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Au Liban, un million de déplacés dans un pays en proie au chaos

Zahraa Cheikhouna n’a qu’une envie : « Trouvez un logement permanent, où vous vous sentez au moins un peu à l’abri. » Mardi 1est En octobre, alors que les drones de surveillance israéliens crépitent dans le ciel, cette femme de 26 ans raconte la nuit qu’elle vient de passer avec son mari et leurs deux jeunes enfants, dans la tente igloo qu’ils ont réussi à retrouver : «Je n’ai pas dormi. On entendait le bruit des détonations des frappes au loin, sur la banlieue sud [de Beyrouth]. Les enfants avaient peur. Et puis il y a eu la pluie. Que ferons-nous si la saison des pluies commence ? »

La famille de Zahraa Cheikhouna, déplacée de Laylaki dans la banlieue sud, récupère de la nourriture offerte par des habitants, à Beyrouth, le 1er octobre 2024. ADRIENNE SURPRENANTE/MYOP POUR « LE MONDE »

A fleur de peau, comme tout le Liban, elle désigne un bombardier étranger (Beyrouth n’en possède pas) qui a entamé sa descente vers l’aéroport en frémissant : ” Qu’est-ce que c’est ? Il va nous bombarder ? » Son mari non plus n’a pas dormi : « Il reste éveillé toutes les nuits, de peur que des voyous s’approchent. » Un coup de vent soulève une partie de la petite tente, posée sur un trottoir du centre de Beyrouth, entre une zone broussailleuse et le front de mer jouxtant la baie de Zaitunay, une marina pour yachts bordée de restaurants aujourd’hui fermée, et dont l’accès a été cadenassé. de sorte que les déplacés ne pouvaient pas y accéder.

Abrité dans les écoles

Zahraa s’est enfuie avec sa famille, « quatre sur un scooter »le quartier de Laylaki, dans la banlieue sud de la capitale, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 septembre, après les gigantesques bombardements israéliens qui ont tué Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah. Celles-ci, comme les ordres d’évacuation qui ont suivi et les lourdes frappes nocturnes, ont entraîné l’exode de nombreux habitants de la vaste périphérie chiite, fief du Hezbollah. Plusieurs centaines de milliers de personnes y vivaient.

Le camp improvisé où vivent Zahraa Cheikhouna et sa famille, qui ont fui la banlieue sud de Beyrouth avec sa famille, à Beyrouth, le 1er octobre 2024. ADRIENNE SURPRENANTE/MYOP POUR « LE MONDE »
Familles syriennes d’Alep qui n’ont pas de papiers valides pour rentrer en Syrie, à Beyrouth, le 1er octobre 2024. ADRIENNE SURPRENANTE/MYOP POUR « LE MONDE »

D’autres familles se sont installées dans des tentes ou des bâches de fortune sur le même trottoir. Des Beyrouthins imperturbables passent en faisant leur jogging. Peu avant, des volontaires avaient distribué de la nourriture aux déplacés. « Nous avons appelé les écoles [ouvertes comme abris pour les déplacés] pour y arriver, mais ils sont complets. Nous n’avons pas les moyens de louer un logement. »explique Zahraa. Ils n’ont pris aucun bien et ne peuvent pas revenir en chercher : « La rue qui mène à notre maison est fermée, remplie de décombres. » De violents bombardements israéliens sur les banlieues sud ont de nouveau été entendus dans la nuit de mardi à mercredi.

Dans ce pays de 5,5 millions d’habitants, l’offensive de l’État hébreu lancée le 23 septembre dans le but de mettre à genoux le Hezbollah a jeté environ un million de personnes sur les routes, selon les autorités libanaises – un chiffre repris par l’ONU. Départs dans l’urgence et le chaos depuis le sud et l’est du pays, ainsi que les banlieues sud de la capitale, des régions à majorité chiite.

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