« Ta carrière, je vais la mettre dans le rouge » : le parquet a requis vendredi 4 octobre une amende de 10 000 euros, dont 4 000 euros avec sursis, contre Éric Chabrière, ancien bras droit du professeur Didier Raoult, jugé pour menaces et intimidations sur gendarme.
Ce professeur des universités, ancien collaborateur du professeur Didier Raoult, ce médecin marseillais aujourd’hui à la retraite qui affirmait pouvoir traiter le Covid-19 à l’hydroxychloroquine, a été convoqué le 21 mars à la gendarmerie maritime de Marseille pour être entendu dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Brest pour harcèlement en ligne.
La veille, l’enquêteur l’avait rappelé pour confirmation et Éric Chabrière avait indiqué que si son avocat n’était pas disponible, il ne viendrait pas. Le parquet de Brest a alors donné des instructions selon lesquelles s’il ne se conformait pas à la convocation, il serait placé en garde à vue.
Un échange de 18 minutes
Le ton est alors rapidement monté et, dans l’échange enregistré de 18 minutes, Éric Chabrière a profité de son grade de capitaine de réserve dans l’armée et de ses connaissances, généraux, amiraux ou préfet maritime. « Vous n’êtes rien pour m’invoquer. Dans l’armée, des gens comme vous, je les mettrais au rang. Vous aurez le procureur et toute la gendarmerie sur votre dos »il en parle à l’adjudant-chef, qu’il menace de transfert à Brest ou à Mayotte.
L’officier de police judiciaire a proposé qu’Éric Chabrière soit accompagné d’un avocat commis d’office, le professeur a rétorqué : « Ai-je une idée d’avoir un avocat commis d’office ? ? ». « En 23 ans de carrière, c’est la première fois qu’on me parle ainsi. Il a écrasé ma fonction et mon rang et m’a menacé comme la dernière merde »a assuré le gendarme vendredi lors de l’audience.
“Mon père étant sourd, j’ai l’habitude de parler fort”
A la barre, Éric Chabrière accusait le gendarme de lui avoir menti et d’avoir ignoré la loi, estimant que ses droits n’avaient pas été respectés. « Je pense que je connais la procédure pénale un peu mieux que toi »replied President Cécile Pendariès.
« Agacé »le procureur a même ouvert le code de procédure pénale pour lire au prévenu l’article 78 sur l’obligation de se conformer aux convocations d’un officier de police judiciaire. Éric Chabrière s’est défendu en expliquant : « Mon père étant sourd, j’ai l’habitude de parler fort ».
Son défenseur, Maître Ludovic Heringuez, a fait valoir « contexte de harcèlement depuis quatre ans sur les réseaux sociaux »affirmant que son client « vit l’enfer, un déferlement de haine du matin au soir ». Et dans ce cas « l’étincelle c’est le comportement du gendarme qui bafoue le droit le plus élémentaire (de mon client) de choisir son avocat ». Le jugement sera rendu le 22 novembre.
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