La ministre sortante Catherine Vautrin, sarkozyste de droite « libérale et sociale », retrouve un grand ministère élargi du Travail, de la Santé, de la Solidarité et de la Famille qu’elle dirigeait déjà il y a près d’un an.
Rompu aux arcanes du pouvoir, cet ex-Chiraquien de 64 ans avait occupé un poste quasiment similaire de janvier à septembre avant de prendre le portefeuille des Territoires sous le gouvernement Barnier.
À la tête du grand ministère du gouvernement Attal, elle avait notamment mis sur le devant de la scène le projet de loi sur la fin de vie, dont l’examen avait été stoppé net à l’Assemblée par la dissolution en juin.
Elle avait aussi défendu une réforme de l’assurance chômage, dénoncée comme violente par les syndicats qui ont finalement pris le contrôle du sujet.
Désormais membre de Renaissance – elle était présente au Conseil national du parti début décembre – l’élue de la Marne a rejoint le gouvernement début 2024, deux ans après le fameux épisode qui lui a valu d’être déconnectée de Matignon, en faveur d’Elisabeth Borne, sous la pression des macronistes qui dénonçaient sa participation à la mobilisation contre le mariage pour tous.
De retour sur le large portefeuille qui lui avait été imaginé dans le gouvernement Attal, elle va trouver des interlocuteurs passionnés. Dès le début, les syndicats avaient douté de l’élargissement de son ministère.
Nommée fin septembre à la tête d’un grand ministère du « Partenariat avec les territoires », Catherine Vautrin apparaît comme un fidèle soldat du gouvernement Barnier.
Lors de ses déplacements, elle s’est employée à convaincre les associations d’élus du bien-fondé des cinq milliards d’euros d’économies prévus pour les collectivités en 2025, alertant notamment sur une dette qui deviendrait incontrôlable et mettrait en danger la souveraineté du pays.
Après des semaines d’arbitrage, Mme Vautrin a finalement annoncé fin novembre que la moitié des départements seraient exonérés de prélèvements sur les recettes.
Auparavant, elle a occupé plusieurs postes gouvernementaux sous la présidence de Jacques Chirac : secrétaire d’État à l’Intégration (2004), aux Personnes âgées (2004-2005), puis ministre déléguée à la Cohésion sociale (2005-2007).
« Elle a une carrière complète de parlementaire, de membre du gouvernement, d’élue locale. Elle a un tempérament naturel et de l’autorité», a souligné l’un de ses proches, le maire LR de Meaux Jean-François Copé.
« Je trouve ça très fort », appuie un exécutif macroniste. « Les partenaires l’aiment bien, elle fait un vrai travail de terrain, elle s’entend très bien avec les gens », argumente-t-il.
Issue de LR, cette élue a rejoint le macronisme début 2022. Au soir de la réélection d’Emmanuel Macron, celle qui place « le général de Gaulle, le président Chirac et Simone Veil » dans son « panthéon personnel », avait salué « une excellente nouvelle pour la France et l’Europe.
Députée de la Marne à plusieurs reprises entre 2002 et 2017, Catherine Vautrin a également été vice-présidente de l’Assemblée.
En 2012 et 2013, elle participe à des manifestations contre le mariage homosexuel et combat la loi Taubira à l’Assemblée, un engagement qui fait grincer des dents la Macronie, malgré des précédents comme celui du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Défaite lors des élections législatives de 2017 par un élu du parti présidentiel, elle se concentre depuis sur la présidence du Grand Reims, qu’elle occupe depuis 2014.
Catherine Vautrin a également eu affaire à la justice.
Elle était trésorière de l’UMP (aujourd’hui LR) lorsque l’affaire Bygmalion a éclaté sur les comptes de campagne de l’élection présidentielle du candidat Sarkozy. Cependant, elle a été innocentée en 2015 par un classement sans suite.
En 2016, elle soutient Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite et devient sa porte-parole. L’ancienne chef de l’Etat a perdu face à François Fillon, coincé dans les affaires, et qu’elle a fini par lâcher en 2017.
Avec une quinzaine d’autres élus, elle signe alors une tribune pour lui demander de se retirer de la course à l’Elysée, estimant qu’« un pacte moral est rompu » avec les soupçons sur l’emploi fictif de son épouse.
Titulaire d’un master en droit des affaires, Catherine Vautrin a notamment travaillé comme directrice marketing au sein du groupe d’assurance maladie américain Cigna, en France et au sein du département Europe.