Par
Yann André
Publié le
13 décembre 2024 à 5h49
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Le pedigree de Jean-Yves Le Drian lui confère la carrure d’un homme d’État. Ancien maire de Lorient (1981 à 1998), plusieurs fois adjoint (entre 1978 et 2007) et président du conseil régional de Bretagne (deux fois entre 2004 et 2017), il a aussi et surtout exercé des fonctions régaliennes pendant 10 ans.
10 ans de ministre
Le Breton qui l’oreille et la confiance du Président de la République a été nommé ministre de la Défense en 2012 sous le quinquennat de François Hollande. En 2017, il devient ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, poste qu’il occupe jusqu’en 2022.
Alors qu’il était membre de Parti Socialiste depuis 1978, Jean-Yves Le Drian quitte son parti politique pour tenter de rassembler ses anciens camarades autour d’Emmanuel Macron.
Depuis un peu plus d’un an, le Président en a fait son envoyé personnel pour le Liban.
Pourquoi pas lui ?
Naturellement, son nom figurait parmi les candidats éligibles à la succession de Michel Barnier dans le costume convoité et redoutable du Premier ministre.
Une hypothèse d’autant plus crédible que si Michel Barnier incarne une figure d’autorité ancrée à droite de l’échiquier politique, Jean-Yves Le Drian aurait sans doute la construction pour incarner le parfait contrepoids à gauche.
Nous lui avons donc posé la question. Ce à quoi il a répondu sans ironie et avec humilité.
On me l’a proposé. Mais j’ai refusé. Dans deux ans et demi, j’aurai 80 ans, ce ne serait pas grave.
“Le principal concerné le sait”, a-t-il ajouté avec un sourire complice. “Tu n’auras pas de surprises demain…”
Applaudi par un millier de personnes
Cette confiance nous a été délivrée lors d’une brillante conférence, sur le thème « le basculement du monde », donnée jeudi 12 décembre 2024 à Saint-Brieuc et organisée par Cerfrance Côtes-d’Armor.
« Nous sommes dans un monde complexe », introduit Jérôme Lejart, président de Cerfrance Côtes-d’Armor. «Qui mieux que nous pour nous en parlerun conférencier exceptionnel et en plus breton ? »
Plus d’un millier de personnes ont pris place dans la salle Hermione, au Palais des Congrès et des Expositions, et ont bu pendant une heure les paroles de celui qui est devenu un expert en géopolitique.
Prétendre résumer cette présentation en quelques lignes serait offensant. On se souviendra que « nous sommes entrés dans une toute nouvelle ère de l’Histoire » et que « la mondialisation heureuse que l’on croyait connaître depuis la chute du mur de Berlin a souffert une rupture soudaine« .
Un monde imprévisible
Jean-Yves Le Drian s’est efforcé de décrire l’imprévisibilité, l’impunité, la crise de l’État de droit, la mise en accusation de l’Occident, le retour du « désir d’empire » de puissances comme la Russie, la Chine ou l’Iran, la tentation de prolifération nucléaire…
« Nous sommes dans une géopolitique de la force », prévient-il. « Une seule solution pour nous : renforcer l’Europesa souveraineté et son autonomie stratégique. » Défense, énergie, santé, agroalimentaire, numérique, semi-conducteurs… Les exemples et les enjeux sont nombreux.
Quiconque estime qu’il faudra désormais « trouver de nouvelles formes de coopération internationale » ne deviendra pas Premier ministre mais, sans doute, continuera encore quelques - à apporter ses lumières au plus haut sommet de l’Etat.
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