Deux marins sont portés disparus après le naufrage d’un cargo russe appartenant à une société dépendant du ministère de la Défense dans les eaux internationales de la Méditerranée, a indiqué mardi la diplomatie russe, les circonstances de l’incident restant à élucider.
Le cargo Ursa Major avec à son bord 16 membres d’équipage, tous citoyens russes, “a fait naufrage après une explosion dans sa salle des machines”, selon le communiqué du ministère.
Quatorze marins ont été secourus et transportés vers le port espagnol de Cartagena et « deux sont portés disparus », a-t-il précisé.
Selon les services espagnols de secours en mer, la Grande Ourse “a lancé un appel d’alerte” dans la nuit de lundi à mardi, à environ 105 km des côtes de la ville espagnole d’Almeria, sur fond de “mauvaises conditions météorologiques”.
Une section de la Commission d’enquête russe, l’organisme chargé des principales investigations dans le pays, a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête pour « violation des règles de sécurité » dans le transport maritime, sans plus de précisions.
Des bateaux espagnols ont été dépêchés pour prendre en charge les 14 survivants, avant qu’un navire de guerre russe ne prenne en charge les opérations de sauvetage, selon les services de secours espagnols.
© Marine portugaise/AFP Un marin surveille le cargo russe Ursa Major le 22 décembre 2024, sur une photo publiée par la marine portugaise |
Le cargo est le plus grand navire de la société Oboronloguistika, qui dépend du ministère russe de la Défense et fournit également des services de transport et de logistique civils.
L’Ursa Major et sa compagnie propriétaire ont été placées sous sanctions américaines en mai 2022, après le début de l’assaut russe en Ukraine, selon un communiqué du département d’Etat.
Oboronloguistika « répond aux besoins du ministère russe de la Défense en matière de transport, de stockage et de production de biens militaires et spéciaux », selon la même source.
Vladivostok
Des questions demeurent quant à la destination de cet énorme navire et à la raison de son voyage.
Selon Oboronloguistika, Ursa Major transportait des grues portuaires et des panneaux d’écoutille pour brise-glaces vers Vladivostok (Extrême-Orient russe).
Des conteneurs avaient également été placés sur son pont inférieur comme « poids mort », afin « d’assurer la stabilité du bateau », précise la compagnie dans un communiqué.
Les responsables espagnols des secours en mer, citant les récits des survivants, ont déclaré que le bateau transportait des conteneurs vides dans la cale et deux grues sur le pont.
Le cargo a quitté la ville de Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie) le 11 décembre et devait arriver à Vladivostok le 22 janvier, selon le site MarineTraffic.com.
Oboronloguistika a affirmé le 20 décembre que le voyage de son navire participait au développement de la « Route maritime du Nord ».
Cette route maritime de l’Arctique est développée depuis des années par la Russie, qui espère l’utiliser comme un nouveau circuit commercial reliant l’Europe et l’Asie, notamment pour acheminer ses hydrocarbures.
Syrie
Les renseignements militaires ukrainiens (GUR) ont néanmoins affirmé lundi, avant le naufrage du navire, qu’un cargo russe baptisé Sparta avait rencontré un problème technique au large du Portugal.
La Grande Ourse s’appelait autrefois Sparte III, selon le site Oboronloguistika. Les informations ukrainiennes n’ont cependant pas été confirmées et il pourrait s’agir de deux navires différents, car Oboronloguistika possède également un autre bateau nommé Sparta.
Le cargo Sparta mentionné par les renseignements ukrainiens se dirigeait vers la Syrie afin d’évacuer « des armes et du matériel », selon le GUR.
Moscou dispose de deux bases militaires en Syrie, la base navale de Tartous et l’aérodrome militaire de Hmeimim. Ces infrastructures sont essentielles car elles permettent à la Russie de mener des opérations au Moyen-Orient, dans le bassin méditerranéen et jusqu’en Afrique.
La fuite de Bachar al-Assad, renversé en décembre et réfugié à Moscou, a porté un coup dur aux ambitions russes, d’autant qu’elle illustre aussi l’affaiblissement de son allié régional, l’Iran.
Le sort des bases russes en Syrie n’est depuis toujours pas résolu.
Le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, a déclaré lundi que Moscou était en contact avec les nouvelles autorités syriennes, “notamment au niveau militaire”.
“Beaucoup de choses ne sont pas encore claires”, a-t-il déclaré aux journalistes.
Les renseignements militaires ukrainiens ont affirmé que la Russie avait « commencé à transporter par voie maritime une partie de ses armes et équipements du port de Tartous vers la Libye ».