Qui est Bachar al-Assad, l’autocrate déchu ?

Le président syrien est tombé ce dimanche. Pendant près d’un quart de siècle, Bachar al-Assad a gouverné la Syrie d’une main de fer, réprimant dans le sang une rébellion qui s’est transformée en guerre civile, l’une des plus brutales du XXIe siècle. Mais qui est cet homme qui a succédé à son père ?

Héritage paternel

Bachar el-Assad, ophtalmologiste de formation, a accédé au sommet de l’Etat à l’âge de 34 ans, en 2000, à la mort de son père, Hafez el-Assad, auquel il a succédé. A la tête du parti Baas, Hafez el-Assad avait imposé en Syrie un régime opaque et paranoïaque où le moindre soupçon de dissidence pouvait envoyer quelqu’un en prison.

Né le 11 septembre 1965, son fils Bachar n’était pas destiné à devenir président mais sa vie change radicalement lorsque son frère aîné Bassel, qui devait succéder à son père, est tué dans un accident de la route en 1994. Il doit alors renoncer à son mandat. étudie à Londres, où il rencontre sa femme Asma, une sunnite syro-britannique avec qui il a trois enfants.

À la mort de son père en 2000, Bachar est devenu président par référendum, sans opposition. Lorsqu’il a prêté serment à l’âge de 34 ans, il incarnait pour de nombreux Syriens en quête de plus de libertés l’image d’un réformateur, capable de mettre fin à des années de répression et d’instaurer une économie plus libérale. dans ce pays au contrôle étatique étouffant.

Au début de sa présidence, Assad est apparu en public au volant de sa voiture ou en train de dîner seul au restaurant avec sa femme. Il assouplit certaines des restrictions imposées par son père. Mais l’image du réformateur s’est très vite dissipée, avec l’arrestation et l’emprisonnement d’intellectuels, d’enseignants ou autres adeptes du mouvement réformateur, au terme d’un bref « Printemps de Damas ».

L’ombre de la Russie et de l’Iran et la répression

En 2011, il est confronté au Printemps arabe dans son propre pays, une série de manifestations pro-démocratie rapidement réprimées dans le sang et qui dégénèrent en guerre civile impliquant notamment diverses forces jihadistes, dont l’organisation État islamique.

Il a réussi à se maintenir au pouvoir grâce au soutien massif de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais. Issu d’une lignée alaouite, il se présente comme le protecteur des minorités syriennes et le seul bouclier contre l’extrémisme et le chaos.

Lorsque le Printemps arabe s’est étendu à la Syrie en mars 2011, des manifestations pacifiques ont appelé au changement. Bachar al-Assad, qui est également le commandant des armées, mène alors une répression brutale rapidement suivie d’une guerre civile. Durant cette guerre, qui a fait plus de 500 000 morts et déplacé la moitié de la population, le président syrien est toujours resté ferme sur ses positions.

Grâce au soutien de ses sponsors iraniens et russes, il parvient à reconquérir les deux tiers du territoire. En interne, grâce à sa « persévérance et sa rigueur », il a réussi à « monopoliser les pouvoirs de décision et garantir le soutien total de l’armée », explique un chercheur à Damas. Même au plus fort de la guerre civile, il reste imperturbable, convaincu de sa capacité à écraser une rébellion qu’il dénonce comme « terroriste » et comme le produit d’un « complot » mené par des pays ennemis pour le renverser.

Une personnalité « unique et complexe »

Soignant son apparence, le dirigeant préfère les costumes bien coupés et une cravate sobre aux vêtements militaires. Mais sous une apparence calme et presque timide, il affiche une volonté de conserver le pouvoir à tout prix. Un journaliste qui a rencontré Bachar al-Assad à plusieurs reprises avant et après le début de la rébellion en Syrie en 2011 décrit une « personnalité unique et complexe ».

« Chaque fois que je l’ai rencontré, il était calme, même dans les moments les plus critiques et les plus difficiles de la guerre », raconte ce journaliste sous couvert d’anonymat. “Ce sont exactement les caractéristiques de son père”, ajoute Hafez al-Assad, qui a dirigé la Syrie d’une main de fer pendant trente ans. Bachar al-Assad « a réussi à se rendre indispensable. En politique, il faut savoir rebattre les cartes et il a su maîtriser le jeu. » Jusqu’à présent.

 
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