Mais l’intérieur sera nouveau d’une autre manière. Bien que le bâtiment soit détenu et géré par l’État français en tant que monument historique protégé, le mobilier intérieur, qui a été considérablement endommagé par l’incendie, n’était pour la plupart pas historique et appartient au diocèse catholique romain de Paris. Les responsables de l’église ont choisi d’entreprendre une redécoration complète. Le coût est faible dans le contexte de la restauration globale, mais il aura un effet important sur la façon dont les visiteurs percevront l’église.
Au début de l’été dernier, j’ai visité une fonderie de la vallée du Rhône pour voir quelques-uns des nouveaux meubles de l’église. J’y ai rencontré Guillaume Bardet, sculpteur et designer chargé par le diocèse de créer un nouvel autel et d’autres objets liturgiques. Dans la salle des fourneaux, nous avons observé deux ouvriers portant des visières et de lourds tabliers décanter du bronze en fusion chauffé à blanc dans une série de moules. Des sections brutes et inachevées des nouveaux fonts baptismaux de Bardet reposaient sur le sol à proximité. Son autel se trouvait dans la pièce voisine, attendant d’être poli.
En travaillant avec des modèles en argile, explique-t-il, il avait recherché des formes simples et immuables. L’autel en bronze est massif et semble ancré sur place, mais ses côtés incurvés évoquent une paire de bras levés. L’espoir est qu’il parlera non seulement aux fidèles mais aussi à un plus grand nombre de touristes qui ne connaissent pas le catholicisme ni même le christianisme. « Eux aussi doivent comprendre », a déclaré Bardet. «Ils doivent comprendre que nous parlons du sacré.»
Cette image étincelante de Marie-Madeleine avec Jésus après sa résurrection a également été soigneusement restaurée.
Une semaine plus tard, lorsque je pénétrai dans la nef de l’église, j’eus d’abord du mal à apprécier la beauté des lieux. C’était encore un chantier de construction très animé. Tout autour de nous, des ouvriers démontaient des échafaudages, enfilaient des câbles électriques, polissaient le sol en marbre. Notre petit groupe s’est enfoncé plus profondément dans la cathédrale, tendant le cou pour admirer les voûtes vertigineuses, et a traversé le transept jusqu’au chœur, à l’extrémité est de l’église. Dans les chapelles latérales, on pouvait voir les peintures murales somptueusement rafraîchies, qui datent de la restauration de Viollet-le-Duc au XIXe siècle. À l’extérieur d’une chapelle, une restauratrice solitaire était agenouillée sur la pierre, le dos tourné au tourbillon d’activité. Elle appliquait des touches de rose avec un pinceau fin sur une colonne peinte de trèfles. Dans cet espace confiné, quelque 250 entreprises différentes employant 2 000 salariés ont réussi à collaborer et à travailler en séquence tout au long du projet. “Cela fonctionne parce que les gens sont heureux et fiers de travailler à Notre-Dame”, a expliqué Jost.
Nous sommes sortis puis sommes entrés dans un ascenseur qui nous a fait traverser l’échafaudage jusqu’au sommet du transept nord, d’où nous avons débouché sur le grenier de l’église. Nous nous trouvions désormais au-dessus des voûtes du plafond, dans un endroit inaccessible au public, dans la partie de l’église la plus ravagée par l’incendie et où s’était concentrée une grande partie du travail effectué au cours des cinq dernières années. En levant les yeux, nous avons vu le ciel bleu à travers des fermes en bois qui n’avaient pas encore été recouvertes de toiture en plomb. Nous nous frayons un chemin à travers des allées bondées jusqu’au croisement, là où les deux bras du transept rejoignent la nef et le chœur. La base de la flèche effondrée avait plongé à travers les voûtes de pierre, puis écrasé l’autel principal à l’étage inférieur. Les tailleurs de pierre venaient tout juste de boucher le trou déchiqueté des voûtes. L’odeur du bois frais s’échappait des poutres en chêne et des escaliers en colimaçon de la nouvelle flèche.