En apparence, l’Indre respire la quiétude d’un département rural, loin de la fureur urbaine. Mais derrière les collines et les bosquets, une réalité brutale s’impose : un habitant sur dix vit en dessous du seuil de pauvreté. Dans une région Centre-Val de Loire parmi les moins pauvres de France, ce bastion du Berry fait mauvais figure avec un taux de pauvreté de 15,4% – légèrement supérieur à la moyenne nationale (14,9%) -, soit 31 684 personnes vivant sous le seuil de pauvreté. doubler.
« Nous limitons l’augmentation de la pauvreté, mais nous ne pouvons pas l’endiguer »
A Châteauroux, la préfecture, près d’un quart des habitants (23%) vivent en dessous du seuil de pauvreté. Avec des revenus inférieurs à 883 €/mois pour les 10 % des plus pauvres, la précarité s’enracine dans les quartiers populaires comme Saint-Jean et Saint-Jacques, classés quartier prioritaire de la ville (QPV). Ici, les chiffres atteignent des sommets : plus de 54 % des habitants sont touchés par la pauvreté.
« La pauvreté se concentre là où les loyers sont les plus bas. Ceux qui trouvent du travail et quittent le quartier sont remplacés par des ménages encore plus fragiles, créant une spirale difficile à briser.analyse Laurent Tixier, délégué du préfet à la politique de la ville.
Une campagne marquée
Mais ce mal-être n’est pas l’apanage des villes. A la campagne, elle prend une autre forme, plus calme. A La Châtre, commune de 4 000 habitants, une personne sur cinq est concernée. Patrick Judalet, le maire, témoigne : « Ici, la pauvreté touche principalement les personnes âgées isolées, les locataires, avec souvent de petites retraites. Nous travaillons main dans la main avec des associations pour leur proposer une aide alimentaire ou du matériel de base. » Avec ses 734 logements sociaux pour 2 700 ménages, la ville tente de répondre.
Les chiffres de l’Observatoire des inégalités parlent d’eux-mêmes : dans des communes comme Issoudun ou Le Blanc, environ 18 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. À l’échelle intercommunale, des territoires comme la Marche Berrichonne atteignent des taux similaires (20 %), renforçant l’idée d’une fragilité diffuse et plus ancrée dans le sud du département.
-Cependant, la taille des communes fausse parfois la perception. À Issoudun, 18 % de la pauvreté touche 1 840 personnes ; à Châtillon-sur-Indre, ce même taux représente « seulement » 351 habitants. Ces disparités compliquent l’action publique, souvent calibrée pour répondre à des masses critiques et non à une multitude de micro-situations.
Solutions limitées
Face à cette pauvreté généralisée, les politiques publiques peinent à contenir l’érosion sociale. Dans les QPV, le revenu moyen reste stagnant. « La difficulté est que les politiques publiques limitent l’augmentation de la pauvreté, mais nous ne pouvons pas l’endiguer »avoue Laurent Tixier. Des dispositifs comme le contrat de ville, axés sur l’emploi, la mobilité ou l’éducation, peinent à inverser la tendance.
Dans un département où la moitié des personnes dans cette situation vit avec moins de 940 euros par mois, l’avenir reste incertain. Comme le souligne le rapport de l’Observatoire des inégalités, les cartes de pauvreté permettent avant tout de cibler les priorités. Dans l’Indre, ils sont clairs : offrir des opportunités là où les inégalités sont profondément ancrées, et redonner l’espoir à un territoire qui, sous son aspect rural, porte les stigmates d’une pauvreté silencieuse mais bien réelle.
Quel est le seuil de pauvreté ? Le seuil à partir duquel une personne est considérée comme pauvre dépend des ressources disponibles après impôt pour une personne adulte (le niveau de vie) dont dispose la moitié de la population. Il est d’usage de fixer le seuil de pauvreté à 60 % de ce niveau de vie médian. En 2022, cela correspond à 1 216 € par mois pour une personne seule.
