Après cinq ans d’accalmie, une coalition de rebelles, dirigée par les jihadistes de Hayat al-Sham (HTS), émanation de l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, avec laquelle ils ont officiellement rompu, est parvenue à s’emparer samedi après-midi de l’aéroport. d’Alep, la deuxième ville du pays, ainsi que de grandes parties de la ville elle-même.
Les troupes syriennes et leurs alliés, notamment des milices liées aux Gardiens de la révolution iranienne, ont préféré quitter la ville face à cette offensive apparemment imprévue. Les combats ont fait plus de 320 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), dans un bilan sinistre qui n’est pas sans rappeler les pires heures de la guerre civile en Syrie.
Les rebelles ont déclaré samedi que leurs combattants avaient avancé dans plusieurs directions depuis leur bastion dans la province syrienne d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie, et avaient pris le contrôle de plusieurs dizaines de villes et d’une base aérienne du régime. Des images publiées sur les réseaux sociaux liés à l’opposition montrent les forces rebelles, qui ont lancé leur offensive mercredi, posant devant la citadelle d’Alep, située au cœur de la ville.
Effet dévastateur
Cette agression se déroule dans un contexte bien précis. Tout d’abord, les rebelles ont profité d’un affaiblissement des alliés de Bashar Assad, notamment du Hezbollah libanais et de l’Iran, suite à la guerre menée par Israël contre le Hamas et le Hezbollah palestiniens depuis le 7 octobre 2023. Les forces israéliennes ont ciblé à plusieurs reprises des bases de milices alliées à L’Iran doit empêcher les Gardiens de la révolution de livrer des armes au Hezbollah ou au Hamas.
L’armée israélienne a également déclaré avoir frappé samedi des infrastructures militaires liées au Hezbollah en Syrie, près de la frontière libanaise. Rappelons que le président syrien a pu réprimer la rébellion grâce au soutien militaire de la Russie et de l’Iran ou à des milices financées par l’Iran, comme le Hezbollah.
À cela s’ajoute le fait que les efforts entrepris par le président turc Recep Ergodan pour se rapprocher de Bachar Assad n’ont jusqu’à présent abouti à rien. Cependant, la Turquie soutient de nombreux groupes armés syriens au Nord et contrôle l’accès aux zones tenues par le HTS. Enfin, les populations de la région d’Irbid, contrôlée par le HTS, commençaient à se lasser des attaques incessantes, notamment de drones, des forces du régime, dans une sorte de guérilla latente qui épuise leur patience. C’est aussi une stratégie inspirée par les forces russes présentes dans le pays.
Cette offensive est un coup dévastateur pour Bachar al-Assad, qui met en lumière la faiblesse du régime et son incapacité à reprendre le contrôle de son pays près de quinze ans après le début de la guerre civile, qui a fait près de 500 000 morts, sur une population de moins de 20 habitants. millions d’habitants. C’est également un coup dur pour l’Iran et son allié le Hezbollah, qui montre que leur guerre d’usure contre Israël a clairement miné leurs capacités militaires dans la région.
Finalement, ce n’est pas une bonne nouvelle pour Moscou, qui sera contraint de détourner une partie de son effort de guerre contre l’Ukraine vers la Syrie. C’est une mauvaise décision d’autant plus que HTS prépare apparemment son offensive depuis des mois, avec des factions soutenues par la Turquie.