critiques des macronistes, le RN à la rescousse… Coquerel acculé lors de l’examen de la loi spéciale

critiques des macronistes, le RN à la rescousse… Coquerel acculé lors de l’examen de la loi spéciale
critiques des macronistes, le RN à la rescousse… Coquerel acculé lors de l’examen de la loi spéciale

Lors de l’examen du projet de loi spéciale autorisant la « perception des impôts existants » en attendant l’adoption d’un budget 2025 en bonne et due forme, le président de la commission des finances, Éric Coquerel, s’est retrouvé au cœur des critiques des députés macronistes. En cause : un amendement – ​​finalement adopté – qu’il a déposé relatif à l’indexation à l’inflation du barème de l’impôt sur le revenu.

Dure journée pour Éric Coquerel. Après avoir participé à l’audition de quatre (longues) heures de l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, au sujet des erreurs de prévision des recettes fiscales et des déficits budgétaires pour les années 2023 et 2024, le député insoumis de Seine-Saint -Denis a présidé la commission des finances de l’Assemblée nationale chargée d’examiner le projet de loi spécial autorisant « collecter les impôts existants ».

Pour le commun des mortels, la mission s’annonçait laborieuse. C’était aussi pour le président de la commission, compte tenu de ses nombreux sourcils haussés et de ses soupirs agacés. La séance s’est ouverte par un monologue de plus de dix minutes d’Éric Coquerel, lisant en continu une dizaine de pages. Dans la salle, le silence est roi. Pour l’instant.

Le contenu de la fameuse « loi spéciale », annoncée par Emmanuel Macron le 5 décembre, est ainsi présenté. La principale mesure consiste, comme le prévoit l’article 45 de la loi organique des lois de finances, à autoriser le gouvernement « continuer à collecter les impôts existants »jusqu’à ce qu’un budget formel soit voté. Rappelons que cette dernière a été abandonnée en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier le 4 décembre. Ainsi, cette mesure garantit un financement à l’État, aux collectivités locales et aux organismes publics.

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Le cadre du texte prévoit également le renouvellement des dépenses de l’État à leur niveau de 2024, via « décrets ouvrant les crédits applicables ». « Ces dispositions permettent de sécuriser les opérations de financement nécessaires pour assurer la continuité de la vie nationale jusqu’à l’adoption de la loi de finances et de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025. », précise le site du gouvernement.

“Je suis choqué par votre comportement”

Pour une fois, tous les groupes politiques de l’Assemblée se sont accordés sur la nécessité de voter le texte afin d’assurer la continuité de l’État et la vie du pays. En revanche, c’est sur l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu à l’inflation que les députés ont lutté – un amendement déposé par nul autre que le président de la commission lui-même, Éric Coquerel.

A ce sujet, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, avait évoqué la veille “l’avis très clair et très précis du Conseil d’Etat” sur la loi spéciale, à condition que« il ne peut pas y avoir de nouvelles dispositions fiscales » dans ce texte. Le ministre a ainsi balayé cette option, la renvoyant au futur projet de loi de finances que présentera le prochain gouvernement. Nous avons encore besoin d’un gouvernement. Et nous devons encore obtenir un consensus.

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C’est d’ailleurs au sujet de cet amendement qu’intervient la première (mais pas la dernière) diatribe d’un député macroniste, à peine vingt minutes après le début de la séance, qui se dit favorable à la mesure sur les fonds, mais pas sur son intégration dans la loi spéciale. «J’ai un problème avec l’argument que vous soulevez, Monsieur le Présidentcommence David Amiel, élu de Paris. Vous dites que chaque année, on indexe le barème de l’impôt sur le revenu à l’inflation. Mais chaque année, il n’est ni proposé, ni soutenu. Par ailleurs, nous avons eu le débat du projet de loi de finances 2025 (PLF). Nous l’avons voté, mais ce n’est pas le cas du groupe LFI, et je ne leur en veux pas ici. » Ah bon ?

S’ensuit un deuxième tacle – plus affirmé celui-ci – de son allié Jean-René Cazeneuve, député d’Ensemble pour la République (EPR) du Gers. « Je ne vais pas tourner autour du pot : je suis absolument choqué par votre comportement »lance l’élu à l’adresse d’Éric Coquerel, dont on devine qu’il est au bord de la crampe à force de froncer les sourcils. « Je suis choqué que vous soyez juge et partie sur cet amendement. […] Nous voyons clairement que vous violez la Constitution.»grogne Jean-René Cazeneuve, faisant référence à l’avis du Conseil d’Etat.

Avalanche de critiques de la part des macronistes

La tension monte d’un cran. Jusqu’ici relativement calme, le banc macroniste n’a pas hésité à pousser de grands cris d’exaspération suite à la tentative de sauvetage de l’insoumis Aurélien Le Coq. Ce dernier les accusait de « brutaliser nos institutions ». « Restez calmes, chers collèguesil minaude. Je crois que nous pouvons avoir des débats de manière pacifique sans que vous attaquiez le président. »

A leur tour, les élus EPR tentent de démonter l’amendement controversé. D’abord, en avançant l’argument juridique selon lequel le Conseil constitutionnel serait susceptible de censurer le texte. Un autre, critiquant « la fragilité du raisonnement » du député LFI, créant de fait « un précédent extrêmement dangereux ». Enfin, un dernier dénonce le manque de partialité du président de la commission qui, d’une part, a jugé recevable cet amendement sur l’indexation de l’impôt sur le revenu, et d’autre part, a rejeté un amendement relatif au crédit d’impôt, déposé par Éric Ciotti.

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Acculé, Éric Coquerel reste serein. Il vérifie ses notes, prend le -, relit les textes. Mais ses cheveux n’ont jamais été aussi blancs. « J’ai accepté les amendements à partir du moment où il était précisé qu’ils couraient jusqu’au vote de la loi de finances. Par ailleurs, celle qui concernait la prolongation du crédit d’impôt a modifié les règles existantes » et n’entrait donc pas dans le cadre de la loi spéciale, justifie le président de la commission des finances.

Lassé, et après une heure et demie d’invectives à son encontre, Éric Coquerel a fini par dénoncer un « un travail de déstabilisation, y compris pour certains dans la manière […] faire des insinuations, [qu’il] trouve cela très politiquement offensant ». Ambiance.

Tanguy à la rescousse

Le clou du spectacle est assuré par Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme. A la surprise générale, ce dernier est venu au secours de son meilleur ennemi. “Je suis extrêmement choqué par l’ambiance qui règne dans cette commission des finances”proteste-t-il lors de son premier discours de la séance. Et pour continuer : « Je n’ai jamais vu les macronistes interroger un président de commission comme je l’ai vu ici, et d’autant plus que vous êtes ultra-minoritaire. Cela remet en question le fait que les institutions ne vous conviennent que lorsque vous les possédez directement, ou indirectement par l’intermédiaire de marionnettes. »

Dans la salle, les députés échangent des sourires narquois. D’autres lèvent simplement les yeux au ciel. Dix minutes plus tard, Jean-Philippe Tanguy revenait à la charge, concernant un amendement qu’il avait déposé et qui avait été rejeté par Éric Coquerel. “C’est pas pour ça que je me roule par terre en criant au scandale […]. Il y a deux attitudes. Il y a des gens qui respectent la Commission et le Parlement, et d’autres qui veulent toujours avoir raison même lorsqu’ils ont tort. Et même lorsque les Français leur ont prouvé le contraire. »

Deux heures après le début de la séance arrive le vote tant attendu de la loi spéciale, adoptée à l’unanimité. L’amendement très controversé porté par Éric Coquerel a également été adopté (25 voix « pour », 2 « contre », 19 abstentions). Match donc terminé et fin de la séance.

 
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