DÉCRYPTION – Après le sacre d’Ève Gilles il y a un an, le Nord-Pas-de-Calais compte quatre victoires en huit ans au concours de beauté alors que les autres comités n’ont jamais gagné. Explications.
« Le Nord-Pas-de-Calais est un véritable centre de formation pour Miss France ». Quelques jours après sa victoire au Zénith de Dijon, Ève Gilles a parlé à « Buzz TV » et a parlé de ce qui a contribué à son succès. « On a une préparation qui nous apprend et explique tout ce qui va nous arriver : coiffure, maquillage, tenue, prise de parole… Le comité arrive à fédérer toute la région derrière lui et à créer une vraie famille Miss. »
Et les statistiques lui donnent raison. Au cours des huit dernières années, le Nord-Pas-de-Calais a remporté quatre victoires avec le sacre de Camille Cerf en 2015, Iris Mittenaere l’année suivante, Maëva Coucke en 2018 et enfin celui d’Ève Gilles le 16 décembre. Une case pleine de questions quand on sait que d’ailleurs, d’autres régions n’ont jamais remporté le titre. titre célèbre comme leAuvergne et le Martinique ou que certains attendent depuis des décennies pour remporter à nouveau la victoire, comme le Provence qui ne compte qu’une seule gagnante avec Sylvie Parera, Miss France 1979, élue sous le titre de Miss Marseille.
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Tradition et chauvinisme
La faute réside d’abord dans une tradition. Contrairement à d’autres régions, comme l’Île-de-France par exemple, le Nord-Pas-de-Calais est une terre de Miss. Les élections des reines de beauté représentent des institutions plébiscitées par les habitants. Par ailleurs, la commission reçoit près de 1000 candidatures et compte 16 élections départementales, contre six pour la Provence. Face à un tel nombre de concurrents, il bénéficie d’un large choix augmentant la probabilité d’avoir un potentiel vainqueur. Comme le chantait Enrico Macias : « Les gens du Nord ont le soleil dans le cœur qu’ils n’ont pas dehors » mais ils sont aussi chauvins.
Bruno Gilles, le père d’Ève Gilles, Miss France 2024, l’a indiqué au Voix du Nord : « J’étais confiant car nous sommes dans une région qui vote en masse. Sur les réseaux sociaux, beaucoup s’en plaignent, mais on ne va pas reprocher au Nord-Pas-de-Calais d’être chauvin.»dit-il. Traditionnellement, la Guadeloupe, Tahiti ou l’Alsace représentent aussi des régions qui votent beaucoup alors qu’à l’inverse, le Limousin, l’Auvergne ou l’Île-de-France investissent moins le soir des élections.
Préparation importante
Certains comités sont plus impliqués que d’autres dans la préparation de leurs candidats, en raison de leurs ressources ou de l’enthousiasme de leur région. Celle du Nord-Pas-de-Calais organise depuis plusieurs années un voyage de préparation, similaire à celui vécu par les candidates Miss France. Les jeunes femmes ne rentrent pas chez elles pendant un mois, suivent des cours de culture générale, des défilés de mode, se maquillent et répètent assidûment pour le grand show de l’élection régionale qui se targue d’être une mini Miss France et a accueilli cette année 5 200 spectateurs.
Une préparation qui fait généralement mouche lors du mois de préparation du scrutin national. Mais parfois, cela ne suffit pas. En décembre 2016, 2018 et 2019, les représentantes du Nord-Pas-de-Calais, Laurine Maricau, Florentine Somers et Laura Cornillot, n’ont pas été retenues parmi les quinze finalistes. La seconde a notamment été exclue de la sélection en raison de son comportement. Lors de son élection, Ève Gilles, de son côté, n’a pas obtenu la majorité des votes du public (elle s’est classée troisième) mais était, en revanche, en tête de ceux du jury.
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Des votes fragmentés parmi les miss du sud
Autre explication possible : la fragmentation des régions. Le sud de la France a toujours été représenté par différents concurrents. La promotion de Miss France 1979 comprenait ainsi des candidates de la Côte d’Azur, de la Grande Motte, du Languedoc et de Marseille. Si le nombre de régions participant au concours a été drastiquement réduit à l’aube des années 2010, le sud de la France reste encore fragmenté avec, cette année, des candidats venus de la Côte d’Azur, de la Provence, du Roussillon et du Languedoc.
Une carte qui divise inévitablement les votes et réduit l’impact de la région. En décembre 2020, les jeunes femmes au foulard originaires de la Côte d’Azur et de Provence, respectivement Lara Gautier et April Benayoum, figuraient toutes deux parmi les cinq finalistes obligeant les sudistes à faire un choix et à réduire mathématiquement les voix.
Le Nord-Pas-de-Calais bénéficie en revanche d’un territoire solidaire. A la fin des années 1970, cette partie de la France ne comptait pas moins de cinq représentants différents aux élections nationales : la Côte d’Opale, la Flandre, Lille, le Littoral Nord et la Métropole Nord. Depuis 2010, tous ont été regroupés en une seule région permettant un plus grand flux de votes. D’autant que le Nord-Pas-de-Calais compte quatre millions d’habitants…
Mais ces considérations de chauvinisme, de préparation, de votes et de fragmentation des régions n’expliquent pas tout, heureusement ! L’aura du concours Miss France réside justement dans la part de mystère qui entoure le choix des téléspectateurs et du jury quant à la gagnante du concours. Une magie indispensable pour continuer à faire rêver.
Les gagnantes du concours Miss France
Depuis la création du concours en 1920 par Maurice de Waleffe qui l’a élu « La plus belle femme de France », l’Île-de-France est la région qui a remporté le plus de fois le titre de Miss France avec 16 victoires dont celle de Diane Leyre. en 2022. Depuis 2010 et le regroupement des régions, le Nord-Pas-de-Calais arrive logiquement en tête avec quatre victoires (2015, 2016, 2018 et 2024). La Normandie (2010 et 2021) arrive en deuxième position à égalité avec la Guadeloupe (2020 et 2023). La Bretagne (2011), l’Alsace (2012), la Bourgogne (2013), l’Orléanais (2014), la Guyane (2017) et Tahiti (2019) possèdent toutes un titre.