Turin, 1938. Ginia mène une vie sage entre son travail de couturière, l’appartement qu’elle partage avec son frère, arrivé comme elle de la campagne pour gagner sa vie en ville, et leur petit groupe d’amis. Un jour, elle rencontre Amelia, une jeune femme vivant dans un monde complètement différent du sien. A son contact, sa vie commence à changer…
C’est un film où l’on peut dire que le chef opérateur a bien travaillé. La lumière est belle et tombe bien sur les actrices et acteurs, tout est épuré et joliment décoré, le décorateur a également bien fait son travail. L’équipe costumière n’est pas en reste, chaque figurant porte avec classe son petit chapeau des années 30 et les femmes sont très élégantes dans leurs robes vintage. À bien y penser, Turin semble si impeccable qu’on dirait presque un épisode italien de «Emilie à Paris», si la série se déroulait en 1938.
Si le but de «Le BElla EÉtat« C’est nous donner envie de voyager en Italie, le défi est relevé avec brio. Si en revanche c’est pour nous transporter dans cette histoire pseudo-moderne d’amour pleine de non-dits et de sourires gênés, c’est moins réussi. Malheureusement, derrière ces images parfaitement dépoussiérées, la profondeur souhaitée par l’histoire ne transparaît pas. L’appartement de Ginia et de son frère, pauvres gens de la campagne venus en ville pour trouver du travail, est bien trop joli pour nous faire croire à leurs difficultés. , tout comme les dialogues sont trop creux pour nous permettre de sympathiser avec eux.
Les longs plans fixes se succèdent, s’appuyant sur les silences et les regards timides de Ginia pour nous donner de l’émotion. Difficile quand l’actrice utilise constamment trois expressions : la gêne, la joie et la joie gênée. On est un peu déçu pour cette histoire qui cherche pourtant à dire quelque chose d’intéressant, sur le désir collant des hommes, le consentement et l’éveil d’une femme à sa propre sexualité. On regrette de devoir passer par autant de clichés, comme si l’époque choisie servait avant tout à créer un joli décor pour l’histoire plutôt qu’à être réellement exploitée.
Amande DionneEnvoyer un message à l’éditeur