Rédoine Faïd a-t-il encore tenté de s’enfuir ? Détenu au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas de Calais), le braqueur récidiviste de 52 ans est en garde à vue depuis mardi matin, selon une information de RTL confirmée au Parisien. Le détenu numéro 1016, placé à l’isolement depuis 2011, est actuellement entendu par la PJ de Versailles (Yvelines). Selon nos informations, le détenu serait soupçonné de deux projets d’évasion en 2021 et 2023 alors qu’il se trouvait à Vendin-le-Vieil puis au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis (Essonne) en attendant son procès pour sa spectaculaire évasion en hélicoptère, en 2018, de la prison de Réau. A l’époque, Rédoine Faïd avait été subitement changé de prison sans que l’on comprenne pourquoi.
Le détenu pourrait être présenté devant un juge d’instruction ce vendredi. Contactée, son avocate, Me Salomé Cohen, n’a pas souhaité faire de commentaire. Dans l’entourage du détenu, la plus grande prudence est recommandée, “au vu de l’acharnement de l’administration pénitentiaire à son égard”.
PODCAST. Vols, prison, évasions… la spirale infernale de Rédoine Faïd
Rédoine Faïd est connu pour avoir réussi à s’évader de prison à deux reprises, en 2013 avec un explosif puis en 2018 par hélicoptère. En 2023, il est condamné à 14 ans de prison pour son évasion en juillet 2018 de la prison de Réau. Il purgeait déjà des peines pour des braquages, dont l’un a coûté la vie à un policier municipal sans que Rédoine Faïd ne soit reconnu coupable. Depuis, le détenu ne cesse de dénoncer ses conditions d’incarcération. Le 10 décembre 2024, Rédoine Faïd entame une grève de la faim pour contester le refus de lever son isolement en prison, qu’il juge injuste. Sa grève de la faim a pris fin cinq jours plus tard. Depuis plusieurs années, le détenu réclamait des parloirs « normaux » sans hygiaphone, ainsi que l’unité de vie familiale.
Le 2 décembre, sa demande de levée du régime a été rejetée par la chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Douai, qui a estimé qu’il ne souffrait pas de conditions de détention indignes. Un jugement qui contredisait la décision d’un juge des peines de lever son isolement qui portait selon elle « atteinte à la dignité humaine ». Le parquet a alors fait appel.
« Cela fait onze ans que je n’ai touché personne. Aucun détenu n’a subi un tel traitement », nous confiait le détenu en novembre 2023 lors de notre visite à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. « Je ne me considère ni comme un héros ni comme un Robin des Bois. Il est normal d’être condamné pour évasion. Mais ils m’ont placé en haut de l’échelle des peines. De tous les détenus qui se sont évadés ces trente dernières années par hélicoptère, je prends la peine la plus longue. Cependant, il n’y a eu ni blessé ni mort. J’ai été libéré à 74 ans (en 2046)avec cette conviction, cela me renvoie à 88 ans. »
S’il a plaisanté en soulignant qu’il allait « finir en Ehpad », Rédoine Faïd a ajouté avec sérieux et incompréhension : « Une phrase doit avoir un sens. J’ai été condamné à trente-cinq ans (dix ans pour l’évasion de Sequedin, vingt-cinq ans pour le braquage de Villiers-sur-Marne). A quoi ça sert de me condamner à cinquante ans ? Je n’ai pas de sang sur les mains. Quel est le message ? C’est ridicule. En fait, c’est ma personnalité qui pose problème. »