Papy résiste toujours. Pour ceux qui l’auraient oublié, Gaël Monfils est encore à ce jour le dernier Français chez les hommes à avoir atteint les quarts de finale d’un Grand Chelem à Melbourne il y a à peine trois ans. Et ce mardi, il a imposé sa loi à l’un des trois meilleurs jeunes Bleus qui aspirent à lui succéder, Giovanni Mpetshi Perricard, qui est d’ailleurs au bout de cinq sets (7-6, 6-3, 6-7, 6- 7, 6-4). “je ne pense pas qu’il ait 38 ans», s’est amusé son jeune compatriote en conférence de presse, admiratif.
Après son 13e titre à Auckland, La Monf’ semble se relooker une nouvelle fois. Comme s’il avait dix ressorts de moins au compteur. “J’aimerais pouvoir dire ça, mais je me sens tout simplement incroyable. Je ne regarde pas vraiment mon âge. C’est juste un numéro. Mais je peux te dire que demain matin, j’aurai plus 48 que 38il a souri aux journalistes. Honnêtement, c’est plutôt vous qui en parlez. Je fais de mon mieux. Je sais que je vieillis un peu, mais je fais de mon mieux. Je pense que j’ai 21 ans et Giovanni a 21 ans. Bien sûr, les chiffres sont là, mais je me bats.»
Monfils, les montagnes russes contre Mpetshi Perricard : le grand format en vidéo
Crédit vidéo : Eurosport
J’ai beaucoup d’expérience de ces matchs
Et il prospère toujours au combat. Ce premier tour, Monfils aurait pu (dû) gagner en trois sets, mais il a laissé filer deux premières balles de match lors du tie-break du troisième acte. Et après avoir vu trois autres occasions de ravir le service adverse lui glisser sous le nez en début de quatrième, il a de nouveau cédé dans le jeu décisif. Il fallait tout refaire, la dynamique était défavorable et la frustration devait être maximale face à un tel géant dont la confiance montait en flèche. Ajoutez à cela le poids de ses années et on ne voit pas vraiment comment il pourrait s’en sortir. Et pourtant…
“J’ai eu des hauts et des bas physiquement. J’ai beaucoup d’expérience de ces matches. En général, j’étais très content de la façon dont j’ai réagi physiquement, de la façon dont j’ai maintenu ma concentration. C’est l’essentiel. Je pense que certains font une erreur de ce point de vue lorsqu’ils ont affaire à ces gros serveurs. Lorsque vous affrontez des gars comme Giovanni, John (Isner, aujourd’hui à la retraite), Reilly (Opelka), l’accent doit être mis avant tout sur votre service.. Il faut essayer de ne pas avoir à sauver un point de break en fait, car on est vraiment sous pression si c’est le cas. Aujourd’hui, j’ai pu le faire sur mes jeux de service, avec quelques points de chance qui m’aident aussi“, a-t-il analysé avec lucidité.
Même s’il n’a peut-être plus ses jambes de 20 ans, Monfils reste un sacré athlète. Et avec toutes ces années sur le circuit derrière lui, il sait identifier les moments clés d’un match en cinq sets. C’est évidemment moins le cas de Mpetshi Perricard qui n’atteint la fin du format long que pour la 4ème fois de sa carrière (3 défaites pour une victoire désormais). Paradoxalement, c’est parfois lorsque nous pensons avoir fait le plus dur que nous sommes le plus vulnérables. A l’entame du 5ème set, “GMP” commettait deux doubles fautes sur son premier jeu de service et Monfils s’efforçait de le faire jouer pour obtenir ce break finalement décisif.
Mahut : « Giovanni va apprendre beaucoup de sa défaite face à Gaël »
Crédit vidéo : Eurosport
Tout me rend heureux maintenant, je n’ai plus de pression
Après leur combat infernal, les deux hommes ont également été aperçus côte à côte sur des vélos de dépannage pour ce qui ressemblait à un débriefing. “Gaël a dû être un modèle pour Giovanni à un moment donné. Beaucoup de joueurs après une défaite comme celle-là ne feront pas leur récupération sur le vélo, encore moins discuter avec leur adversairea observé notre consultant Nicolas Mahut au Tennis Club Eurosport. Ce qui sera intéressant pour lui, c’est d’avoir le retour de Gaël, ce qu’il a ressenti sur ce match. Aujourd’hui, à 38 ans, Gaël est dans une position où il peut partager son expérience et lui faire gagner du temps. Il ne faut pas oublier que Giovanni était au même moment au-dessus de la 200ème place mondiale. Il faut lui laisser du temps et cette défaite lui fera du bien.»
Monfils, de son côté, poursuit son parcours dans cet Open d’Australie. Et il a d’autant plus de mérite qu’il a joué toute la semaine précédant le premier Majeur de l’année, mais on sait combien il est difficile de continuer ainsi, surtout à 38 ans. Mais le vieux vétéran s’en fiche : avec cette 6e victoire d’affilée, il entretient une dynamique qui pourrait l’emmener vers un 3e tour théorique face à Taylor Fritz.
“J’ai travaillé assez dur. Quand tu gagnes un, deux, trois matches, tu es content et tu as envie de continuer dans cette direction. J’adore la compétition. Honnêtement, tout me rend heureux maintenant, et c’est peut-être pour cela que je prends les choses avec plus de douceur, a-t-il ajouté. Si je perds, j’attends quelques jours, j’ai de la chance d’être là, ma femme joue et ma fille m’attend. Je suis heureux de ma vie. J’ai gagné et j’ai une autre opportunité de jouer dans un stade plus grand. Tout est une victoire pour moi maintenant, je n’ai plus de pression.» Et un Monfils libéré, même à 38 ans, n’est un cadeau pour personne.