Le capitaine toulousain aborde ce deuxième rendez-vous continental avec respect et méfiance. Car si Exeter n’est pas au meilleur de sa forme, il sait que ce rival reste dangereux. L’expérience et l’émulation au sein du groupe sont censées les protéger de tout faux pas.
Qu’est-ce qui vous inspire dans cette équipe d’Exeter ?
Il suffit de regarder le roster pour voir qu’ils ont des joueurs très talentueux dans toutes les lignes. Même si on sait qu’ils sont en difficulté dans leur championnat, ils ont réalisé une très bonne performance chez les Sharks la semaine dernière. Et puis on sait que gagner une équipe à domicile, c’est toujours dur, surtout dans cette compétition où les équipes mettent un supplément d’âme. Le plus gros piège serait de prendre ce match à la légère et de croire qu’il se fera tout seul. Je pense que nous avons désormais l’expérience de savoir qu’il n’y a pas de match facile. Et si nous ne jouons pas notre meilleur rugby, nous n’y gagnerons pas.
Vos adversaires n’ont pas encore gagné cette saison mais ils s’accrochent à chaque fois (six bonus). Comment analysez-vous ce paradoxe ?
Ils n’ont pas gagné mais ils ont bien performé. Ils manquent de régularité sur la durée mais ils sont capables de faire de très bonnes choses, que ce soit en attaque ou même en défense. Ils ont des joueurs très physiques qui mettent beaucoup d’intensité dans leurs tacles, leur défense. Et derrière eux, ils ont des joueurs capables de réaliser des exploits. Ils ont toutes les capacités pour former une grande équipe. Il s’agit parfois de trouver un équilibre, une dynamique positive et de lancer sa saison. Nous espérons que nous ne les mettrons pas dans de bonnes conditions pour que ce soit le cas ce week-end.
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Avez-vous analysé et revu le quart de finale de l’an dernier (64-26) ?
Nous en avons vu des extraits. Le score final n’est pas représentatif du match. C’est vers le 50 ou le 60 qu’ils ont abandonné. Jusque-là, ils nous avaient pas mal interrogés, avec beaucoup d’intensité dans les contacts. Nous avons eu du mal à prendre la ligne d’avantage, à avoir des sorties rapides. Ils sont très bons dans tout ce jeu de contact. Et il nous a fallu beaucoup de - pour trouver des solutions. On va se concentrer davantage, je pense, sur le début de match qui est plus représentatif de leur équipe que le score final.
Une semaine après la manifestation contre l’Ulster, comment éviter l’excès de confiance ?
C’est toujours mieux de commencer la semaine après un très bon match. Il y a de la bonne humeur, beaucoup d’enthousiasme, et de la confiance aussi. Cette semaine à l’entraînement, il y avait encore beaucoup d’application. Il y a eu deux très bonnes journées d’entraînement. Tout le monde avait vraiment envie de s’entraîner, de donner le meilleur de lui-même pour préparer ce match. On sent qu’il y a beaucoup d’émulation dans le groupe. Tout le monde veut en faire partie. Cela pousse chacun dans ses retranchements, à donner le meilleur de soi et à ne pas se reposer. Je pense que cette émulation nous amène à nous éloigner de cet excès de confiance et apporte une dynamique positive pour toute l’équipe. J’espère que c’est cet état d’esprit qui nous portera tout au long de ce week-end.
Que diriez-vous de votre niveau de confiance et des performances actuelles du groupe ?
Nous avons fait de très bons matchs depuis le début de la saison et nous avons réussi à maintenir un niveau qui reste très élevé. Quelle que soit la composition, c’est tout un groupe qui se produit car ce sur quoi nous travaillons depuis plusieurs années porte ses fruits. Et comme je le disais, il y a beaucoup de compétition et d’émulation dans le groupe. Donc ça pousse tout le monde vers le haut. Cela pousse chacun à se dépasser chaque week-end mais en gardant évidemment les objectifs collectifs au top. Je pense que cette dynamique collective nous pousse. Et on sent qu’on atteint une certaine maîtrise quand on respecte les fondamentaux, quand chacun respecte son rôle, quand on respecte les bases du rugby, on sent qu’on est dangereux, qu’on est efficace, qu’on est difficile à jouer. Mais on sait aussi que cet état est fragile, il peut vite se retourner sur un incident de jeu, sur beaucoup de choses qui sont les aléas du sport. Et je pense que nous avons aussi désormais l’expérience nécessaire pour être suffisamment confiants tout en restant vigilants. L’essentiel est d’être sûr de ses atouts sans baisser son niveau de vigilance pour pouvoir continuer à maintenir ce niveau et ne pas se laisser surprendre.
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Comprenez-vous que les gros scores que vous infligez peuvent impressionner de l’extérieur ?
Je n’ai en aucun cas l’impression que cela nous dérange. Nous sommes évidemment fiers et heureux de ce que nous faisons, de ce que nous avons fait. Mais nous avons aussi des choses à dire. On a été très pragmatiques, on a eu du succès même si techniquement on était bons aussi. Il y a des jours où tout fonctionne, on a l’impression que tout ce que l’on essaie fonctionne, mais ce n’est pas forcément le cas tous les week-ends. C’est aussi pour cela qu’il faut être capable de gagner dans différents scénarios, en jouant un rugby différent. Celui du week-end dernier a porté ses fruits, maintenant ce sera un autre et l’équipe doit savoir s’adapter. Nous savons que de toute façon, nous sommes interrogés tous les week-ends et la plus grande bêtise est de croire que rien qu’en allant sur le terrain, en faisant ce qu’on a déjà fait, ça marchera. sans faire les efforts nécessaires.
Vous avez parlé à plusieurs reprises d’émulation. Le ressent-on aussi quand on est Antoine Dupont ?
Oui bien sûr. Je pense qu’il suffit de regarder les compositions des dernières phases finales que nous avons eues. A chaque fois, il y a des lignes qui bougent parce que c’est lié aux performances, aux contre-performances, aux blessures aussi. Et je fais tout pour maintenir mon niveau. Je fais tous les efforts chaque jour pour essayer de rester le meilleur possible. Et bien sûr, ça me pousse. On a des joueurs qui sont aussi très performants à ce poste. Paul (Graou) fait de très bons matchs à chaque fois qu’il joue. Naoto (Saito) a eu beaucoup de succès chaque fois qu’il a joué avec nous cette année. Et à toutes les lignes, à tous les postes, je pense qu’il n’y a aucun joueur qui puisse se permettre de ne pas travailler ou de ne pas faire des efforts au quotidien, et de croire qu’il va jouer. Moi inclus.