Un retour sur le devant de la scène politique française. Élisabeth Borne et Manuel Valls, deux anciens Premiers ministres, rejoignent comme ministres d’État l’équipe gouvernementale de François Bayrou, lui-même quatrième locataire de Matignon en 2024 qui espère éviter la censure auprès des deux personnalités de droite, du centre et de gauche.
Élisabeth Borne, qui a quitté Matignon en janvier, hérite de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Manuel Valls, absent de toute fonction gouvernementale depuis son départ de Matignon en décembre 2016, hérite d’un large portefeuille où il devra notamment gérer la situation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Tous deux occupent les deuxième et troisième rangs officiels derrière François Bayrou.
Un défi pédagogique pour Borne
Élisabeth Borne, première cheffe du gouvernement du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron (2022-2024), va ainsi quitter son poste de députée du Calvados où elle avait été reconduite en juillet dernier pour accepter de nouvelles fonctions gouvernementales. Dans son livre « 20 mois à Matignon », aux éditions Flammarion, Élisabeth Borne revient sur son passage à Matignon, évoquant une période « passionnante » au service du pays mais « très dure sur le plan personnel ».
A l’occasion de la sortie de son ouvrage, elle est revenue sur ses relations parfois houleuses avec le chef de l’Etat dans les colonnes du Point, estimant ne pas comprendre sa décision de la remplacer par Gabriel Attal. «Je n’ai pas forcément compris sa décision», a confié l’ancien chef du gouvernement à nos confrères. Car la ministre estime qu’elle avait encore des choses à faire : “Je venais de rattraper un texte mal commencé (Droit de l’immigration), et j’ai voulu continuer en abordant des sujets qui me tenaient à cœur, comme la transition écologique ou l’égalité des chances », a-t-elle expliqué.
Manuel Valls : une mission délicate à l’étranger
Manuel Valls, chef du gouvernement de François Hollande (mars 2014 – mai 2016) revient avec une mission qui s’annonce stratégique. Après plusieurs années à parcourir la scène politique espagnole et française, il prend les rênes du ministère de l’Outre-mer, un portefeuille sensible dont la crise de Mayotte, sans occulter les tensions sociales persistantes en Guadeloupe ou en Nouvelle-Calédonie.
En 2018, Manuel Valls annonce son retrait de la vie politique française pour se présenter aux élections municipales de 2019 à Barcelone. Sa liste arrive quatrième et Valls est élu conseiller municipal. Par la suite, de retour en France, il se présente, sans succès, aux élections législatives de 2022 des représentants des Français établis hors de France sous l’étiquette Ensemble.
Peu de précédents
Avant Borne et Valls, seuls quatre anciens premiers ministres avaient occupé des postes gouvernementaux après leur départ de Matignon. Le dernier en date est Jean-Marc Ayrault, Premier ministre sous François Hollande, qui a pris la tête du ministère des Affaires étrangères en 2016. À Matignon de 1995 à 1997, Alain Juppé est ensuite revenu au gouvernement comme ministre de la Défense puis des Affaires étrangères. entre 2010 et 2012, sous l’autorité de François Fillon.
Bien plus loin dans l’histoire de la Ve République, Laurent Fabius a également fait son retour au gouvernement après en avoir été le leader entre 1984 et 1986. D’abord à Bercy de 2000 à 2002, puis au Quai d’Orsay de 2012 à 2016. L’exemple le plus ancien à ce jour est Michel Debré, Premier ministre de 1959 à 1962, qui a ensuite occupé plusieurs ministères de 1966 à 1966. 1973 : celui de l’Economie et des Finances, des Affaires étrangères puis de la Défense nationale.