Après avoir fait au moins 24 morts, les incendies se sont poursuivis en Californie ce lundi 13 janvier. Des milliers d’habitants ont perdu leur logement et sont contraints de chercher un logement en location, non sans difficulté.
Alors que certains Californiens ont perdu leur maison dans les incendies de Los Angeles, certains propriétaires sont accusés de profiter de la situation. Au point que le procureur général de l’État, Rob Bonta, a dû rappeler samedi 11 janvier que les prix abusifs étaient strictement interdits en Californie et punissables par la loi.
Débutés mardi 7 janvier, les incendies continuent de faire rage à Los Angeles et ont fait au moins 24 morts, selon le dernier bilan des autorités. Ils ont également détruit plus de 12 000 bâtiments, selon l’agence de presse américaine Associated Press, et forcé plus de 150 000 personnes à fuir leurs foyers.
En attendant de nouveaux logements stables, de nombreux Américains recherchent des locations. Mais depuis le début des incendies, de nombreux témoignages parlent d’une hausse brutale des prix des loyers dans la région de Los Angeles.
« Complètement fou »
Maya Lieberman, une Américaine de 50 ans, a vu sa maison du quartier de Pacific Palisades à Los Angeles partir en fumée. Encore marquée par cette perte soudaine, elle a confié à l’Agence - (AFP) ses difficultés à trouver un nouveau logement.
«C’est complètement fou», explique-t-elle. “Nous avons postulé pour une maison à Venice (quartier de Los Angeles, ndlr) qui était annoncée à 17 000 dollars par mois, et ils nous ont dit que si nous ne payions pas 30 000 dollars, nous ne l’aurions pas”, s’indigne-t-elle.
“Ils m’ont dit qu’il y avait des gens prêts à surenchérir et à payer cash”, ajoute la femme qui réside temporairement à l’hôtel.
Les loueurs « profitent » de la situation
Le quinquagénaire est loin d’être le seul dans cette situation. Une agente immobilière à Los Angeles, Laura Kate Jones, a déclaré au New York Times que vendredi dernier, elle avait constaté une augmentation de loyer de 15 à 20 % en l’espace d’une nuit, alors qu’elle travaillait pour une famille cherchant à s’installer. reloger après les incendies. Une hausse soudaine des prix à laquelle certaines familles cèdent.
« Les gens sont tellement inquiets et désespérés à l’idée d’acheter une maison qu’ils jettent l’argent par les fenêtres », assure l’agent immobilier.
« Les (locataires) en profitent. C’est terrible», déplore-t-elle.
Sur le site d’annonces immobilières Zillow, les tarifs de diverses locations situées à l’ouest de Los Angeles ont en effet augmenté de 10 à 15 % en quelques jours, quand une simple chambre à louer dans le quartier de Venice avait vu son prix augmenter. grimper de 64% en quelques jours, note le média américain.
Un marché locatif restreint
La recherche de nouveaux logements s’annonce complexe pour de nombreux habitants, même si avant les incendies, le marché locatif était déjà limité à Los Angeles, les loyers ayant doublé en dix ans.
-De quoi inquiéter Brian, un retraité qui vivait depuis 20 ans à Pacific Palisades, dans un studio où le loyer était plafonné, mais qui a tout perdu dans les incendies. « Je suis à nouveau sur le marché avec des dizaines de milliers de personnes. Cela n’augure rien de bon», soupire-t-il auprès de l’AFP.
Conscient des difficultés, le Californien estime qu’il « devra probablement déménager plus à l’intérieur des terres, à Sherman Oaks ou Studio City » pour trouver un loyer abordable.
L’inflation des loyers passible d’un an de prison
Samedi 11 janvier, le procureur général de l’État a mis en garde les propriétaires peu scrupuleux, rappelant que le gonflage artificiel constitue un « délit passible d’un an de prison et de 10 000 dollars d’amende ».
En effet, en Californie, la loi prévoit que lorsqu’un état d’urgence est déclaré, comme c’est le cas actuellement en lien avec les incendies, les prix ne peuvent augmenter que de 10 % maximum pendant une période de plusieurs mois dans de nombreux secteurs, dont l’immobilier. de location.
En raison des incendies, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a signé dimanche un décret prolongeant cette mesure jusqu’en janvier 2026.
Pas une première
Dans le viseur des autorités notamment, les plateformes de location, comme AirBnb, où les prix sont fixés en fonction de la demande et peuvent donc brusquement augmenter et ne plus respecter la législation.
Pour le directeur du Ziman Center for Real Estate de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), Stuart Gabriel, la hausse des prix de l’immobilier n’est pas une première après une catastrophe de ce type et il assure qu’elle est même inévitable dans en cas de mouvements massifs de population.
“C’est immédiat”, a-t-il déclaré au LA Times, ajoutant que le phénomène reste “difficile à quantifier”.
La situation ne devrait pas s’améliorer puisque l’agence de presse Reuters rapporte que de nombreux assureurs se sont retirés du marché immobilier californien. En cause, les problèmes de sécheresse, de vents violents et de pénurie d’eau, devenus réguliers avec le changement climatique, favorisant les incendies.
Juliette Desmonceaux avec des agences