Joseph Aoun, l’espoir après le naufrage

Joseph Aoun, l’espoir après le naufrage
Joseph Aoun, l’espoir après le naufrage

Le général Aoun n’a rien à voir avec le général Aoun. Rien du tout. Le monde veut le croire. Le Liban, surtout. Deux Aoun se succèdent à la présidence, chacun après deux ans de vacance du pouvoir, mais le nouveau s’appelle Joseph et l’autre Michel. C’est très différent. Ils gardent dans leur placard le même uniforme de commandant en chef de l’armée libanaise mais ne se ressemblent en rien.

Joseph n’a pas besoin d’épaulettes pour avoir de la carrure, ni de talon pour regarder ses interlocuteurs en face. Il est fort et son crâne ressemble à une boule de billard. L’autre était rabougri et chauve. Tous deux sont sobres dans leur expression mais Joseph se tait, tandis que Michel est bilieux. C’est képi fleuri et képi fleuri mais les Libanais soulignent leurs différences. Le nouveau président est l’espoir d’une renaissance de l’État au Liban. L’aîné l’avait enterré.

Une envie de rompre

Ils ont une chose en commun. Au premier tour, Joseph a obtenu 71 voix alors qu’il en avait besoin de 86. Il a raté les voix du Hezbollah et de ses alliés. Nous aurions pu le laisser là. Pendant deux ans, le président du Parlement, l’inamovible Nabih Berri, y est resté, empêchant l’élection à la majorité simple d’un chef d’Etat non désiré par les Iraniens. Israël a dû décapiter le Hezbollah et raser la moitié du pays chiite pour pouvoir accepter un second tour. La séance a toutefois été interrompue le temps que Joseph Aoun s’entretienne avec le Hezbollah. Ensuite, le candidat porté par les Américains et les Français, les Saoudiens et les Qataris, a été élu par le parlement « souverain ». La garde présidentielle a eu lieu, l’hymne national a retenti, Joseph a prêté serment. Les députés se sont levés pour lui faire une ovation. Pas ceux du Hezbollah, il ne faut pas exagérer.

Le nouveau président défend le droit de l’État à avoir le monopole des armes

Dans son discours, le nouveau président défend le droit de l’Etat au monopole des armes. Il jure que la trêve signée avec Israël sera respectée. Tout cela démontre une volonté de rupture. Les Libanais en demandent plus. Il y a plus à faire. Nous pouvons au moins célébrer le retour du Liban dans la sphère d’influence occidentale.

Capitale de résilience

Les Libanais ont souvent cru à la fin du cauchemar. Quand Arafat s’enfuit avec ses feddayin. Quand Bachir Gemayel parlait comme le président de tout le peuple libanais. Lorsque les accords de Taif ont mis fin à la guerre civile. Quand Rafik Hariri reconstruisit le centre-ville. Quand Hafez al-Assad est mort. Quand son fils Bachar ouvre une ambassade au Liban. Quand il est tombé. Quand le printemps des cèdres a fleuri. Quand la pauvreté a ramené les manifestants dans la rue à l’automne 2019. Et même quand le port a explosé, dévastant la capitale.

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Beyrouth est la capitale de la résilience. Les Libanais, le seul peuple qui reconstruit pendant que la canonnade continue. Qui soutient la catastrophe, pourvu que le début vienne. Qui évite les coups d’État militaires en élisant successivement quatre chefs d’armée, plutôt qu’un représentant de la classe politique corrompue.

Mais le plus grand espoir déçu remonte à vingt ans, à la mort de Rafik Hariri. Dans l’avion qui le ramenait d’exil, Michel Aoun était un sauveur. Les représentants de toutes les puissances l’attendaient au garde-à-vous. La foule s’est rassemblée place des Canons. La ferveur était immense. On aurait cru célébrer l’indépendance du pays des cèdres. En réalité, c’est un fossoyeur qui s’est présenté. Michel Aoun n’était pas le De Gaulle qu’il prétendait être. Il a gouverné comme Pétain, avec en plus la corruption. Il a couvert l’occupation iranienne.

Un général peut en cacher un autre. C’est à Joseph d’identifier ce que Michel a ruiné. C’est un travail de titan qui l’attend.

 
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