France –
Le Premier ministre sera nommé vendredi matin, selon l’Élysée
Emmanuel Macron s’est engagé mardi auprès des représentants des partis présents à l’Élysée à nommer un Premier ministre « dans les quarante-huit heures ».
Publié : 12/12/2024, 19h46
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Emmanuel Macron ne respectera pas le délai promis : le premier ministre sera finalement nommé vendredi matin, signe de la difficulté à trouver une personnalité susceptible de durer plus longtemps que l’éphémère Michel Barnier et à faire adopter un budget, dans un paysage politique fracturé .
Dès l’atterrissage de l’avion présidentiel près de Paris, de retour d’une visite en Pologne, l’Élysée a annoncé que l’investiture n’aurait pas lieu jeudi soir. “Il termine ses consultations”, a déclaré à l’AFP son entourage, sans plus d’explications.
Après avoir d’abord envisagé d’annoncer son choix au lendemain du 4 décembre, jour de la censure historique du gouvernement Barnier, le chef de l’Etat a promis mardi après-midi un Premier ministre “dans les quarante-huit heures”. Un serment fait aux dirigeants de formations dans un arc allant des communistes à la droite, unis en quête de compromis et en l’absence du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise.
Finalement, le choix s’avère encore plus difficile que prévu.
“Ils sont dans le piège”, il y a un “barrage pour chaque nom”, déplore un proche d’Emmanuel Macron. “Personne n’est d’accord autour du président”, ajoute-t-il, espérant que ce dernier surprenne tout le monde avec un profil inattendu.
Quel nom pour sortir le pays d’une crise politique sans précédent ? François Bayrou, le fidèle allié centriste qui attend toujours son heure et qui semble cette fois-ci favori ? Ou Bernard Cazeneuve, pour récompenser les engagements pris par le Parti socialiste, dont certains députés, dont l’ex-président François Hollande, adoubent l’ancien premier ministre à la dernière minute ?
A moins qu’à ces deux ténors, le chef de l’Etat préfère un chef d’équipe moins connu des Français.
Jeudi après-midi, plusieurs députés RN, dont les cadres Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy, ont successivement marqué mercredi. « Roland Lescure ? Motion de censure», a écrit la porte-parole du groupe lépéniste Laure Lavalette, avant de supprimer son message.
Des sources parlementaires ont confirmé que le nom de ce député social-libéral des Français établi en Amérique du Nord, qui avait critiqué le poids du parti de Marine Le Pen dans la naissance du gouvernement Barnier, était bien sur la table.
Prenant l’hypothèse « au sérieux », l’entourage du ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a prévenu que ce serait un « gros problème » pour son parti, Les Républicains (LR), car Roland Lescure « porte une ligne inverse » sur immigration.
« Pacte de non-censure »
Le président a tenté de faire en sorte que le futur Exécutif bénéficie ces derniers jours d’un « pacte de non-censure » notamment de la part du Parti socialiste, ou encore des Écologistes. François Bayrou propose depuis longtemps au chef de l’Etat un gouvernement de personnalités capables de convaincre suffisamment de députés, sans attendre un accord formel entre les chefs de parti. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a publiquement refusé mercredi l’option Bayrou, plaidant pour un Premier ministre de gauche.
“Les Français ont besoin d’un peu d’enthousiasme, d’élan, de souffle, de nouveauté”, a lancé jeudi la patronne des Écologistes Marine Tondelier sur France 2, appelant Emmanuel Macron “à sortir de sa zone de confort”. Elle a rejeté ceux qui incarnent à ses yeux le « passé » : François Bayrou mais aussi l’ex-socialiste Bernard Cazeneuve, que le président avait formellement consulté en septembre sans toutefois le nommer.
Celui devenu avocat “est dans le même état d’esprit qu’avant, inquiet de la gravité de la situation, et conscient de l’impossibilité de s’enfuir si on fait appel à lui”, glisse un député proche du dernier premier ministre de François. Hollande. A l’aile droite de la macronie, on préférerait l’inamovible ministre des Armées Sébastien Lecornu, très proche du président, ou sa collègue Catherine Vautrin. Certains craignent aussi que LR, après avoir participé à l’aventure Barnier, se détourne d’un gouvernement plus marqué à gauche.
L’ombre de Sarkozy
A droite, François Bayrou suscite aussi une certaine hostilité : toute la journée de mercredi, les couloirs bourdonnaient du veto de l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, qui ne digère pas son vote pour François Hollande face à lui lors de l’élection présidentielle de 2012.
Dans tous les cas, il y a urgence. La chute de Michel Barnier, renversé par les députés dans une censure inédite depuis 1962, laisse le pays sans budget pour 2025. Un projet de loi spéciale pour éviter la paralysie de l’Etat a été présenté mercredi en Conseil des ministres et entame son parcours parlementaire express qui devrait permettre son adoption la semaine prochaine. Mais elle ne permet pas de reconduire de nombreuses dispositions anciennes ou nouvelles favorables aux Français et aux entreprises.
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