Le président Emmanuel Macron a rencontré vendredi le leader centriste François Bayrou alors que les spéculations montaient sur son choix comme Premier ministre, dans le but de mettre fin à des mois de troubles politiques.
Cela fait maintenant neuf jours que les députés français ont évincé Michel Barnier de son poste de Premier ministre lors d’un vote de censure, et Macron avait annoncé qu’un remplaçant serait nommé d’ici jeudi en fin de journée.
Bayrou est largement considéré comme un successeur potentiel. Allié de Macron, il est maire du sud-ouest et chef du parti centriste MoDem.
La politique française est dans l’impasse depuis que Macron a convoqué des élections législatives anticipées au cours de l’été, et lorsqu’il nommera un nouveau Premier ministre, ce sera son quatrième cette année.
Selon un sondage d’opinion réalisé jeudi par BFMTV, 61% des électeurs français étaient inquiets de la situation politique.
Macron a écourté son voyage en Pologne jeudi et devait nommer son nouveau Premier ministre hier soir, mais il a ensuite reporté son annonce à vendredi matin.
Il a ensuite rencontré Bayrou, 73 ans, à l’Elysée pendant environ une heure et trois quarts. Un tapis rouge a été vu en train d’être préparé à la résidence du Premier ministre à l’Hôtel Matignon, mais il n’y a pas eu de confirmation immédiate qu’il s’agissait bien de Bayrou.
Macron s’est engagé à rester en fonction jusqu’à la fin de son deuxième mandat en 2027, malgré la chute de Barnier la semaine dernière.
S’il choisit Bayrou, le défi sera alors de former un gouvernement qui ne sera pas renversé comme celui de Barnier l’a été à l’Assemblée nationale.
On pense qu’il cherchera soit à amener les partis du centre gauche au gouvernement, soit à conclure un pacte afin qu’ils n’évinceront pas également le prochain Premier ministre.
Macron a déjà organisé des tables rondes avec les dirigeants de tous les principaux partis politiques, à l’exception de la France intrépide (LFI) d’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon et du Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen.
Parmi les autres favoris pour remplacer Michel Barnier, qui n’a été Premier ministre que trois mois, figuraient le ministre de la Défense Sébastien Lecornu et l’ancien Premier ministre de centre-gauche Bernard Cazeneuve.
-Les médias français ont cité un autre candidat potentiel, l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui aurait déclaré qu’il avait refusé le poste parce qu’il avait près de 70 ans.
L’ancien négociateur du Brexit, Barnier, a été rejeté lorsque le Rassemblement national de Le Pen s’est joint aux députés de gauche pour rejeter ses projets de 60 milliards d’euros (50 milliards de livres sterling) d’augmentations d’impôts et de réductions de dépenses. Il cherchait à réduire le déficit budgétaire de la France, qui devrait atteindre 6,1 % du produit économique (PIB) cette année.
Sous le système politique de la Cinquième République française, le président est élu pour cinq ans, puis nomme un Premier ministre dont le choix du cabinet est ensuite nommé par le président.
Fait inhabituel, le président Macron a convoqué des élections parlementaires anticipées au cours de l’été après les mauvais résultats des élections européennes de juin. Le résultat a laissé la France dans une impasse politique, avec trois grands blocs politiques composés de gauche, de centre et d’extrême droite.
Finalement, il a choisi Barnier pour former un gouvernement minoritaire dépendant du Rassemblement national de Marine Le Pen pour sa survie. Mais maintenant que cela est tombé, Macron espère restaurer la stabilité sans dépendre de son parti.
Trois partis de centre-gauche – les Socialistes, les Verts et les Communistes – ont rompu les rangs avec la gauche plus radicale LFI et ont pris part aux négociations sur la formation d’un nouveau gouvernement.
Cependant, ils ont clairement indiqué qu’ils souhaitaient voir un Premier ministre de gauche de leur choix s’ils voulaient rejoindre un gouvernement à base élargie.
“Je vous ai dit que je voulais quelqu’un de gauche et des Verts et je pense que M. Bayrou n’est ni l’un ni l’autre”, a déclaré jeudi à la télévision française la chef de file des Verts Marine Tondelier, ajoutant qu’elle ne voyait pas comment le camp centriste qui avait perdu les législatives les élections pourraient occuper le poste de Premier ministre et maintenir les mêmes politiques.
Les relations entre le centre gauche et le parti radical LFI de Jean-Luc Mélenchon semblent s’être rompues suite à la décision des trois partis de poursuivre les négociations avec le président Macron.
Après que le leader de LFI ait appelé ses anciens alliés à éviter un accord de coalition, Olivier Faure, du Parti socialiste, a déclaré à la télévision française que « plus Mélenchon crie, moins il est entendu ».
De son côté, Marine Le Pen a demandé que la politique de son parti en matière de coût de la vie soit prise en compte par le prochain gouvernement, en élaborant un budget qui « ne franchisse pas les lignes rouges de chaque parti ».
Le gouvernement intérimaire de Michel Barnier a présenté un projet de loi permettant de maintenir les dispositions du budget 2024 l’année prochaine. Mais un budget de remplacement pour 2025 devra être approuvé une fois que le prochain gouvernement prendra ses fonctions.