Trois plaintes déposées pour viol avec administration de substances nocives. Et un homme seul qui se débat dans une enquête policière que tout le monde accuse. Les deux nuits du 13 au 15 décembre passées dans un hôtel pas cher de Tours-Nord l’ont propulsé dans l’univers du « chemsex », cette pratique consistant à prendre de la drogue et à avoir des relations sexuelles entre hommes pendant plusieurs heures.
La Nouvelle République est en mesure d’affirmer qu’un Tourangeau de 24 ans a été découvert allongé nu dans une chambre de l’établissement hôtelier le 15 décembre 2024. Inconscient mais vivant, il était recroquevillé en position fœtale sur le lit, rapporte la relief. .
Drogues, scatophilie et rats morts dans la chambre 11
Des faits qui s’écrivent dans le décor répugnant de la salle 11, recouvert de traces de ce qui semble être des excréments. Au sol, de l’urine et des préservatifs usagés. Des résidus de poudre blanche salissent également la table de chevet.
«Quand j’ai essayé de réveiller Laurent [avant de partir, NDLR]Je voulais m’assurer qu’il allait bien, mais il était dans un tel état… Bastien a pu échanger avec les enquêteurs. J’ai réussi à le porter jusqu’à la douche mais rien n’a fonctionné. Là, j’ai appelé les pompiers. »
Derrière ces propos se cachent les scénarios de deux nuits d’orgie durant lesquelles se mélangent 3MMC (1), cocaïne, scatophilie et zoophilie. Ils veulent dire que « Kamel », désigné par ce pseudonyme comme l’organisateur des soirées, est en détention provisoire depuis le 24 décembre 2024, confirme la procureure de Tours, Catherine Sorita-Minard.
« Le principe est d’arriver au lieu de rendez-vous et de renifler aussitôt pour atteindre l’étourdissement et être décomplexé sexuellement entre hommes »témoigne l’un des participants, rencontré sur une application destinée aux personnes recherchant des relations homosexuelles. Aux commandes, Morad B., 48 ans, que les enquêtes soupçonnent d’avoir violé et drogué ses conquêtes nocturnes, âgées entre 23 et 42 ans.
“J’ai vite compris que ce n’était pas un sextoy”
« Il m’a montré l’objet avec lequel j’étais d’accord et au dernier moment il a pris soit les rats [morts et découpés, NDLR], soit les poupéesregrette un plaignant, qui se dit aujourd’hui traumatisé, choqué et blessé. A la sensation, j’ai vite compris que ce n’était pas un sextoy [qui avait été introduit]J’ai avancé, le rat est sorti. » Pour cela, il a dit non, assure-t-il.
Les détails, bruts, semblent difficiles à inventer. Ils remettent en question la notion de consentement des plaignants, qui évoquent notamment à la fin de cet étonnant cocktail un « black-out total » après avoir bu un verre d’eau «goût très particulier».
Ces accusations sont farouchement contestées par Morad B. Selon lui, elles viennent de l’imagination des invités, qui n’assumeraient pas les excès atteints lors de ces « fêtes ». “Ce sont des accros, ils étaient défoncés et puis ils l’ont regretté”Morad B. aurait dit en substance lors de sa garde à vue. S’il concède « j’aime humilier et choquer »l’accusé assure qu’il n’a jamais agi sans l’accord de ses invités.
L’information judiciaire ouverte, l’enquête se poursuit sous la direction d’un juge d’instruction. S’il devait être poursuivi devant un tribunal correctionnel départemental, Morad B. encourrait jusqu’à vingt ans de prison.
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