Le ralentissement de l’inflation et la météo pourraient pousser les Français à sortir leur portefeuille lors des soldes d’hiver qui s’ouvrent mercredi 8 janvier, malgré les incertitudes liées au contexte politique et à la concurrence des plateformes internet.
“On peut penser que les soldes d’hiver vont fonctionner”
« Est-ce qu’il va y avoir un engouement ou pas ? », demande Fabien Lignelet, gérant du magasin Sandro du centre commercial Les Halles à Paris. Les ventes privées « fonctionnent plutôt bien par rapport à l’année dernière. Voyons ce que nous apportera la première semaine de ventes réelles », ajoute-t-il. Le début de l’hiver « plus frais » que les années précédentes pourrait inciter les consommateurs à dépenser pour de nouveaux pulls et autres vêtements chauds.
« L’inflation a baissé, les taxes sur l’électricité vont être réduites, il y a donc un peu plus de marge de manœuvre pour les consommateurs pour se faire plaisir »
“On peut penser que les soldes d’hiver vont marcher” cette année, estime Laure Brunet-Ruinart de Brimont, déléguée générale de la Confédération des commerçants de France (CDF), qui regroupe 23 fédérations d’entreprises indépendantes.
Un ralentissement de l’inflation pourrait également stimuler les achats. Dans le secteur de la mode, les prix n’ont augmenté que de 1% en 2024, contre 3% en 2023 et 6% en 2022, selon l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM). “Aujourd’hui, le pire est derrière nous”, a déclaré Yohann Petiot, directeur de l’Alliance du Commerce, qui représente les enseignes des grands magasins. “L’inflation a baissé, les taxes sur l’électricité vont être réduites, donc il y a un peu plus de marge de manœuvre pour que les consommateurs se fassent plaisir”, poursuit-il.
Des prix flous
“Je suis étudiante, donc même si les soldes font baisser les prix, ça reste beaucoup trop cher”, explique Elora Bonnemye, 20 ans, qui ne compte aller aux soldes que pour acheter ses vêtements de ski.
« Nous achetons quand nous en avons besoin et nous ne cédons plus à l’achat impulsif, qui semble presque appartenir au passé.
Black Friday, seconde main, ventes privées, sites de mode ultra fast… Les consommateurs se voient aujourd’hui proposer toute l’année des articles de mode à petits prix, souligne Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique IFM. « La perception du prix est donc quelque peu floue », explique-t-il. Ce phénomène peut même conduire à une rationalisation des comportements, selon lui. « Nous achetons quand nous en avons besoin et nous ne cédons plus à l’achat impulsif, qui semble presque appartenir au passé. (…) Cela veut dire qu’on ne va pas faire des choses folles pendant les soldes”, explique l’économiste.
D’autant que les soldes d’hiver, qui se termineront le 4 février, pourraient pâtir du contexte politique. L’absence de budget 2025 alimente l’incertitude des ménages, mais l’habillement est un poste de dépense qui “n’est pas la priorité des consommateurs quand il y a un environnement économique défavorable, instable et avec très peu de visibilité”, souligne l’expert. 58% des plus petits commerçants se disent inquiets des répercussions de la crise politique sur leur activité, selon une enquête réalisée par le SDI, syndicat qui représente 25 000 TPE en France, dont de nombreux commerçants.
«De grandes attentes»
Les fédérations se veulent plus optimistes. “Nous n’avons pas affaire à des sommes aussi élevées que lorsque nous achetons un canapé ou une maison.” Acheter des vêtements est “encore moins engageant” pour le consommateur, donc le secteur de la mode est moins exposé aux “bouleversements politiques”, explique Yohann Petiot, qui reconnaît néanmoins un “climat qui reste extrêmement fragile”. “Je crois que nous sommes capables de surmonter cette instabilité”, reconnaît Yann Rivoallan, président de la fédération du prêt-à-porter féminin, qui représente 600 marques françaises.
Pour lui, les soldes sont loin d’être devenues obsolètes, il affirme même qu’il y a encore une “attente forte” de la part des commerçants, il souhaiterait que la date de lancement soit décalée “vers la fin de l’hiver”. Jugeant cette date trop proche de Noël, « lourde financièrement pour les ménages », et trop prématurée pour déstocker, le CDF a également appelé mardi dans un communiqué à « décaler le début des soldes d’hiver au dernier mercredi de janvier » pour « préserver l’attractivité du commerce.
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