Système de plainte élargi dans les hôpitaux, sensibilisation à la soumission chimique, aide d’urgence universelle renforcée : le gouvernement a annoncé lundi de nouvelles mesures contre les violences faites aux femmes, réaffirmant faire de cette lutte “sa priorité” en plein procès Mazan.
Deux jours après une journée de mobilisation dans la rue à l’appel d’associations dénonçant des « astuces de terrain » et une action « insuffisante » du gouvernement, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Salima Saa, a assuré que l’exécutif était pleinement « mobilisé » sur ce dossier, dont Emmanuel Macron a fait la « grande cause » de son quinquennat.
Le dispositif permettant aux femmes victimes de violences sexuelles de déposer plainte dans un hôpital doté d’un service d’urgences ou de gynécologie sera élargi, a-t-elle annoncé sur Franceinfo à l’occasion de la Journée internationale d’élimination des violences faites aux femmes.
Le recours à ce système, par lequel l’hôpital contacte la police ou le parquet pour déposer plainte, est déjà possible dans de nombreux hôpitaux français mais sera étendu à 377 structures d’ici fin 2025, a-t-elle précisé.
Cette mesure, sur laquelle le Premier ministre Michel Barnier reviendra lundi après-midi lors d’une visite à la Maison des femmes de l’Hôtel-Dieu de Paris, fait déjà l’objet de 236 accords avec des établissements, selon Salima Saa.
– Dans « après Mazan » –
“Pour tous les hôpitaux qui disposent d’un service d’urgence et d’un service de gynécologie, au sein de cet hôpital en effet, une femme qui s’y rend pourra déposer une plainte”, a expliqué la secrétaire. d’état. Il appartient à l’établissement de contacter le commissariat ou la gendarmerie pour que quelqu’un vienne « prendre la plainte ».
Autre mesure annoncée, le lancement cette semaine d’une campagne d’information pour venir en aide aux victimes potentielles de la soumission chimique, qu’elle a qualifiée de « nouveau fléau ».
Cette campagne, née à l’occasion du procès pour viol de Mazan, a été initiée par l’association M’endors pas, cofondée par la fille de Gisèle Pelicot, principale victime au cœur de cette affaire à résonance internationale, et la plateforme d’écoute. centre du Crafs (Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances), en partenariat avec l’Ordre des Pharmaciens.
Cette plateforme “peut vous répondre, vous conseiller, vous dire dans quel laboratoire, que faire de vos cheveux, analyses de sang, d’urine”, a précisé Salima Saa, selon qui il y aura “un avant et un après Mazan” comme là. “C’était un avant et un après #Metoo”.
– Budget en hausse –
Mise en œuvre fin 2023, l’aide d’urgence universelle, destinée à venir en aide aux victimes de violences conjugales et à les accompagner lorsqu’elles quittent leur domicile, verra son budget augmenter de 13 millions d’euros dans le projet de loi. finances (PLF) 2024 à 20 millions d’euros dans le PLF 2025, selon Salima Saa. Depuis son lancement, cette mesure a bénéficié à 33 000 personnes.
Cette aide, qui peut varier entre 240 euros jusqu’à 1 330 euros selon les situations, s’élève en moyenne à 800 euros.
Au total, “nous avons réussi à obtenir une augmentation de 10% du budget” consacré à l’égalité femmes-hommes, qui s’est élevé à 85,1 millions d’euros (+7,7 M EUR) dans le PLF 2025, a fait valoir la secrétaire d’Etat.
L’annonce de mesures gouvernementales ne devrait cependant pas suffire à répondre aux revendications des associations de défense des droits des femmes qui réclament un budget total de 2,6 milliards d’euros par an et une « loi-cadre globale » pour remplacer la législation existante. situation actuelle qu’ils considèrent comme « fragmentée et incomplète ».
Selon les derniers chiffres officiels, 93 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en 2023. Plus de 110 000 victimes de violences sexuelles – dont une écrasante majorité de femmes (85 %) – ont été recensées par la police la même année.
Selon le collectif féministe #Noustoutes, 122 femmes ont été tuées depuis le début de l’année.