M.Lundi 30 septembre, midi et demi. La première audience du procès dit des « assistants RN » ne commence que dans une heure, mais des dizaines de cameramen et de reporters envahissent déjà les couloirs du tribunal correctionnel de Paris. 200 journalistes sont attendus. Une deuxième salle a dû être réquisitionnée pour que les débats puissent y être retransmis à destination de la presse.
Vingt-cinq prévenus comparaissent. Des élus ou anciens élus du FN devenus RN, collaborateurs ou anciens collaborateurs. Ils sont accusés d’avoir participé à un système de détournement de fonds publics, du Parlement européen, pour rémunérer des employés qui travaillaient effectivement pour le parti. Montant du préjudice selon le Parlement européen : 6,8 millions d’euros.
“Sérénité”
Beaucoup de prévenus ont joué ou jouent un rôle central au sein du RN. On y voit Bruno Gollnisch, venu avec un épais dossier barré de la mention « arguments », l’eurodéputé Nicolas Bay, qui a « trahi » en rejoignant Éric Zemmour et que Marine Le Pen ignore ostensiblement, le député Julien Odoul…
« Nous sommes sereins. Nous n’avons enfreint aucune règle.
« Nous sommes sereins. Nous n’avons violé aucune règle», assure Marine Le Pen dans un bref communiqué. Au centre de tous les regards, elle prend place au premier rang. Ironiquement, ce procès débute à la veille du discours de politique générale d’un Premier ministre dont l’avenir est suspendu par le vote des députés RN. Marine Le Pen s’est retrouvée mêlée à cette affaire, après huit ans d’enquête, alors même que son pouvoir sur la vie politique n’a jamais semblé aussi grand. Une peine d’inéligibilité avec exécution immédiate, scénario catastrophe pour ses partisans, anéantirait ses ambitions pour 2027.
13h30 L’audience commence par la lecture rituelle des faits reprochés, et le défilé des prévenus invités à comparaître. Certains, peu connus du grand public, sont des piliers du parti d’extrême droite. Thierry Légier, garde du corps. Catherine Griset, amie proche de Marine Le Pen, dont elle fut la directrice de cabinet. Wallerand de Saint-Just, ancien trésorier de la formation. Dans un échange de mails avec Marine Le Pen, il écrivait en 2014 : « Nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies significatives grâce au Parlement européen. »
« Nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies significatives grâce au Parlement européen »
Appelée à son tour à la barre, Marine Le Pen a déclaré vouloir répondre à « toutes les questions que la justice voudrait me poser ». Puis, à 18 heures, les débats peuvent commencer. L’avocat du RN Rodolphe Bosselut dévoile deux premiers axes de sa défense, soulignant “l’absence d’enrichissement personnel”, et fustigeant une “situation unique, où les règles internes élaborées par le Parlement européen sont recyclées pour étayer des poursuites pénales”.
Ce long procès devrait durer deux mois. Selon son entourage, Marine Le Pen entend se montrer très assidue lors des audiences, à l’image de François Bayrou l’an dernier lorsqu’il était jugé avec d’autres cadres du MoDem pour des faits de même nature. Une exception cependant, ce mardi : elle ne viendra pas au tribunal pour assister au discours de Michel Barnier à l’Assemblée. En tant qu’arbitre quelque peu ébranlé par la justice.
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