MOHD RASFAN / AFP
La censure gouvernementale aurait des effets sur le budget de l’armée, prévient un sénateur LR.
POLITIQUE – Il y a les risques d’une motion de censure, auxquels tout le monde pense, et ses conséquences potentielles, auxquelles on pense moins. Si le gouvernement de Michel Barnier était renversé – une hypothèse qui fait son chemin puisque le Rassemblement national a confirmé qu’il entraînerait » sauf miracle » ses votes de censure en cas de recours au 49.3 −, l’un des risques possibles est l’annulation des 3,3 milliards d’euros supplémentaires prévus pour les armées dans la loi de programmation militaire. C’est en tout cas l’inquiétude exprimée par le sénateur LR Cédric Perrin dans Le Figaro ce lundi 2 décembre.
Président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, il ne croit pas que « la censure du gouvernement actuel pourrait être autre chose qu’un malheur”. Au-delà du fait qu’il soutient l’équipe de Michel Barnier, Cédric Perrin rappelle que si le budget 2025 n’était pas adopté, ce serait le budget 2024 qui serait reconduit. Annuler effectivement l’augmentation du budget de la défense.
« A l’heure où la Russie importe des milliers de combattants nord-coréens sur le sol européen, où elle lance de nouveaux missiles capables d’emporter des têtes nucléaires, la France réviserait donc sa défense à la baisse de 6,5 % par rapport à ce que prévoit le projet de loi de finances »déplore le sénateur, qui demande aux députés RN “de cesser de proclamer leur patriotisme et leur attachement à la souveraineté de la France”puisqu’ils participent, selon lui, à l’affaiblissement de nos armées. « De la part du NFP, et notamment de sa composante LFI, un tel renoncement sur la défense n’est ni nouveau ni surprenant »il tacle au passage.
« Mauvaise interprétation stratégique »
Cédric Perrin dénonce « une vision à courte vue » et « une interprétation erronée stratégique ». De manière apocalyptique, il prévient : « Si nous ne sommes plus en mesure d’assurer la sécurité de notre population, de nos territoires et la défense de nos intérêts, il ne restera rapidement plus grand chose à défendre ». Un discours volontairement alarmiste, qu’il faut replacer dans le contexte politique : la survie du gouvernement n’est plus assurée, ses partisans font de leur mieux pour inciter les oppositions (et notamment le RN) à ne pas voter la motion de censure.
D’ailleurs, le ministre des Armées Sébastien Lecornu est également venu au secours de son budget. Sur X, il dit qu’il regrette « le vote de censure du gouvernement »qui viendrait « briser cet élan essentiel à la protection de nos concitoyens, en empêchant la proposition d’augmentation de 3,3 milliards d’euros pour notre budget de défense ». “Cela aurait des conséquences très concrètes pour nos armées, mais aussi plus largement pour nos industriels français de défense : plus de 200 000 emplois dans plus de 4 000 entreprises sur l’ensemble de nos territoires”ajoute-t-il, tout en affirmant que dans un contexte de réarmement généralisé, « nos armées et nos industriels ont besoin de stabilité, de visibilité, et donc de confiance ».
« Faites les poches »
A l’inverse, le député LFI Bastien Lachaud, membre de la commission Défense à l’Assemblée nationale, défend que la censure gouvernementale est nécessaire pour empêcher le Premier ministre de « faire les poches des militaires ». « Le gouvernement propose de taxer l’indemnité de séjour à l’étranger du personnel militaire, ignorant complètement les réalités des conditions de vie et de travail des militaires.explique le rebelle. Ils refusent de faire contribuer les milliardaires, mais n’hésitent pas à s’en prendre à ceux qui servent notre pays. » L’élu a adressé une lettre sur le sujet au ministre des Armées Sébastien Lecornu, pour dénoncer « des conséquences financières importantes » qu’aurait une telle disposition sur les militaires français, affirmant avoir été contactés “directement” par certains d’entre eux. Même question, plusieurs points de vue.
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