Par John Put
Le plat bien-aimé de la Côte d’Ivoire, l’attiéké, à base de farine de manioc fermentée, a été reconnu comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Prononcé « atchekay », ce plat ressemble au couscous et est fabriqué à partir de racines de manioc. Apprécié par beaucoup, il figure fréquemment dans les assiettes du petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner.
Souvent appelé « couscous ivoirien », l’attiéké est traditionnellement servi avec du poisson grillé. Bien qu’il soit né il y a des siècles dans les communautés côtières de Côte d’Ivoire, il est depuis devenu un incontournable dans toute l’Afrique de l’Ouest.
S’exprimant lors de la session de l’UNESCO sur le patrimoine culturel au Paraguay, la représentante de la Côte d’Ivoire, Ramata Ly-Bakayoko, a décrit l’attiéké comme « profondément enraciné dans la vie quotidienne de ses communautés ».
Le saké japonais, une boisson alcoolisée traditionnelle à base de céréales, a également rejoint la liste des trésors culturels cette année.
En Côte d’Ivoire, l’attiéké occupe une place centrale lors d’événements importants, notamment les mariages, les baptêmes, les funérailles et les rassemblements communautaires.
Plus que de la nourriture, elle est devenue une Source vitale de revenus et un moyen d’indépendance financière, notamment pour les femmes.
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La préparation de l’attiéké, activité traditionnellement dirigée par les femmes, implique un processus long et en plusieurs étapes qui a également été reconnu sur la liste de l’UNESCO.
Le processus commence par éplucher et râper le manioc, qui est ensuite mélangé avec du manioc préfermenté pour plus de saveur.
-Le mélange est pressé pour éliminer l’excès d’amidon, traité à la main, séché et cuit à la vapeur à la perfection.
Il est couramment vendu sur les marchés locaux, soigneusement emballé dans des sacs en plastique individuels pour une distribution facile.
À la base, l’attiéké sert de fil conducteur, tissant les générations à travers des traditions partagées.
Les mères enseignent à leurs filles les recettes et les techniques, formant ce que Mme Ly-Bakayoko appelle « un pilier de leur identité et de celle de toute la Côte d’Ivoire ».
L’initiative de l’UNESCO vise à sauvegarder ces traditions, en soulignant leur valeur pour le patrimoine mondial. Reconnaître l’attiéké met en valeur son importance culturelle à l’échelle internationale.
Pourtant, le plat a suscité la controverse.
En 2019, l’indignation a éclaté en Côte d’Ivoire après que Florence Bassono, du Burkina Faso, a remporté un prix pour sa marque Faso Attiéké, lors d’un prestigieux salon agricole à Abidjan.
Les Ivoiriens étaient furieux de voir leur trésor national célébré sous un nom étranger.
Pour protéger l’identité d’attiéké, l’Organisation régionale africaine de la propriété intellectuelle a récemment enregistré une marque collective, limitant son nom aux produits à base de manioc fabriqués en Côte d’Ivoire, de la même manière que le champagne est lié à ses origines françaises.