A la suite d’une nouvelle opération menée par les enquêteurs et la police, le président sud-coréen démis, Yoon Suk Yeol, a finalement été interpellé mercredi 15 janvier, vers 10h30 heure locale (14h30 à Paris) à son domicile. Dans la foulée, des agents du Corruption Investigation Office (CIO) ont commencé à l’interroger dans leurs locaux sur sa tentative ratée d’imposer la loi martiale début décembre.
Suspendu par les députés et visé par une enquête pour « rébellion » pour son coup d’État, le leader conservateur avait jusqu’ici toujours refusé de s’expliquer, poussant les procureurs à recourir à des mandats d’arrêt. Jamais auparavant un chef d’État en exercice n’avait été arrêté en Corée du Sud.
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Yoon Suk Yeol peut être détenu pendant 48 heures en vertu du mandat d’arrêt actuel. Les enquêteurs devront en redemander pour éventuellement prolonger sa détention.
«J’ai décidé de répondre au Bureau d’enquête sur la corruption»M. Yoon l’a annoncé dans un message vidéo, ajoutant qu’il ne reconnaissait pas la légalité de l’enquête mais qu’il s’y soumettait. « pour éviter toute effusion de sang malheureuse ».
« Un premier pas vers le retour de la démocratie »
Les collaborateurs du CIO, accompagnés de la police, avaient lancé leur deuxième tentative d’arrestation du leader bien avant l’aube. De brèves altercations ont d’abord éclaté devant le portail de la résidence, où campaient des milliers de partisans déterminés à défendre M. Yoon, certains scandant « Mandat illégal ! »selon l’Agence - (AFP).
L’agence Yonhap a rapporté un « impasse » avec le Service de sécurité présidentielle (PSS), chargé de protéger les chefs d’État. Le PSS a déjà échoué une première tentative, le 3 janvier.
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Les enquêteurs, qui avaient prévenu qu’ils appréhenderaient quiconque les gênerait, ont été pris en flagrant délit. “confrontation physique alors qu’ils tentent[yaient] entrer de force dans la résidence présidentielle »», a déclaré Yonhap, sans préciser qui était impliqué dans le camp adverse. Les coups de poing ont volé des deux côtés, selon un journaliste de l’AFP. Au moins une personne a été blessée après une chute lors de cette altercation et a été exfiltrée par les pompiers, selon des images télévisées.
Les équipes du CIO et de la police ont finalement dû escalader le mur d’enceinte à l’aide d’échelles avant de franchir les barrages routiers à l’intérieur du site. Alors qu’ils avançaient vers la porte d’entrée de la résidence présidentielle, la police a arrêté le chef par intérim du PSS, selon Yonhap. Une trentaine de députés du Parti du pouvoir du peuple (PPP) de M. Yoon étaient également sur place pour protéger leur chef, a indiqué l’agence.
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« L’arrestation de Yoon Suk Yeol est le premier pas vers le retour de l’ordre constitutionnel, de la démocratie et de l’État de droit »a déclaré Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate au Parlement, le principal parti d’opposition.
Chaos politique
M. Yoon, 64 ans, risque son mandat pour avoir brièvement instauré la loi martiale le 3 décembre, mesure choc qui rappelle les heures sombres de la dictature militaire. Il l’a ensuite justifié par sa volonté de protéger le pays des « Forces communistes nord-coréennes » et« éliminer les éléments hostiles à l’État ».
Dans un Parlement entouré de militaires, un nombre suffisant de députés ont rapidement contrecarré ses plans en votant un texte réclamant la levée de cet état d’exception. Mis sous pression par des élus, par des milliers de manifestants pro-démocratie et contraint par la Constitution, M. Yoon a dû s’y plier.
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Le pays est plongé dans le chaos politique depuis le coup d’État de M. Yoon, suspendu le 14 décembre après que l’Assemblée nationale a adopté une motion de destitution contre lui. Le mandat d’arrêt des enquêteurs du CIO a été renouvelé quelques jours après la première tentative d’arrestation du 3 janvier, interrompue après six heures de face-à-face tendu avec les services de sécurité présidentielle.
Le procès commence
Pour cette deuxième descente, qui s’annonçait extrêmement tendue, les policiers avaient décidé de ne pas porter d’armes à feu, se limitant à des gilets pare-balles, expliquent les médias locaux. Les agents de protection de Yoon Suk Yeol renforçaient depuis plusieurs jours les défenses de sa maison avec des barbelés et des barrières de bus bloquant l’entrée.
Mardi, la Cour constitutionnelle a officiellement lancé le procès en destitution du leader conservateur, avec une première audience très courte. M. Yoon ne s’est pas présenté, citant « préoccupations » concernant la sécurité. Le procès se poursuivra même sans lui, avec une deuxième audience prévue jeudi.
Le tribunal a jusqu’à la mi-juin pour décider de l’avenir de Yoon Suk Yeol, toujours officiellement président en attendant le verdict. Le tribunal peut soit le révoquer définitivement, soit le réintégrer dans ses fonctions. Si elle choisit la première option, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les soixante jours.