Compromis sur la liberté de circulation, la protection des salaires et les avantages sociaux

Compromis sur la liberté de circulation, la protection des salaires et les avantages sociaux
Compromis sur la liberté de circulation, la protection des salaires et les avantages sociaux

Les négociateurs suisses ont négocié des concessions qui semblaient impossibles il y a trois ans. Les accords garantissent l’intégration de la Suisse dans des parties du marché intérieur de l’UE adaptées à ses besoins. Le prix est désormais connu.

Illustration Simon Tanner / NZZ

Est-ce la grande approche d’une UE paralysée par l’étatisme et l’excès de zèle bureaucratique ? La fin de la voie spéciale suisse libérale ? Ou est-ce exactement le contraire : un compromis pragmatique qui préserve le modèle économique réussi de la Suisse et son intégration en Europe et évite ainsi qu’elle soit contrainte à un rapprochement plus global ?

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Restriction de la liberté de mouvement et clause de protection

Depuis ce vendredi, les détails sur lesquels les négociateurs se sont mis d’accord et que le Conseil fédéral a jugés bons sont connus. Tout d’abord, il convient de noter que ce qui est apparu trois ans seulement après la fin unilatérale des négociations sur un accord-cadre institutionnel avec l’UE est remarquable. Les nouveaux négociateurs en chef se sont mis d’accord sur un ensemble de contrats désormais divisés par secteurs et qui répond largement aux souhaits de la Suisse sur tous les points qui ont conduit à l’échec des négociations il y a trois ans.

Plus précisément, les nouveaux accords se limitent à maintenir en vigueur les premiers accords bilatéraux dans les cinq domaines que sont les obstacles techniques au commerce, la libre circulation des personnes, les produits agricoles, le transport terrestre et le transport aérien. Il existe également un nouvel accord sur l’électricité, un accord sur la santé et un accord sur la sécurité alimentaire. Il ne s’agit donc pas d’adhérer à l’UE, mais d’accords d’accès partiel au marché. Il n’y a plus non plus de déclaration d’intention de moderniser et de dynamiser l’accord de libre-échange. Le tout est compris par les deux parties comme un tout, mais sans clause guillotine générale. Cela ouvre la possibilité de procéder à des votes séparés sur la dynamisation des anciens accords et sur la mise en œuvre des trois nouveaux accords.

Au lieu de la directive européenne sur les citoyens, de nombreuses dispositions garantissent désormais que la libre circulation des personnes reste essentiellement limitée aux travailleurs. La protection des salaires élevés est fixée pour l’avenir et l’UE accepte la restriction de la liberté de prestation de services pour les travailleurs détachés à 90 jours par an, ainsi que le système protectionniste suisse qui l’accompagne, dans lequel les partenaires sociaux locaux supervisent la concurrence étrangère. La réglementation des dépenses, aujourd’hui critiquée par les syndicats, n’est qu’un accessoire économique relativement peu pertinent qui sert à maintenir la pression politique intérieure.

Le traité reconnaît que la liberté de circulation des personnes ne doit pas servir de prétexte pour émigrer vers le système de protection sociale suisse. Les citoyens de l’UE qui commettent des infractions pénales peuvent être expulsés du pays. En outre, la Suisse bénéficie désormais également d’une clause protectrice. En cas de bouleversements économiques graves et durables, la Suisse peut définir unilatéralement des mesures provisoires de protection, qui doivent être approuvées par le tribunal arbitral en cas de désaccord. En cas d’urgence, elle peut introduire des mesures provisoires avant qu’une décision ne soit prise. La formulation relativement vague laisse une marge de manœuvre dans la définition des critères et leur application locale. Mais la clause ne prévaut pas sur la libre circulation des personnes ; il offre une protection limitée pour des situations particulières.

Cela ne satisfera pas les critiques fondamentales concernant une forte immigration. Vous trouverez de nombreuses raisons pour lesquelles l’accord n’est pas bon. Sur le plan économique, la contrepartie est que les immigrants viennent de l’UE parce qu’ils sont nécessaires de toute urgence dans l’industrie pharmaceutique, les hôpitaux et les restaurants. Ils paient des impôts et ne suppriment pas d’emplois aux Suisses. À mesure que la société vieillit, ils seront encore plus nécessaires à l’avenir. Il est important pour la prospérité que l’immigration reste essentiellement limitée aux travailleurs. Il pourrait très probablement être réduit si les locaux travaillaient davantage ou si le travail (des locaux et des étrangers) devenait généralement plus cher.

Et il y a encore plus de concessions : le contrôle de la mise en œuvre des traités reste du ressort des autorités nationales. Particulièrement important pour les cantons : les règles du marché intérieur, qui interdisent aux agences gouvernementales de soutenir spécifiquement des entreprises individuelles, ne devraient s’appliquer qu’au transport terrestre et aérien transfrontalier et dans le contrat électrique.

Option organisée de désinscription

Reste que les relations entre la Suisse et l’UE doivent être réglementées et normalisées bilatéralement. Le marché commun du travail, avec sa libre migration, qui est au cœur de l’économie, continue d’en faire partie. Tout comme la condition d’accepter les conditions de concurrence qui s’appliquent aujourd’hui et demain sur le marché intérieur de l’UE, quel que soit l’endroit où vous participez, et de vous soumettre à un mécanisme de résolution des litiges en cas de conflit. La Suisse invitée devrait adopter les règles de la ligue – les exceptions confirment la règle. À l’avenir, le client pourra avoir son mot à dire dès le début sur les changements prévus, mais pas sur les décisions.

La Suisse a le - de décider de nouvelles règles de manière démocratique directe et, contrairement aux accords de Schengen, le tribunal arbitral lui donne désormais effectivement la possibilité de se retirer de manière ordonnée, c’est-à-dire de ne pas faire quelque chose. Cela protège contre les mesures punitives arbitraires, mais s’accompagne également d’un prix à payer avec des contre-mesures proportionnées. Et bien que le tribunal arbitral soit autorisé à statuer de manière indépendante sur tous les accords spéciaux contenus dans les traités et sur la proportionnalité des contre-mesures, lorsqu’il s’agit de questions fondamentales du droit de l’UE, la Cour de justice européenne conserve par conséquent le dernier mot.

Tout a son prix

L’avantage des nouveaux contrats est qu’ils garantissent aux entreprises suisses orientées vers l’exportation, mais aussi aux salariés, étudiants et chercheurs, les mêmes droits que tous les autres acteurs du marché intérieur de l’UE. Ils augmentent la sécurité d’approvisionnement, économisent des efforts et des coûts bureaucratiques et sécurisent le modèle économique suisse. La Suisse connaît un tel succès parce que de nombreuses entreprises sont étroitement liées aux zones économiques des pays voisins et à leurs chaînes d’approvisionnement et que l’économie peut se concentrer sur l’offre au monde de biens et de services de très haute qualité garantissant les salaires les plus élevés.

Ce qui se passe sans accord avec l’UE montre l’incertitude de ces dernières années : les grandes entreprises investissent davantage dans l’UE, les entreprises internationales réduisent leurs investissements en Suisse. Cela ne nuit pas aux entreprises, mais au site suisse. Et de nombreuses PME tournées vers l’exportation sont confrontées à des coûts plus élevés et à des marges en baisse.

Tout a un prix, et c’est désormais connu : dans les domaines couverts par les accords, il sera difficile d’être moins bureaucratique que ne l’exige le marché intérieur de l’UE. Si les syndicats étaient davantage accommodés par des déclarations plus faciles sur l’applicabilité générale des conventions collectives de travail, cela mettrait en danger la flexibilité du marché du travail. Et ce qui agace certains représentants de l’économie nationale : il sera probablement un peu plus difficile à l’avenir de se protéger de la concurrence étrangère. En outre, la participation au marché intérieur de l’UE coûtera une contribution annuelle de 350 millions de francs à partir de 2030. C’est moins que la contribution de la Norvège, qui profite probablement moins de sa structure économique.

Il s’agit d’une vue d’ensemble

Rien n’est sans alternative. Il ne faut cependant pas oublier que toute alternative a son prix. L’adhésion à l’EEE, voire à l’UE, impliquerait une intégration beaucoup plus approfondie et tiendrait moins compte des particularités de la Suisse. Un accord de libre-échange modernisé pourrait réduire les barrières commerciales, mais n’offrirait pas une participation égale, comme le montre l’expérience peu inspirante du Royaume-Uni. En outre, l’agriculture suisse devrait être davantage ouverte et l’UE insisterait également sur le règlement des différends.

En fin de compte, ne rien faire ne préserverait pas le statu quo, mais entraînerait une sorte de divorce hostile qui remplacerait la voie bilatérale par un isolement relatif. Et cela à une époque où le protectionnisme et la formation de blocs géopolitiques se multiplient dans le monde entier et où la situation en matière de politique de sécurité est également devenue plus fragile.

Un débat constructif est désormais nécessaire pour que les peuples puissent décider, en connaissant tous les avantages et inconvénients, s’ils souhaitent poursuivre sur la voie bilatérale. Il s’agit d’un compromis pragmatique. Il n’y aura pas de solution plus sur mesure que celle proposée aujourd’hui. Et le prix d’un non résultant de nombreux intérêts particuliers serait en réalité le même que celui du secret bancaire: après une période de souffrance, la Suisse pourrait se retrouver contrainte à une plus grande intégration dans des conditions pires.

 
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