De quoi parlera-t-on dans les allées du Sommet de l’élevage, du 1er au 4 octobre, à Cournon-d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand ? Nous avons interrogé les représentants du secteur dans le Massif Central, qui attendent avec impatience la visite du nouveau ministre de l’Agriculture en fin de semaine.
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Le Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand s’ouvre ce mardi 1er octobre. Et comme chaque année, l’événement a son « fichiers chauds ». Quelles sont les inquiétudes des éleveurs français ? Comment se porte le secteur agricole du pays ? Sur quels sujets les syndicats agricoles comptent-ils interpeller le gouvernement ? On vous dit tout.
La préoccupation majeure cette année sera la santé. Depuis début août, la fièvre catarrhale (BCF), également appelée “maladie de la langue bleue”, se propage dans les écuries et les bergeries à travers le pays. « Le FCO affecte les bovins, mais les moutons et les brebis sont les plus touchés. Les jeunes éleveurs de moutons sont parfois touchés… Ils viennent de démarrer et tentent de sauver les meubles »worries Xavier Fromont, spokesperson for the Confédération paysanne in Auvergne-Rhône-Alpes.
Localisée d’abord dans le département du Nord, la maladie virale s’est progressivement étendue à de nombreuses régions françaises. Au 26 septembre, 3.750 ménages répartis dans 26 départements ont été recensés par le ministère de l’Agriculture. Cette maladie, transmise par des insectes piqueurs et qui n’affecte pas l’homme, provoque une forte fièvre, une déshydratation et des difficultés respiratoires chez les animaux. Les éleveurs sont contraints de veiller sans relâche sur leur troupeau. Certains voient leurs animaux périr par dizaines et ont perdu, en quelques semaines, jusqu’à 30 % de leur cheptel.
Il ne faut pas oublier l’humain en pleine crise sanitaire. Les femmes et les hommes qui travaillent dans la production sont profondément touchés. Depuis deux mois, le quotidien est sombre.
David ChauveSecrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes
La situation du FCO en France ne pourra être évitée dans les prochains jours à Cournon-d’Auvergne. En visite au sommet de l’élevage ce jeudi, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, est particulièrement attendue sur le sujet. “Nous sommes conscients qu’elle vient d’être nommée et qu’elle doit lire les dossiers, mais elle ne peut pas venir au Massif Central, connaissant la crise sanitaire que nous traversons et ne rien nous dire à ce sujet”estime David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
Acculés par la fièvre catarrhale, les éleveurs espèrent donc que le nouveau ministre viendra au Sommet avec des annonces les concernant. Ils réclament notamment une couverture totale ou partielle des vaccins, alors qu’une seule injection contre le FCO coûte en moyenne 8 euros. Sachant qu’un rappel est souvent nécessaire, la facture s’envole pour les plus gros troupeaux. Et ce qui n’était qu’un problème de santé devient rapidement un problème économique. « L’ampleur de la situation entraîne une perte de revenus considérable. La filière ovine notamment est mise à mal et cela pourrait demain poser un vrai souci pour le renouvellement du cheptel français »prévient David Chauve, secrétaire général de la FRSEA, qui plaide pour que l’Etat prenne en charge les pertes économiques de chaque agriculteur.
L’État doit venir en aide aux éleveurs touchés. C’est ce soutien qui leur permettra de continuer. Sinon, le risque est le découragement.
Xavier FromontPorte-parole de la Confédération Paysanne d’Auvergne-Rhône-Alpes
Le climat hivernal devrait calmer l’épidémie dont le développement est favorisé par les températures élevées. Pour ne pas revivre le même massacre l’année prochaine, le secteur agricole appelle le ministère à établir une « véritable stratégie de vaccination » contre cette maladie désormais bien connue. « La campagne de vaccination a été lancée à la fin de cette année. Il y a eu un manque d’anticipation de la part de l’Etat et nous le regrettons”dénonce Xavier Fromont de la Confédération paysanne.
Lors d’une réunion en petit comité prévue ce jeudi matin avec la ministre Annie Genevard, les représentants du secteur espèrent obtenir confirmation des mesures promises par le précédent gouvernement. Après plusieurs semaines de blocage des routes et des convois de tracteurs cet hiver, les agriculteurs français ont réussi à obtenir plusieurs mesures de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. Elles concernaient notamment un fonds d’urgence pour les éleveurs touchés par la maladie hémorragique épizootique (MEP), un meilleur contrôle de la concurrence déloyale liée aux accords de libre-échange ou encore des mesures de simplification concernant les contrôles annuels.
Même s’il y a eu une dissolution de l’Assemblée nationale et un remaniement ministériel depuis, les syndicats agricoles d’Auvergne-Rhône-Alpes n’entendent pas renégocier leur “acquis” lors de leur première rencontre avec le ministre de l’Agriculture. « Il n’est pas question de rouvrir le débat, ni de revenir sur ce qui avait été convenu. Nous attendons que les accords conclus avec le gouvernement précédent soient réaffirmés et inscrits dans la législation. »insiste David Chauve, alors que dans certains départements, comme la Drôme ou la Dordogne, les agriculteurs se disent prêts à reprendre la mobilisation.
C’est un autre sujet qui devrait être abordé lors du Sommet sur l’élevage. La semaine dernière, le géant du lait Lactalis a annoncé qu’il réduirait de 9 % sa collecte auprès des producteurs français. Une baisse de 450 millions de litres, qui devrait concerner essentiellement les exploitations agricoles de l’est du pays et du sud des Pays de la Loire. Les producteurs laitiers accusent le coup. « C’est un comportement inacceptable ! Lactalis ne respecte pas les engagements pris et produira dans des pays qui n’ont pas les mêmes réglementations que nous »critique Patrick Benezit, président de la Fédération nationale bovine (FNB) et éleveur dans le Cantal.
Les revendications seront, comme chaque année, au cœur des discussions dans les allées du Sommet de l’élevage. Mais l’événement vise également à « redonner de l’optimisme aux éleveurs »insiste son président Jacques Chazalet. « Nous n’allons pas seulement parler de ça. Les professionnels viennent se vider la tête et réfléchir à comment changer les choses ».
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