Le retour de Donald Trump devrait faire réfléchir la gauche française – L’Express

Le retour de Donald Trump devrait faire réfléchir la gauche française – L’Express
Le retour de Donald Trump devrait faire réfléchir la gauche française – L’Express

En 2016, Clint Eastwood expliquait qu’il n’aimait pas tout dans les idées de Donald Trump, mais qu’il en avait tellement marre que les démocrates lui disent quoi dire, quoi faire et quoi penser qu’il voterait pour lui. En 2024, Trump est clairement réélu sur les mêmes bases. Mais la gauche française – y compris ses extensions vertes et plus ou moins centristes – ne procède à aucun examen de conscience visible au moment de se demander si elle n’aurait pas commis le même genre d’erreurs que sa cousine américaine, avec la perspective d’un résultat comparable.

Mais elle devrait le faire. Car finalement, depuis longtemps, elle ne se préoccupe que de nous donner des leçons, voire de nous faire la leçon. Ses racines plongent dans une sorte de terreau pédagogique, un tantinet complaisant, qui n’a cessé de remonter vers la surface. Ainsi, elle nous juge du soir au matin : pour ne pas être assez attentifs au climat, à la biodiversité, aux problèmes identitaires, à la « souffrance » (indistinct) des uns et des autres, à la pauvreté méprisable de nos appétits… Seule la forme change. . Ici le mode viscéral : on dénonce, on se déclare choqué, on « se bat », on couvre l’adversaire de goudron et de plumes. Là, le mode savant : on professe en se léchant les babines que la spoliation fiscale des « riches » répond évidemment à la plus grande rationalité économique ; on explique, sans rire, à la jeunesse du pays qu’il ne faut prendre l’avion que deux fois dans sa vie. Ajoutez à cela la police de la langue, qu’on laisse massacrer sans remords pour peu que cela ne heurte aucune « sensibilité ». Et puis on réduit presque toute la vie politique à de tristes passions : la haine, le manichéisme – ne serrez pas la main du député RN –, la dénonciation des turpitudes… Bref, une armée autoproclamée d’inquisiteurs, de directeurs de conscience et de pères whippersnappers déferle. sur nos vies avec l’assurance des vainqueurs : elle « sait » que sa cupidité de faire régner l’empire du bien à grands coups d’injonctions Les principes moraux ne produiront que du bien résultats.

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La liberté d’esprit est l’enjeu du siècle

Nous aurions tort de croire que nous sommes différents des Américains. Ici aussi, les « gens » en ont marre de ce genre de choses. Au point même qu’ils sont prêts à tout lâcher, jusqu’au cœur de leurs convictions fondamentales, en matière d’environnement, de foi dans la science, d’allergie à la bêtise… Leur intolérance envers les élites a atteint des niveaux stratosphériques. Ils se précipitent avec d’autant plus d’avidité sur les médias les plus critiqués que la classe intellectuelle leur demande d’arrêter de le faire parce que ce n’est pas bon pour eux… J’en passe encore et encore. Ce n’est pas seulement que les Français n’ont plus confiance. Surtout, ils ne supportent plus d’être réprimandés. Cela les rend fous. Et la folie n’est jamais bonne conseillère dans le destin des nations.

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Nous avons le droit de nous interroger sur les effets indésirables de cette posture générale que la gauche a adoptée, depuis longtemps, pour nous apprendre à vivre comme bon lui semble. Face aux tourments politiques et civilisationnels qui s’annoncent, nous avons même le devoir de nous demander s’il ne serait pas plus protecteur et plus responsable, du strict point de vue de l’intérêt supérieur du pays, de laisser les gens tranquilles. et de renoncer à exercer sur eux cette sorte de direction morale perpétuelle dont ils réclament de moins en moins.

La liberté d’esprit est l’enjeu du siècle. Tout le corrompt : les images, les algorithmes, les réseaux sociaux, les stratégies publicitaires, l’effondrement des écoles, le retour des idéologies… Evidemment, on ne sait pas résister. La question devient donc vitale. Faut-il continuer à vouloir tenir la main du peuple pour lui apprendre à « bien » exercer sa liberté de pensée, même s’il n’en peut plus ? Ou faut-il enfin lui permettre de l’utiliser, espérer qu’il s’en trouvera apaisé et attendre qu’il développe ses propres défenses ? La deuxième option n’est pas forcément la plus folle, surtout si l’on veut éviter de devenir de parfaits Américains.

Denys de Béchillon est constitutionnaliste et professeur de droit à l’université de Pau.

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