L’agence de notation s’inquiète de la situation d’incertitude politique en France, et s’alarme de la situation des finances publiques dans les années à venir.
L’agence Moody’s n’a guère laissé le - à François Bayrou de s’installer à Matignon ce vendredi 13 décembre, abaissant dans les heures qui ont suivi la note souveraine de la France, compte tenu de la « fragmentation politique » du pays, peu favorable selon elle, à une reprise rapide. des finances publiques.
Moody’s a abaissé sa note Aa2, qui était accompagnée d’une « perspective négative » signalant une probable dégradation à plus ou moins court terme, à Aa3, avec une perspective stable.
L’agence, qui classait jusqu’alors la France légèrement au-dessus de ses concurrents, les rejoint : S&P classe la France AA- avec une perspective stable, et Fitch AA- avec une perspective négative. Cependant, tout reflète toujours une qualité de crédit bonne, voire élevée.
« Fragmentation politique »
L’agence a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude face à la situation d’incertitude politique qui sévit en France depuis la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée le 9 juin par le président Emmanuel Macron.
La note précédente n’a été placée sur perspective négative que fin octobre, et Moody’s a annoncé le jour même de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre, que cet événement ne pouvait être que « négatif » pour la note. crédit de la France.
Bercy ne semblait pourtant pas s’attendre à une nouvelle action aussi rapide, dont le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a immédiatement « pris note ».
Pour Moody’s, les finances publiques françaises seront « considérablement plus faibles » au cours des trois prochaines années que prévu, en raison d’une « fragmentation politique plus susceptible d’empêcher une consolidation budgétaire significative ».
Elle juge « faible » la probabilité de voir le prochain gouvernement « réduire durablement l’ampleur du déficit budgétaire au-delà de l’année prochaine ».
L’atout de la capacité d’endettement « s’érode »
Alors que le gouvernement Barnier tablait cette année sur un déficit public de 6,1% du PIB, et avait construit ses textes budgétaires sur la base d’un déficit public de 5% en 2025, pour revenir sous la limite des 3% tolérée par Bruxelles en 2029 , Moody’s n’y croit pas.
L’agence de notation anticipe un déficit public stagnant à 6,3% du PIB en 2025, et toujours à 5,2% en 2027. Ainsi, au lieu de se réduire, la dette publique augmenterait de 113,3% du PIB en 2024 à environ 120% en 2027.
« Si la capacité d’endettement a longtemps été un atout relatif de la France en termes de crédit, cet actif s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une notation similaire », observe Moody’s.
François Bayrou dit connaître « la difficulté de la situation »
Antoine Armand a estimé dans son communiqué que la nomination de François Bayrou apportait « une réponse explicite » aux inquiétudes de l’agence de notation. Michel Barnier et François Bayrou ont en effet montré une grande attention à ces questions lors de leur passation de pouvoir très courtoise ce vendredi après-midi.
Michel Barnier a voulu laisser un message solennel : “Nous aurions tort d’oublier le déficit et la dette (…) sinon ils nous seront brutalement rappelés.”
“Personne ne connaît mieux que moi la difficulté de la situation”, a répondu François Bayrou, rappelant avoir “pris des risques inconsidérés dans (sa) vie politique pour poser (lors des élections, notamment présidentielles, auxquelles il se présentait) la question de la dette”. et les déficits. “Et tout le monde disait ‘il est complètement fou, on ne fait pas de campagne sur la dette'”, se souvient-il en souriant.
Jugeant qu’il s’agit d’un problème à la fois financier et « moral », avec le poids que fait peser la dette sur les enfants, le nouveau locataire de Matignon a promis que face à cette situation « héritée de décennies entières », sa « ligne directrice » serait « ne rien cacher, ne rien négliger et ne rien laisser de côté ».