Que s’est-il passé sur le dossier controversé Atos ce vendredi 6 décembre ?
Alors que le groupe informatique en pleine tourmente vient de boucler la première étape de sa restructuration financière avec une augmentation de capital de 233 millions d’euros, un étrange phénomène de marché s’est produit ce vendredi.
Les nouvelles actions (environ 63 milliards) seront livrées aux investisseurs le 10 décembre et admises aux négociations sur Euronext le même jour. C’est ce qui a été communiqué aux investisseurs lors de l’augmentation de capital. Mais voilà, 3 jours de bourse auparavant, le titre s’est effondré (-98,54%) dans des volumes stratosphériques de plus de 6 milliards d’actions échangées !
Le problème est qu’à ce jour, le capital d’Atos est composé d’environ 112 millions d’actions. Une information que nous affichons sur ABC Bourse mais qui est également confirmée par Euronext comme le montre cette capture d’écran de leur site Internet :
Une information tout à fait logique puisque les nouveaux titres ne sont pas livrés.
Le problème est que dès l’ouverture (logiquement retardée) de la cotation d’Atos aujourd’hui, nous avons vu un carnet de commandes avec plusieurs milliards d’actions à vendre. Certaines lignes valaient 500 millions. Comment est-ce possible ?
À la rédaction d’ABC Bourse, nous suivons les marchés depuis maintenant près de 25 ans et nous avons assisté à des augmentations de capital, mais jamais à cela. Lorsqu’ils visent à sauver une société et non à générer de la croissance, il y a toujours un déclin brutal. Notre analyse d’Atos du 5 décembre, veille de cette énorme chute, mettait en garde les lecteurs. Atos lui-même avait prévenu qu’il fallait s’attendre à une forte dilution. Tout cela est assez logique, mais le problème est que cela se produit bien avant la livraison des actions.
On pourrait parler de vendeurs à découvert, mais cela ne tient pas non plus. Pour vendre des titres à découvert il faut les emprunter et vu les volumes on a toujours le même problème, c’est impossible.
On pourrait aussi dire que le volume est le résultat de nombreux allers-retours de robots de trading, mais encore une fois cela ne cadre pas avec des lignes de millions de titres théoriquement inexistants.
Alors d’où viennent ces milliards d’actions ?
C’est la question sans réponse aujourd’hui. En tout cas ils ne viennent pas d’investisseurs particuliers qui n’avaient que les yeux pour pleurer aujourd’hui, on termine à 0,0026€/action alors qu’ils ont été payés 0,0037€, soit déjà 30% de valeur en moins.
Ils ne proviennent pas de Philippe Salle, président du conseil d’administration et futur directeur général de la société, qui a souscrit pour 9 millions d’euros et qui dispose d’un engagement de détention.
Ce qui est sûr, c’est que certains participants à la recapitalisation disposaient des titres à l’avance et ont pu en disposer avant le grand public. Dans ce cas on peut déjà considérer qu’il y a eu une inégalité de traitement entre les actionnaires et qu’une fois de plus les individus sont victimes de la plaisanterie.
C’est sans doute un scandale de plus à épingler sur ce maudit dossier. Il sera intéressant d’avoir des explications de la part de l’entreprise mais aussi et surtout de l’opérateur de marché, Euronext et de l’AMF qui est censé protéger l’épargne et veiller à l’égalité de traitement.
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