Alain Pompidou, fils de l’ancien président, est mort

Alain Pompidou, fils de l’ancien président, est mort
Alain Pompidou, fils de l’ancien président, est mort

Le fils unique de l’ancien président de la République Georges Pompidou et de Claude Pompidou, est décédé à l’âge de 82 ans, a annoncé jeudi la Fondation Claude-Pompidou.

C’était en 1942, au moment le plus sombre de la guerre. Dans la maison d’une jeune enseignante, alors inconnue, un nouveau-né est accueilli. Dans un Paris occupé et soumis à de terribles restrictions, il a fallu du courage et beaucoup d’amour pour agrandir ainsi une famille. Dès lors, le plus heureux des sorts accompagne Alain Pompidou. Avec Claude et Georges, ses parents, il formerait, selon lui, un trio indestructible.

Pendant longtemps, on ne savait presque rien d’Alain Pompidou. C’était une époque heureuse où les médias respectaient la vie privée des personnalités publiques et se considéraient tenus à une extrême réserve. On connaissait seulement le brillant parcours de ce médecin, spécialiste des maladies du sang. De 1974 à 2004, il est professeur à la Faculté de médecine de Paris et chef du service de cytologie cytogénétique à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul de 1987 à 2004. À partir des années 1980, il occupe également des postes de responsabilité : responsable du dossier sida Ministre de la Santé en 1987-1988, il devient conseiller scientifique de deux premiers ministres : Édouard Balladur et Alain Juppé. Parlementaire européen de 1989 à 1999 puis président de l’Office européen des brevets de 2004 à 2007, il n’est sorti du silence qu’après la disparition de sa mère, Claude Pompidou, en 2007.

Restaurer la vérité

Il avait été le témoin le plus proche de la vie de son père mais l’extrême modestie des sentiments dont il avait hérité le dissuadait de s’exprimer. Il n’a décidé de témoigner qu’il y a une douzaine d’années lorsqu’il m’a demandé de publier avec lui quantité d’écrits inédits de Georges Pompidou, notamment une passionnante correspondance avec son ami de jeunesse Robert Pujol (Georges Pompidou. Lettres, notes et portraits, Robert Laffont 2012 et Tempus Perrin 2024).

Alain Pompidou s’emploie alors à rétablir la vérité sur son père et notamment sur la maladie qui l’a emporté le 2 avril 1974 et dont les prémices étaient apparues au lendemain des événements de mai 1968. Contrairement à la légende, Alain n’a pas directement traiter le président. En contact permanent avec l’équipe médicale dirigée par le professeur Jean Bernard, sa mission était de lui apporter un soutien psychologique. Un rôle très difficile et délicat car il était impossible à l’époque de prédire l’évolution probable du mal inexorable et par la suite d’en informer utilement le chef de l’Etat. On imagine la terrible solitude d’Alain Pompidou, contraint au silence, y compris envers sa mère qui, jusqu’au bout, a voulu nier le sort.

A l’occasion du centenaire de la naissance de l’ancien Président de la République Georges Pompidou, l’ancien Premier ministre Édouard Balladur s’est rendu au Centre Georges-Pompidou, ici aux côtés du fils unique de Georges Pompidou, Alain Pompidou.
Jean-Christophe MARMARA

En prenant la plume, Alain Pompidou entendait aussi dissiper les malentendus sur les relations entre son père et le général de Gaulle. Il n’a pas nié la distance qui s’était peu à peu développée entre les deux hommes, inséparables depuis longtemps. Il localise même très précisément la première fissure entre eux en 1965, lorsque le fondateur de la Ve République prévient très tardivement son premier ministre de son intention de briguer un nouveau mandat. Il n’a pas caché non plus la blessure ressentie par Georges Pompidou en mai 1968 lorsqu’il se sentit renié dans sa gestion des troubles ni évidemment sa déception lorsque, peu après, lors de la terrible affaire Markovic, il devina qu’il ne le ferait pas. soutenu. Mais tout cela, souligne-t-il, n’a pas empêché son père de témoigner la plus sincère admiration à celui qui l’avait « révélé à lui-même » et dont il voulait être le successeur, déterminé à conserver le meilleur de son héritage.

Ses dernières années, assombries par de cruelles épreuves, Alain Pompidou les consacre à remettre de l’ordre énergiquement dans les archives privées de son père.

Ami incomparable, dévoué et chaleureux, Alain Pompidou ne se lasse pas de rappeler la chance qu’il a eu d’entrer dans la vie soutenu par de tels parents. Très attentif à l’avenir du Centre Pompidou dont il fut longtemps administrateur, il évoque dans un livre (Pour l’amour de l’art, Plon, 2017) la passion du couple présidentiel pour l’art moderne. A sa mère, dont il s’est efforcé de poursuivre l’œuvre en dirigeant la Fondation Claude Pompidou, aujourd’hui présidée par Claude Chirac, il a dédié en 2016 un livre de souvenirs (Claude. C’était ma mère, Flammarion) avant de renouveler récemment le même exercice pour exprimer son dette envers son père (C’était Georges, mon père, Robert Laffont 2023).

Ses dernières années, assombries par de cruelles épreuves, Alain Pompidou les consacre à remettre énergiquement de l’ordre dans les archives privées de son père, riches de correspondances avec presque tous les grands écrivains et artistes de son -. Ce trésor dont il voulait être le gardien vigilant est désormais en ordre aux Archives nationales. La mémoire de Georges Pompidou, ce grand président que les Français redécouvrent, lui doit beaucoup. Peu d’héritiers d’un grand nom se sont révélés plus dignes que lui.

 
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