Conçu pour offrir plus de puissance et une sécurité accrue, le réacteur nucléaire EPR de Flamanville en France, raccordé au réseau électrique samedi, a connu de multiples retards et surcoûts, après les déboires des premiers EPR en Chine et en Finlande.
Voici les dates clés de cette technologie majoritairement française :
– 1992 : naissance en France –
L’EPR – pour « Réacteur Pressurisé Européen » – est né en 1992 d’une joint-venture entre le groupe français Framatome (devenu plus tard Areva) et le groupe allemand Siemens. Cette centrale nucléaire de nouvelle génération a reçu le premier feu vert officiel en France du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (à droite) en avril 2004.
En octobre, le fournisseur public d’électricité français EDF a sélectionné le site nucléaire normand de Flamanville (nord-ouest de la France), qui compte déjà deux réacteurs, pour y installer un premier EPR. Début des travaux le 3 décembre 2007.
– 2003 : contrat finlandais –
En décembre 2003, le consortium Areva-Siemens a signé un contrat avec l’électricien finlandais TVO pour la construction d’un EPR sur le site d’Olkiluoto à Pori (sud-ouest de la Finlande) pour un montant de 3 milliards d’euros.
Les travaux commencent en septembre 2005.
– 2007 : deux réacteurs en Chine –
Lors de la visite en Chine du président français Nicolas Sarkozy (à droite), Areva a annoncé un accord pour la construction de deux EPR à Taishan (sud de la Chine) pour un montant total de 8 milliards d’euros. Les travaux débutent en novembre 2009.
– 2011 : vague de froid après Fukushima –
La catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon le 11 mars 2011 a entraîné l’abandon de l’énergie nucléaire en Allemagne. Siemens s’est retiré de la coentreprise en septembre, laissant Areva seul aux commandes des EPR.
L’accident japonais a également entraîné le report du feu vert britannique aux EPR et le gel d’un projet indien.
– 2015 : défauts de cuve et de soudure –
L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) avait alerté en avril sur une anomalie « grave » dans la composition de l’acier de la cuve du réacteur EPR de Flamanville. En juin, EDF révélait des défauts de soudure sur le circuit primaire.
Ces problèmes et d’autres entraîneront des coûts et des retards supplémentaires importants.
La facture finale devrait dépasser les 13 milliards d’euros, soit quatre fois le montant initialement évoqué, et 19 milliards en incluant les surcoûts de financement selon la Cour des comptes.
– 2016 : feu vert de Londres –
En septembre, Londres a approuvé la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, dans le Somerset (sud-ouest de l’Angleterre), pour un montant de 18 milliards de livres (21 milliards d’euros), financés principalement par EDF. Début 2024, un retard de deux à quatre ans était envisagé avec un quasi doublement de la facture initiale.
– 2018 : EDF avale l’atome –
Début 2018, EDF a repris la branche réacteurs nucléaires d’Areva dans le cadre d’un plan de sauvetage. L’ancien fleuron du nucléaire français a souffert des déboires de l’EPR finlandais. TVO et Areva s’accusent mutuellement d’être responsables des retards importants et des surcoûts de ce réacteur. Leur différend a été résolu en mars 2018.
– 2018 : démarrage en Chine –
Le 6 juin 2018, pour la première fois, un EPR démarre. Il s’agit du premier réacteur de Taishan. Le réacteur numéro deux sur le même site entrera en service en 2019.
Taishan 1 accumule alors les problèmes : premier arrêt en 2021 en raison d’une augmentation de la concentration de gaz rares, puis nouvel arrêt en 2023 en raison d’un phénomène de corrosion.
– 2021 : début en Finlande –
Avec 12 ans de retard sur le calendrier initial, l’EPR d’Olkiluoto en Finlande démarre le 21 décembre 2021. Son entrée en service commercial a lieu le 16 avril 2023.
– 2022 : six nouveaux EPR en France –
En février 2022, le président français Emmanuel Macron a annoncé la construction en France de six réacteurs EPR2 de nouvelle génération, une version simplifiée et optimisée de l’EPR. EDF souhaite construire les deux premiers EPR2 sur le site de Penly (ouest de la France).
– 2024 : mise en service en France –
Avec 12 ans de retard, l’EPR de Flamanville a reçu le feu vert pour sa mise en service le 7 mai. Le chargement du combustible nucléaire s’est achevé le 15 mai et le réacteur a commencé à fonctionner le 3 septembre avec la première fission nucléaire dans son cœur.
Après une brève interruption en septembre, le réacteur connaît une lente montée en puissance avant son raccordement au réseau électrique samedi 21 décembre. Flamanville 3 est le premier réacteur nucléaire à démarrer en France depuis 25 ans.