En 2018, la femelle a parcouru plus de 1 600 km en poussant le corps de son petit pendant 17 jours. Elle a également donné naissance à deux autres petits, toujours en vie. Avant de perdre son quatrième bébé, au large des États-Unis.
C’est une triste nouvelle pour le Whale Research Center, basé dans l’État de Washington, aux États-Unis. Depuis le 20 décembre, les spécialistes ont repéré une orque nageant avec son bébé mort. Un comportement déjà observé chez la même femelle bien connue des chercheurs sous le nom de Tahlequah, en 2018, après la perte d’un précédent petit, rapporte le journal britannique. Le Gardien . À l’époque, elle avait parcouru plus de 1 000 milles en poussant le corps de son veau pendant 17 jours.
Une perte « dévastatrice »
Le centre de recherche a partagé la triste nouvelle sur son compte Instagram ce mercredi 1est janvier, indiquant que l’orque de 26 ans et son défunt petit ont été aperçus dans la région de Puget Sound, une baie de l’océan Pacifique au nord-ouest des États-Unis, deux jours plus tôt. Comme en 2018, le veau, connu sous le nom de « J61 », était une petite femelle. « La mort d’un veau est une perte énorme, mais la mort de J61 est particulièrement dévastatrice, non seulement parce qu’il s’agissait d’une femelle, qui aurait pu un jour diriger sa propre lignée, mais aussi à cause de l’histoire de sa mère (…). Toute l’équipe du Whale Research Center est profondément attristée par cette nouvelle.écrivent les spécialistes.
En plus de son bébé perdu en 2018, Tahlequah a donné naissance à un autre petit en 2010, puis à un troisième en 2020. Tous deux sont toujours en vie et en bonne santé. Le 23 décembre, dans un précédent post informant que Tahlequah était bien la mère du nouveau-né J61, les chercheurs se montraient pourtant prudents. « Le début de la vie des veaux est toujours dangereux, avec un taux de mortalité très élevé la première année. J35 [autre nom de Tahlequah, NDLR] est une maman expérimentée et nous espérons qu’elle saura garder J61 en vie pendant ces premiers jours difficiles”ont indiqué les scientifiques.
Les orques vivent dans une zone très polluée
Il y a six ans, lorsque son autre petit est mort, le comportement de la mère orque a intrigué les experts. A l’époque, Christophe Guinet, chercheur au CNRS au Centre d’études biologiques de Chizé (Deux-Sèvres) expliquait à Figaro : « Que les mammifères marins prennent soin de leurs morts, c’est quelque chose que nous avons déjà vu et que nous savons. Mais sur une si longue période, c’est du jamais vu ! D’autant que la femelle a dû manger très peu pendant tout ce temps. Même si ses camarades l’ont probablement un peu aidée en lui donnant quelques poissons.”. Les orques femelles qui viennent de mettre bas restent en permanence avec leurs petits et ne peuvent plus chasser. Ils constituent leurs réserves à l’avance et nourrissent leur progéniture avec le lait maternel. Au bout de quelques jours, ils recommencent à plonger, mais le petit reste en surface. Après plus de deux semaines, Tahlequah avait sans doute épuisé ses réserves.
Mais pour le chercheur, la raison de ce comportement était liée à l’environnement. « La zone est très polluée, de nombreux perturbateurs endocriniens sont rejetés dans l’océan. On peut envisager que sa production de prolactine [hormone qui joue un rôle dans la lactation et sur le comportement des mammifères, NDLR] a été perturbé et a contribué à modifier son comportement. Mais il est impossible de le savoir avec certitude.
Récemment, un autre comportement des orques avait attiré l’attention. Fin octobre, plusieurs orques ont été aperçues à nouveau au large des côtes de l’Etat de Washington, au nord-ouest du pays, avec des saumons morts sur la tête. Un geste déjà observé en 1987. Différentes hypothèses des scientifiques tentent de justifier ce phénomène : les orques pourraient adopter ce comportement lorsqu’elles ont attrapé trop de poissons, ou que le saumon étant peut-être trop petit pour tenir sous leur nageoire, les orques préféreraient stocker les sur la tête.