Michel Barnier, pris dans la spirale des concessions au RN, s’expose à une double faute

Michel Barnier, pris dans la spirale des concessions au RN, s’expose à une double faute
Michel Barnier, pris dans la spirale des concessions au RN, s’expose à une double faute
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LUDOVIC MARIN / AFP Pris dans la spirale des concessions au RN, Michel Barnier (ici le 7 septembre) s’expose à une double faute

LUDOVIC MARIN / AFP

Pris dans la spirale des concessions au RN, Michel Barnier (ici le 7 septembre) s’expose à une double faute

POLITIQUE – Il ne l’a pas fait » roulé par terre » pour devenir Premier ministre. Le fera-t-il pour rester ainsi ? S’il faut éviter le ” tempête financière » qui menace la si elle ne se dote pas de son budget, comme il l’affirme, ou de son destin personnel, Michel Barnier fait tout pour rester en place à la tête de son gouvernement.

Le cap est désormais clair : amadouer le Rassemblement national dont les dirigeants, Marine Le Pen et Jordan Bardella en tête, ne cessent de brandir la menace d’une motion de censure sur les textes budgétaires (finances de l’Etat et Sécurité sociale). ). Ainsi, Michel Barnier a fait le point (sans le dire) au parti d’extrême droite sur trois sujets majeurs en moins d’une semaine.

Mardi, au lendemain d’une rencontre avec la figure de proue du RN, le Premier ministre s’est invité sur TF1 au JT de 20 heures, pour annoncer une mission et une future loi au printemps sur la représentation proportionnelle, une revendication historique des lépénistes. Jeudi, dans les colonnes de Figaro il a expliqué qu’il renonçait (pour 3 milliards d’euros) à la surtaxe sur l’électricité, première demande du RN sur le budget. Avant de prôner une répression contre l’AME (Aide médicale de l’État aux sans-papiers), totem ultime de l’extrême droite.

Le risque d’un accord

Cette première accumulation (qui en appelle d’autres) témoigne des négociations en coulisses entre Matignon et l’entourage de Marine Le Pen, en cours depuis plusieurs jours. Il dessine également un ersatz d’accord politique entre les « base commune » soutenir l’exécutif et le parti frontiste. Une stratégie peut-être inévitable pour Michel Barnier, mais forcément risquée.

Avec ces concessions, le chef du gouvernement – ​​qui doit en partie sa nomination à la mansuétude du RN à son égard – continue tout d’abord de remettre le Rassemblement national au centre du jeu et de l’attention, offrant à Marine Le Pen une place stratégique dès dont elle entend tirer tous les bénéfices. Une attitude certes attendue, plusieurs de ses partisans à l’Assemblée n’appréciant guère un pas vers la gauche même lorsque les insoumis sont expulsés, mais qui prend ces derniers jours des allures de mariage de convenance. Ce qui contraste cependant avec le résultat des dernières élections législatives et le « front républicain » qui a été formé pour empêcher l’arrivée au pouvoir de Jordan Bardella, de ses troupes et de leurs idées.

Le danger induit par ces contradictions ? Une méfiance toujours croissante des électeurs envers la classe politique, et un scepticisme renouvelé quant à l’utilité du vote. Pour rappel, 7 Français sur 10 jugeaient fin septembre le gouvernement Barnier incohérent avec les résultats des dernières élections législatives. Plus concrètement encore, ces différentes mains tendues à Marine Le Pen et Jordan Bardella continuent de bousculer la base déjà fragile censée soutenir l’action du locataire de Matignon.

En ce sens, la remise en cause de l’Aide Médicale de l’État est éloquente. ” A l’EPR, les députés sont choqués par la déclaration du Premier ministre sur la réduction substantielle de l’AME, note un conseiller de l’exécutif, même s’ils savent que c’est absurde car c’est seulement le rapport Evin-Stefanini qui permet d’économiser 100 000 euros maximum. » En réalité, l’important est ailleurs, comme le montrent certaines réactions : inquiet » parmi les députés macronistes, face à cette question chargée de symboles.

“C’est elle qui le fait danser”

En effet, Michel Barnier accède à un favori de la droite la plus dure et de l’extrême droite en annonçant la réduction du panier de soins et une future réforme de cette aide destinée aux sans-papiers, car il dit « éviter les abus. » Cela contredit une grande partie de la classe politique (y compris au sein du gouvernement) ou des autorités sanitaires, qui soulèvent également une question de santé publique. Que “appuie la thèse d’un tango entre Barnier et Le Pen”regrette un cadrage macroniste. Avant d’admettre : « c’est elle qui le fait danser. »

Dans ce contexte favorable, les dirigeants du Rassemblement national n’hésitent pas à remplir leur liste de courses, en multipliant les « lignes rouges « . Voilà l’autre écueil majeur de la stratégie de Michel Barnier. En se remettant entre les mains du parti d’extrême droite, il prend le risque de devoir répondre à sa surenchère, au risque de tout perdre lors des prochaines échéances budgétaires. Comme s’il était tombé dans une spirale néfaste qui, en plus de lui nuire politiquement, pourrait affaiblir la viabilité de sa feuille de route budgétaire.

Sur le budget de la Sécurité sociale, l’ultimatum de Marine Le Pen concerne l’annulation du remboursement des médicaments et la revalorisation totale des retraites en janvier. S’il devait faire marche arrière à nouveau, ces deux points coûteraient particulièrement cher à Michel Barnier, qui a fait du redressement des comptes publics sa priorité absolue. Mais alors ? Gourmand – pourquoi s’arrêter là ? – le RN réclame également un resserrement de la vis sur l’immigration et la sécurité, mais aussi la réduction de la contribution de la France à l’Union européenne (actuellement 23 milliards de dinars). ‘euros).

Un sujet qui irrite certes pour Michel Barnier, ce « patriote et européen », mais qui pourrait surtout donner des sueurs froides à ses partisans macronistes, dont l’engagement envers l’UE est l’un des éléments fondateurs. Dans ce contexte de bonne humeur, « il semble prêt à tout abandonner pour se maintenir, tant au niveau des valeurs que du budget »déplore un stratège issu du camp présidentiel. Plus à gauche, on dénonce un Premier ministre qui « a choisi le déshonneur pour éviter la censure. » Au risque de récolter enfin les deux ?

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