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Le pape François a séduit Louvain-la-Neuve

Entre deux et trois mille personnes se sont rassemblées samedi après-midi à Louvain-la-Neuve pour célébrer l’arrivée du pape François dans le cadre des 600 ans de l’Université de Louvain. Une clameur s’élève lorsque, peu avant 18 heures, le souverain pontife va à la rencontre de la foule à bord de la papamobile. 250 policiers avaient été mobilisés pour assurer au mieux sa sécurité.

Dans le public, on pouvait voir de nombreux jeunes, mais aussi des anciens, croyants ou curieux, venus attendre longtemps dans l’espoir d’un salut ou d’une bénédiction. « Regardez, il distribue des cadeaux », s’émerveillait enfant en voyant passer le souverain pontife. “Vive le Pape, Viva il Papa”, a déclaré un fan.

Laudato si, les femmes et les LGBTQ+

Auparavant, le Pape a eu l’occasion d’interagir avec des représentants du corps enseignant, des chercheurs et des étudiants réunis à l’Aula Magna, le grand espace événementiel de la ville universitaire. Dans son discours d’introduction, la rectrice de l’UCLouvain Françoise Smets a remercié François « d’être venu célébrer avec nous l’anniversaire de notre université, dont le Pape Martin V a signé la bulle de création il y a près de 600 ans. Une bulle qu’il a confiée au premier recteur de l’Université de Louvain, Guillaume Neefs, et qui a marqué la naissance de notre Alma Mater.

L’arrivée du pape François s’inscrit dans le cadre des 600 ans de l’Université de Louvain. © PHOTO : AFP

Le recteur a ensuite évoqué « l’urgence climatique » et « le franchissement des limites planétaires qui menace gravement les populations et l’équilibre des écosystèmes », reliant ces préoccupations à l’encyclique Laudato oui dans lequel François a appelé à la sauvegarde de notre « Maison commune ».

Si nous renonçons à chercher la vérité ensemble, l’étude devient un instrument de pouvoir, de contrôle sur les autres. Elle ne sert pas, mais domine.

Pape François

Une lettre rédigée par la communauté universitaire a ensuite été lue au Pape. Il a discuté des racines philosophiques et théologiques de la crise climatique, de la place des émotions et de l’engagement, des inégalités, des femmes et des attitudes de sobriété et de solidarité face à l’urgence climatique.

Puis le souverain pontife a longuement répondu à ses hôtes, refusant toutefois de s’engager dans la voie « intersectionnelle » que lui a désignée la communauté universitaire, qui s’est positionnée pour une plus grande ouverture de l’Église envers les femmes et les personnes LGBTQ+. dans un environnement mondial. François s’est limité à répéter à plusieurs reprises : « La Chiesa è donna » (« L’Église est une femme »). Mais pas plus que la veille à la KULeuven, l’université flamande de Louvain, il n’a fait un geste pour les LGBTQ+. Il a préféré encourager les étudiants dans l’étude qui mène à la vérité. « Si nous renonçons à chercher ensemble la vérité, l’étude devient un instrument de pouvoir, de contrôle sur les autres. Elle ne sert pas, mais domine », a déclaré le Pape.

Une vieille dispute

En fin de compte, la rencontre du Pape et des descendants de l’Universitas Lovaniensis restera marquée du sceau de l’apaisement. Les plus anciens se souviennent qu’en 1985, lors de la première visite de Jean-Paul II en Belgique, le chaud et le froid soufflaient sur les terres néo-louvanistes. Véronique Oruba, première femme à présider l’Assemblée générale des étudiants de Louvain (AGL), est sortie du discours préformaté qu’elle devait lire au souverain pontife pour adresser une série de réflexions critiques. Elle s’était écartée de la place de la femme dans l’Église, de l’avortement et de la contraception. À l’époque, le sida faisait des ravages et l’Église condamnait le préservatif. Depuis Benoît XVI, il admet que cette protection peut être utile pour lutter contre les maladies, mais doit rester interdite comme moyen de contraception.

Pour mémoire, Jean-Paul II avait embrassé l’étudiant qui ne s’attendait pas à autant d’indulgence. Mais l’université, alors dirigée par Mgr Massaux, dernier prélat à la diriger, l’avait rayé de ses listes. Elle dut attendre le prochain recteur pour reprendre ses études.

Samedi, la visite de François en terres néo-louvanistes a clôturé le chapitre universitaire de son voyage. La veille, il s’était rendu à la KULeuven, de l’autre côté de la frontière linguistique, pour participer également aux célébrations liées au 600e anniversaire de l’université. En 1968, le Walen Buiten entraîne la séparation des sections flamande et francophone. Le premier resta en Flandre, tandis que le second s’installa dans les terres agricoles de la commune brabançonne d’Ottignies pour fonder Louvain-la-Neuve.

Le pape est en visite en Belgique jusqu’à dimanche. © PHOTO : Médias du Vatican

Depuis, les deux universités ont fait la paix, tout en veillant jalousement à leur spécificité. L’UCLouvain (anciennement UCL) a conservé le « C » de catholique dans son nom, par pure tradition. Elle n’apparaît pas dans « Université de Louvain », son nom international.

39 000 personnes attendues ce dimanche au stade Roi Baudouin

Après les aspects officiels et académiques, il reste au Pape à clôturer le chapitre pastoral de sa visite. Il présidera la grand-messe qui doit se tenir ce dimanche à partir de 10 heures au stade Roi Baudouin, l’arène bruxelloise plus connue pour ses concerts de rock et ses matchs internationaux de football. 39 000 personnes attendent autour de la pelouse placée pour l’occasion sous haute protection. Ils espèrent que François leur enverra un de ces messages qui les aideront à traverser les temps.

Samedi matin, le pape a peut-être donné un avant-goût de ses intentions en visitant la tombe du roi Baudouin, décédé en 1993. Il a rendu hommage au souverain belge qui, a-t-il commenté, a eu le « courage » de s’élever contre « une politique meurtrière ». loi”.

Baudouin est en effet resté comme le roi qui avait refusé en 1990 de signer la loi dépénalisant l’avortement. Pour mettre de côté ses problèmes de conscience, le gouvernement de l’époque l’a suspendu de ses fonctions pendant 36 heures, le temps de promulguer le texte législatif. Le roi était malade…

 
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