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une performance percutante pour une suite époustouflante

C’est l’un des événements cinématographiques de l’année. Cinq ans après Joker (2019), de Todd Phillips, le caméléon Joaquin Phoenix revient sur le personnage emblématique qui lui a permis de remporter l’Oscar du meilleur acteur et qui a dépassé le milliard de dollars de recettes mondiales au box-office. Dans sa suite, Joker : Folie à deux, la métamorphose physique est toujours aussi étonnante : émacié, il réalise une performance extraordinaire, chaplinienne, pleine d’humanité. Rencontre à Londres avec une star décontractée.

JDD. Est-ce un défi de reprendre le rôle d’Arthur Fleck alias Joker alors que vous n’aviez jamais accepté de suite ?

Joaquín Phoenix. Dans ce cas, je me suis accroché à une réalité tangible : celle de l’apprentissage physique car je devais chanter et danser ! Une véritable découverte qui m’a guidé telle une étoile polaire tout au long du processus. J’ai su très tôt que je voulais tourner un nouveau long métrage avec Todd Phillips, toujours autour de ce personnage suffisamment riche pour continuer son histoire et faire évoluer ma façon de l’interpréter. Je suis mon instinct.

Comment expliquez-vous que le public ressente autant d’empathie à son égard ?

Peut-être y a-t-il un certain nombre de personnes qui ont le sentiment de ne pas être entendues ou comprises et qui souhaitent avoir un impact sur le monde. Joker résonnait bruyamment en eux.

La suite après cette annonce

Est-ce une question d’identité et de célébrité, des thèmes qui vous touchent ?

Cela résonne en chacun de nous car nous présentons aux autres une image publique qui ne correspond pas à qui nous sommes. Il faut chercher au plus profond de soi sa vraie personnalité et réussir à se reconnecter avec elle. Arthur a choisi d’assumer la responsabilité et les conséquences de ses actes, une décision qu’on ne pouvait pas anticiper à la fin de Joker, où il semblait perdu. C’était un aspect intéressant à explorer, comment nous fonctionnons et naviguons dans la société d’aujourd’hui. Arthur s’est d’abord exprimé par la violence, raison pour laquelle Lee, joué par Lady Gaga, était attiré par lui. Mais cette fois, il opte pour l’amour, qu’il a toujours recherché. Il veut avancer avec Lee et prendre ses distances avec qui il était.

“Lady Gaga m’a encouragé à surmonter mes peurs”

Comment s’est passée la collaboration avec Lady Gaga ?

Elle a dit à Todd Phillips que nous devrions enregistrer en direct sur le plateau, pas d’abord en studio. J’ai flippé, je lui ai dit que c’était impossible parce que je n’étais pas assez bien. Elle m’a rassuré, mais je me sentais très mal à l’aise. Comme Arthur, il ressemblait à un enfant essayant d’exprimer maladroitement ses sentiments. Elle m’a encouragé à surmonter mes peurs et nous l’avons vraiment fait ! J’ai été surpris d’être à la hauteur.

Pour ma part, je lui ai proposé de se débarrasser de sa voix puissante pour se mettre à la place de Lee, qui n’est pas un chanteur professionnel. Cela la déséquilibrait, mais je savais qu’elle serait capable de se concentrer uniquement sur l’émotion. Le résultat m’a semblé brut et spontané, il m’a stimulé et galvanisé.

Quelle a été votre préparation technique ?

J’ai travaillé avec le chorégraphe Michael Arnold. En toute honnêteté, la valse et les claquettes, que j’ai pratiquées pendant plusieurs mois à raison de deux heures par jour à Los Angeles, étaient extrêmement difficiles. Même s’il ne reste que quelques minutes à l’écran ! Mais il fallait que ce soit une extension naturelle d’Arthur.

Et tu nous fais pleurer en répétant Ne me quitte pas de Jacques Brel.

(Il sourit.) Todd Phillips a fait un excellent choix de chansons. Cela m’a mis un peu de pression, mais j’ai aussi pris du plaisir. L’expérience a été intense. Nous avons continué les numéros sans répit. J’ai eu des hauts et des bas, des moments de découragement et puis le feu est revenu. Épuisant, mais inspirant. Je n’étais pas du tout sûr de moi.

Joker: Folie à deux ***

À Gotham City, Arthur Fleck, un individu introverti atteint de maladie mentale et persécuté par la société, devient Joker, son alter ego, maquillé et costumé en clown pour se venger de ses bourreaux quotidiens. Il commet cinq meurtres avant d’être arrêté par la police et interné à l’asile d’Arkham sous haute sécurité. En attendant d’être jugé, il tombe amoureux de Lee, un autre patient… Todd Phillips est intelligent : on pressentait une escapade criminelle et amoureuse à la Bonnie et Clyde, on se retrouve devant un film de prison et de procès avec, au bord de la boue, une exécution sur la chaise électrique si l’accusé est reconnu coupable.

Quand Joker (2019) lançait un appel au chaos à travers le cri de désespoir du personnage, le second est un requiem, plus sombre et cruel, pour un homme seul, abandonné et enfermé. Le récit propose des scènes chantées et dansées sous forme de parenthèses oniriques, Arthur se réfugiant dans son imaginaire avant de se laisser dépasser par la réalité. Idées de flux de mise en scène. Joaquin Phoenix éclipse Lady Gaga avec sa performance hors du commun. Bouleversant.

Par Todd Phillips, avec Joaquin Phoenix, Lady Gaga. 02h19 Sortie mercredi.

 
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