Maisons de tôle emportées par le vent, poteaux électriques abattus, arbres déracinés : le cyclone Chido a frappé samedi matin Mayotte, placée en alerte violette, où les habitants barricadés, coupés du monde, ont été frappés par des vents dévastateurs qui font craindre « le pire ».
« Des milliers de foyers sont privés d’électricité. Même les secours sont confinés, il n’y a pas de réseau, on ne peut pas entrer en contact avec les habitants de l’île. Nous craignons de découvrir un sinistre», a témoigné sur BFMTV le président du syndicat national des pompiers professionnels de Mayotte, Abdoul Karim Ahmed Allaoui.
L’œil du cyclone a balayé le nord de Mayotte tôt le matin, et était localisé vers 10h45 heure de Paris (12h45 locales) à l’ouest de l’archipel de l’océan Indien, selon des images satellite. Il se dirigeait vers les côtes du Mozambique, sur le continent africain, laissant derrière lui une traînée de vents et de pluies encore intenses.
Dans son dernier bulletin de 7h00 heure de Paris (9h00 heure locale), Météo France décrivait déjà des vents soufflant à 180 km/h pouvant atteindre 200 à 230 km/h.
Des vents supérieurs, selon le service météorologique, à l’intensité du cyclone Kamisy en 1984 qui avait laissé des milliers de sans-abri et affecté la population du territoire, aujourd’hui le département le plus pauvre de France.
Réfugié dans sa baignoire, Pierre, un habitant de Mamoudzou, a raconté à l’AFP une situation “atroce”.
Depuis la mairie de Ouangani, le maire Youssouf Ambdi a dit craindre « le pire ». « Ça cogne partout : on ne peut pas sortir mais ce qui est devant nous est impressionnant. Il y aura sûrement des dégâts matériels. Prions pour qu’il n’y ait pas de victimes”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Ibrahim Mcolo, habitant de Chiconi, à l’ouest de la Grande-Terre, s’est réfugié dans la maison familiale en béton à Kangani, au nord de l’île. « Je vois toutes les tôles des voisins s’envoler, les câbles arrachés, le bananier du voisin par terre. Il n’y a plus d’électricité. Même dans notre maison qui est bien protégée, l’eau rentre. Je la sens trembler ».
« Mayotte compte une population importante qui vit dans des bidonvilles, dans les hauteurs, avec des logements précaires. Mais on découvre que même les personnes qui sont en logement permanent ne sont pas épargnées », constate le chef des pompiers.
L’alerte cyclone violette, déclenchée à 5h00 heure locale (3h00 à Paris), implique “un confinement strict de l’ensemble de la population, y compris les services d’urgence et de sécurité et tous les agents mobilisés pour gérer la crise”, précise un communiqué. publié le X de la préfecture de Mayotte.
– Calme espéré en fin de journée –
“Nous avons très peur”, a déclaré Fatima, une habitante de Majicavo-Koropa encore marquée par le passage d’un cyclone lorsqu’elle était enfant aux Comores voisines, se souvenant des “vagues (qui) ont tout ravagé”.
Cette mère de trois enfants a fait le plein de bouteilles d’eau, de nourriture et de bougies.
La circulation a été interdite sur la voie publique sur les deux îles, Grande-Terre et Petite-Terre, et l’aéroport de Dzaoudzi est fermé.
Les prévisionnistes de Météo-France anticipent une amélioration des conditions météorologiques « dès samedi en fin de journée ».
A ceux qui vivent dans des logements précaires, qui sont nombreux dans le département, le préfet avait conseillé auparavant d’adhérer à l’un des 71 centres d’hébergement « ouverts à tous » présents dans les écoles et gymnases.
Les préoccupations prioritaires concernent les quelque 100 000 personnes vivant dans des « habitations insalubres » recensées par les autorités, sur une population totale estimée à 320 000 habitants dans l’archipel.
“La priorité est d’assurer la sécurité des gens”, a assuré le maire de Chiconi, Madi Ousseni Mohamadi, qui a préparé le collège de sa commune – fermé vendredi et samedi comme toutes les écoles de l’archipel – à accueillir la population.
Cent dix professionnels de la sécurité civile ont été envoyés à Mayotte depuis l’île de la Réunion, épargnée par le cyclone.