L’éventuelle nomination de Sébastien Lecornu à Matignon prend du poids ce vendredi matin. Le nom du futur Premier ministre pourrait être dévoilé en toute fin de matinée.
Il faut trouver un remplaçant à Michel Barnier et, comme souvent, Sébastien Lecornu apparaît comme un prétendant à Matignon. Son nom est revenu avec insistance sur les plateaux de télévision ce vendredi matin, notamment après l’entretien d’1h45 de François Bayrou avec Macron, qui n’a été suivi d’aucune communication officielle de l’Elysée. Le maire de Pau a-t-il été débouté ? Impossible à dire pour l’instant cependant, la rumeur ayant conduit à la démission du ministre des Armées Sébastien Lecornu commence à prendre de l’ampleur. France Info et BFMTV indiquent notamment que son nom circulerait encore pour entrer à Matignon. Dans le même -, BFMTV a précisé ce vendredi matin “qu’aucune rencontre avec le président n’est à son ordre du jour, ni ce matin ni cet après-midi”.
Jusqu’à jeudi, il était le favori du président de la République qui cherche un nouveau Premier ministre. Mais des voix du bloc central se sont élevées contre une nomination du ministre des Armées à Matignon. Macronistes, démocrates et philippistes auraient considéré le prétendant comme « un élément bloquant si l’objectif [du futur gouvernement] C’était de ne plus dépendre de Marine Le Pen”, rapporte BFMTV. Les mêmes craignaient que Sébastien Lecornu mène des négociations trop décomplexées avec le Rassemblement national. Cela s’explique par les précédents échanges du ministre avec des personnalités de l’extrême droite, notamment lors d’un dîner chez Thierry Solère révélé l’été dernier par Libération. Le ministre qui a participé à tous les gouvernements depuis la première élection du chef de l’Etat en 2017 l’a rappelé. Jeudi 5 décembre, “c’est le président de la République qui nomme” le Premier ministre.
Pour rappel, Sébastien Lecornu a été assistant parlementaire à 19 ans, maire de Vernon à 27 ans, président du département de l’Eure à 28 ans et propulsé au gouvernement à 31 ans. Il joue son rôle en toute discrétion et a gravi les échelons gouvernementaux de secrétaire d’État à Transition écologique en 2017 puis ministre des Armées en 2022. Entre--, il est nommé ministre délégué à la Cohésion des territoires et ministre des Outre-mer.
Des relations (trop) cordiales avec le RN ?
Outre son profil qui reflète une certaine connaissance des institutions, ce sont les relations qu’entretient Sébastien Lecornu avec les différentes forces politiques qui pourraient l’aider à accéder à Matignon. Mais Emmanuel Macron devrait plutôt s’orienter vers un « gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques qui peuvent y participer ou, à tout le moins, qui s’engagent à ne pas le censurer », privilégiant l’option d’une coalition ou d’un pacte de non-censure. entre la droite, le bloc central et la gauche qui pourrait se limiter au PS.
Sébastien Lecornu, entré au parti macroniste en 2017, était initialement issu de la droite de l’UMP et de LR. Il a entretenu de bonnes relations avec certains poids lourds de cette dernière, mais s’est également brouillé avec d’autres comme Laurent Wauquiez qui dirige le groupe des députés de droite rapporte BFMTV. S’il semble pouvoir éviter la censure automatique du RN puisqu’il a déjà mené des négociations fructueuses avec le parti, comme sur la loi de programmation militaire, et qu’il entretient des relations respectueuses avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, cela pourrait ne pas suffire pour cochez toutes les cases demandées par le président pour son futur Premier ministre.
En effet, c’est avec la gauche que le ministre des Armées pourrait avoir plus de mal à négocier. Pourtant, Sébastien Lecornu a contacté le PS ce jeudi 5 décembre sur RTL. «J’appelle à ce que tout soit fait […] pour permettre au PS de sortir du chemin qu’il a emprunté ces dernières semaines et mois », a-t-il déclaré en référence au rapprochement de la gauche avec LFI. “Nous devrons discuter et faire preuve de compromis”, a-t-il ajouté. Le PS sera-t-il réceptif à ses propos ? Le dialogue ne semble cependant pas possible entre Sébastien Lecornu et LFI, ni dans un sens ni dans l’autre. Le coordinateur du parti insoumis, Manuel Bompard a également assuré que « si [le ministre] a été nommé Premier ministre, nous chercherions à le censurer » sur le même média.
Sa proximité avec Macron : un frein pour Matignon
Si Sébastien Lecornu coche certaines cases, il pourrait souffrir d’un autre détail : sa proximité avec Emmanuel Macron. L’homme est souvent aux côtés du chef de l’Etat, même ces derniers jours il a accompagné le président lors de son voyage en Arabie Saoudite. L’occasion de discuter d’une éventuelle nomination ? Le sujet n’a pas été évoqué, a indiqué l’éventuel prétendant à Matignon.
La nomination de Sébastien Lecornu, un macroniste de la première heure, ne permettrait pas le changement de ligne politique attendu depuis les élections législatives de 2024. Le scrutin organisé après la dissolution a été remporté par l’alliance de gauche, mais c’est la défaite du camp macroniste et l’émergence d’une Assemblée tripartite où une majorité peine à se former qui a réellement marqué ces élections. Ainsi, nommer une personnalité issue du parti présidentiel désavoué pourrait être vu comme une nouvelle négation des résultats des élections législatives après la nomination de Michel Barnier, dont la famille politique ne compte que 45 députés.
