentiel, le DJ Martin Solveig – qui se produira en clôture des Jeux Paralympiques – s’est ému de « l’absence » de son ami David Guetta à cette célébration de l’électro française. Une nostalgie que n’aurait pas renié le rappeur Mc Solaar, encore touché par l’attention portée à lui par « le public et la jeune génération »… Interrogés par leurs concerts réguliers en France, les rockers suédois de The Hives ont résumé de manière hilarante leur attachement. à « la gastronomie et le vin ».

Même légèreté avec quelques échanges convenus du côté des (jeunes) lauréats du tremplin, le duo hip-hop Antes & Madzes, dont l’exercice est pourtant ancré dans un terroir qui rappelle le cadre du festival… Un terroir que Julien Granel – l’artiste le plus « programmé » de l’été – a pris la fuite, jouissant enfin aujourd’hui de la « liberté » (notamment en matière vestimentaire)… Une solitude également vécue par l’ancien DJ Worakls, face à la perception de la musique orchestrale… Admettant aussi son culpabilité de ne pas pouvoir assurer un spectacle « conformément aux [ses] croyances écologiques ». Laissant ainsi la conclusion aux paysans-rockers L’Inspecteur Cluzo qui nous ont invités à réfléchir sur les modèles productivistes de vie, préférant « les restrictions aux interdits ». Bref, à la scène le savoir-faire inclut en relief un peu de savoir-faire…

Samuel Dégasne

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