“Alors qui es-tu pour juger ?« Ce jeudi 12 décembre, Bruno Le Maire défendu pendant un peu plus de quatre heures facture finale et la sincérité de son action à la tête du ministère de l’Économie et des Finances (2017-2024). L’ancien ministre a été interviewé dans le cadre des travaux menés par la commission des finances, qui a acquis le pouvoir deune commission d’enquête verser “étudier et rechercher les causes de la variation et des écarts dans les prévisions fiscales et budgétaires des administrations publiques pour les années 2023 et 2024« .
Loin d’esquisser un mea culpa sur le dérapage des finances publiques, Bruno Le Maire lourdement parlementaires impliqués : “Le débat sur le budget 2025 et la motion de censure du gouvernement ont fait tomber les masques, cette Assemblée, à de très rares exceptions près, ne veut pas réduire les dépenses publiques, ne veut pas réduire la dette“» déclara-t-il d’emblée.
Cette Assemblée taxe, dépense, censure. Bruno Le Maire
Et l’ancien ministre deaccuser le Nouveau Front Populaire de “jouer avec le feu» dans “multipliant les impôts, impôts, prélèvements de toutes sortes“, ou même cibler le Rassemblement National OMS “préfère l’artifice“ : “Madame Le Pen a voté la censure sous le regard tendre du balcon de l’Assemblée nationale de Mr Mélenchon», a dénoncé Bruno Le Maire. Le président du groupe Droit Républicain, Laurent Wauquiez a également été visé : «Je m’exprime devant des parlementaires qui se précipitent à 20 heures pour annoncer que les retraites seront considérablement augmentées le 1est Janvier« . “Et vous dites vouloir réduire le fardeau de la dette ? Hypocrisie!“a-t-il fustigé devant le comité des finances.
Très offensant, Bruno Le Maire a fait semblant d’interroger les députés : “Où avez-vous proposé et documenté des économies durables, sérieuses et significatives dans vos débats ? Nulle part« . Avant d’ajouter : “Tu ne me feras jamais porter la responsabilité de cet aveuglement collectif ce qui t’empêche de voir une chose simple, ni les impôts ni les bouts de ficelle ne résoudront le problème de la dette et les déficits en France, qui remontent à cinquante ans.“
Les parlementaires « en ont toujours demandé plus »
Bruno Le Maire estime «facile, mais faux” de “porter sur [ses] seulement les épaules responsabilité de la dégradation des comptes publics en 2023 et 2024« . Selon lui, «la dégradation brutale des comptes publics est due avant tout à une erreur dans la prévision des revenus« . Une erreur de prévision commise par les services de Bercy, mais que l’ancien ministre assume puisqu’ils «étaient sous [son] autorité« .
Concernant la crise du CovidBruno Le Maire a évoqué le coût de «mesures de protection massives», crypté à «environ 15 points de dette supplémentaires« . Une dépense réclamée par l’ancien député de l’Eure : «La dette Covid est notre dette collective, elle aurait été deux fois plus importante si je vous avais écouté», a-t-il dit, fustigeant l’attitude des parlementaires qui, à l’époque, «j’en ai toujours demandé plus« .
Bruno Le Maire a également justifié le «25 000 milliards d’euros” de “correction budgétaire«décidé fin 2023 et début 2024 de faire face»à un perte soudaine de recettes fiscales de 42 milliards d’euros“ainsi que”de nouvelles dépenses des collectivités locales pour un montant de 12 milliards d’euros« .
“Vous avez rejeté d’emblée toutes ces économies, alors qui êtes-vous pour juger ?“dit encore l’ancien ministre. Bruno Le Maire a également rappelé avoir plaidé en faveur d’un projet de loi de finances rectificative. Un tel texte »aurait eu l’immense mérite de mettre ce sujet des finances publiques au cœur du débat politique“, a-t-il expliqué.
Je pense qu’on peut me reprocher tout, mais certainement pas de ne pas avoir alerté depuis 2021 sur la gravité de la situation des finances publiques. Bruno Le Maire
Des « promesses » financées « à crédit »
Outre l’épidémie de Covid et la crise inflationniste provoquée par le début de la guerre en Ukraine, qui l’ont amené à prendre des mesures pour protéger le pouvoir d’achat et les entreprises, l’ancien locataire de Bercy a également évoqué “chômage de masse» qui affecte depuis longtemps le pays et“effondrement industriel depuis 1980“le “modèle social” Françaisainsi que “le poids des retraites“pour expliquer la situation actuelle des finances publiques. Et de souligner notamment les conséquences à long terme de retraite à 60 ans (décidé en 1982, ndlr), de 35 heures et “recrutement massif de fonctionnaires“ d’une France qui a, selon lui, «financé à crédit les promesses de tous ceux qui refusent les réalités économiques« .
L’audience a également permis à l’ancien ministre de l’Économie et des Finances de défendre son bilan et celui des gouvernements auxquels il a participé : “La seule solution durable est dans la transformation en profondeur de notre modèle économique et social, en sept ans nous avons entrepris ce projet“a-t-il déclaré, évoquant par exemple la création de 2,5 millions d’emplois, la réforme des retraites et du marché du travail, ou encore des baisses d’impôts. Là encore, Bruno Le Maire a blâmé les députés : “En sept jours, avec la censure, vous avez encore fait dérailler la France.“
Selon lui, sans choix forts, la France sérums “lentement mais sûrement (…) étranglé par l’étau des taux d’intérêt“. Ajouter comme phrase : “La France ne risque pas la mort subite, la France risque la mort lente“.
« Crime flagrant de faillite »
De la propos avec des accents d’accusation contre les oppositions, mais visant aussi une partie de l’ancien « socle commun » de Michel Barnier, peu apprécié par de nombreux députés du comité des finances. “Nous sommes les représentants du peuple français et nous exerçons notre mission constitutionnelle de contrôle (…) vous ne pouvez pas dire aujourd’hui : « qui êtes-vous pour juger ?“a réagi en particulier sur co-rapporteur de la commission d’enquête, Eric Ciotti (Union des Droits pour la République). “J’ose te rappeler que tu es plus que responsable [de la situation actuelle]tu en es responsable», a également déclaré le député des Alpes-Maritimes.
De son côté, Jean-Philippe Tanguy (National gathering) plaisanté à propos du “délit flagrant de faillite» auquel Bruno Le Maire doit faire face : «Nous essayons de comprendre comment des gens aussi brillants et intelligents que vous pouvaient tout faire bien et échouer dans tout en même - ?“
D’autres, comme Estelle Mercier (Socialistes) et Danielle Simonnet (Ecologist and Social) déploré le «manque d’humilité» de l’ancien ministre, alors que le président de la commission des finances et des enquêtes, Eric Coquerel (LFI)un erreur parce que le “politique d’approvisionnement» appliqué depuis 2017 : “Cela n’a pas eu les effets que vous nous avez annoncés (…) 38% des créations d’emplois commerciaux depuis 2017 sont en effet des apprentis.“
Bruno Le Maire a répondu à toutes les questions, sans rien concéder, ou presque. D’ailleurs, l’ancien ministre a expliqué qu’il n’avait jamais envisagé de démissionner car «la démission n’est pas une option lorsque les - sont durs et surtout on ne l’envisage que lorsqu’on a un désaccord avec un objectif stratégique« Mais, précise-t-il, «il n’y a jamais eu de désaccord avec le président de la République ou avec ses premiers ministres« .
Quelques secondes avant la clôture de l’audience, Bruno Le Maire a déclaré n’en avoir qu’un «regret» : “Côté dépenses, on aurait sans doute pu aller plus loin dans les économies et dans la réorganisation de la dépense publique en France“.