Peut-on réellement être optimiste quant à la reprise des investissements ?
R. Ch.: Je suis d’accord qu’à plus long terme, c’est-à-dire peut-être au tournant des années 2025 et 2026, ce qui commencera à affecter l’économie polonaise, ce sont les dépenses d’investissement. Nous sommes dans une période de transition où le financement selon l’ancienne perspective a pris fin et où la nouvelle n’a pas encore commencé. Historiquement, ces périodes étaient en réalité associées à une faible activité d’investissement. Nous avons aussi des enjeux politiques, la formation de nouvelles autorités dans les entreprises, et ce facteur est également important. Cependant, d’un point de vue objectif, il existe de nombreux projets dans l’économie polonaise qui devraient être mis en œuvre. Lorsque le financement sera disponible, les questions liées à la transformation énergétique devront être abordées. Ces dépenses soutiendront donc la croissance économique, mais cela prend du -. Ce qui rend difficile l’établissement de prévisions pour l’année prochaine, c’est l’incertitude quant à ce qui pourrait se produire dans l’économie mondiale.
Cependant, notre économie a aussi un côté plus sombre. Ce que je veux dire ici, c’est l’industrie. Il est vrai qu’en 2024, des données meilleures que prévu sont apparues depuis un moment, mais est-il vrai dans ce cas-ci qu’une hirondelle ne fait pas un été ?
Ł.T.: Les données d’octobre étaient en réalité plus solides. Ce qui est le plus réjouissant, c’est qu’il n’y a pas eu d’approfondissement de la régression. Cependant, il faut clairement affirmer que l’industrie est une exportation, c’est-à-dire un environnement extérieur. Environ 75 pour cent des exportations sont destinées à l’Union européenne, où l’on constate une stagnation. Il sera donc difficile d’assister à un rebond significatif. Nous devrions assister à une croissance stable et modérée. Nous ne nous attendons pas à ce qu’une impulsion plus forte apparaisse dans l’économie européenne. Si nous nous réunissons à cette époque l’année prochaine, peut-être serons-nous simplement heureux qu’il n’y ait pas eu de choc négatif dû, par exemple, aux actions protectionnistes des États-Unis. Le mieux qui puisse arriver, et cela se voit dans les prévisions, est une croissance économique de 0,5 à 0,7 % dans la zone euro. et cela sera principalement dû aux économies périphériques. Un facteur qui pourrait surprendre, mais que j’aborderais avec beaucoup de prudence, pourrait être la Chine, où il existe une perspective d’une forte impulsion favorable à la croissance grâce à la politique économique.
R.CH: Je suis sceptique quant à la relance chinoise. Il y a toujours beaucoup d’annonces, mais les actions des autorités chinoises, à mon avis, ne résolvent pas les problèmes de l’économie chinoise. Elle a des problèmes structurels. Il s’agit du manque d’emplois suffisants pour une main-d’œuvre qualifiée et, par conséquent, du chômage des jeunes. C’est aussi une crise sur le marché du logement. Les mesures prises par les autorités chinoises ne résoudront pas ces problèmes. De quoi provoquer un carnaval sur les marchés financiers pendant plusieurs semaines. Dans les relations entre la Chine et l’Union européenne, il convient également de noter que la Chine fait de plus en plus de choses sur son territoire. Il y a eu un transfert de technologie au fil des années. Même si la reprise chinoise se produisait, je ne suis pas convaincu qu’elle stimulerait l’industrie européenne.
Encore un sujet qui n’était pas prévu à l’origine, mais qui mérite d’être abordé après les événements récents. Je parle des taux d’intérêt et des propos du président de la Banque nationale de Pologne, Adam Glapiński, qui a clairement indiqué que les baisses des taux d’intérêt auront lieu en 2026 et non en 2025. Devons-nous attacher de l’importance à ces propos ?
Ł.T.: Personnellement, je ne crois pas à la mise en œuvre du scénario selon lequel la première baisse des taux aurait lieu en 2026. La raison de ce discours de resserrement était la projection d’inflation selon laquelle au second semestre, l’inflation augmenterait jusqu’à 5 %. Toutefois, cette simulation suppose que les prix de l’énergie se dégeleront au troisième trimestre au niveau des tarifs actuellement en vigueur. À mon avis, cela ne se réalisera pas. Les prix de l’énergie sur le marché indiquent que l’Office de régulation de l’énergie approuvera une baisse des prix au printemps et que l’impulsion pro-inflationniste sera donc plus faible. Je crois donc qu’en juillet il y aura des arguments en faveur d’une discussion et d’une première baisse des taux.
R. Ch.: La croissance économique en Pologne est modérée. Les impulsions qui parviennent à l’économie polonaise sont négatives. Si l’on ajoute le facteur local sous forme de prix de l’énergie, je n’exclus pas un autre changement dans l’approche et la rhétorique du Conseil de politique monétaire.
Plus nous retardons les réductions, toutes choses égales par ailleurs, plus les attentes concernant ces réductions augmenteront. Compte tenu des baisses de taux d’intérêt à l’échelle mondiale, les investisseurs préféreront également intégrer des baisses de taux en Pologne, quoique peut-être dans une perspective à plus long terme.